Citations sur Une enquête du commissaire Brunetti : La Petite fille d.. (29)
Brunetti avait tendance à croire que le plus affreux dans la mort, tenait précisément à l'absence de conscience,au fait que le mort cessait de savoir, cessait de comprendre,cessait tout.
Compter était une sorte de contraction mentale, comme quand on rentre les épaules dans l'espoir qu'en réduisant la surface de son corps exposé au froid, on sentira moins celui ci.
Vianello parut soudain s'ébrouer, comme un chien qui se remet sur ses pattes. Puis, d'une voix dans laquelle il n'y avait plus que de l'amitié, il demanda : "D'après toi, qu'est-ce qui va se passer, maintenant ? " Le changement de ton était si radical que Brunetti eut l'étrange impression que l'esprit de Vianello venait juste de réintégrer son corps.
Vianello réfléchit quelques instants, puis reprit : "J'ai presque l'impression de vivre comme on vivait autrefois dans les pays de l'est de l'Europe, où les gens s'exprimaient d'une certaine manière en public et d'une autre en privé, quand ils parlaient sincèrement.
Et si je te disais que je n'aime pas le vin blanc ? Ou les épinards ? Ça te paraîtrait bizarre, aussi ? demanda alors Vianello d'un ton plus véhément. Et est-ce qu'il y aurait dans ta voix la même note de désapprobation déçue parce que je ne penserais pas correctement, parce que je n'éprouverais pas les sentiments qu'il convient d'éprouver ? "Brunetti s'abstint de répondre à cette question rhétorique." "Quand je dis que je n'aime pas un objet, ou même un film ou un livre, personne ne me conteste le droit de le dire. Mais dès que je dis que je n'aime pas les Gitans, ou les Finlandais, ou les habitants de la Nouvelle-Ecosse, voilà que se déchaînent les foudres du politiquement correct."
Comme la plupart des italiens, il s'était vu épargner les corvées du ménage grâce au labeur incessant de sa mère, toile de fond de toute sa jeunesse qu'il n'avait pourtant jamais vraiment remarquée. Ce ne fut qu'au cours de son service militaire qu'il s'aperçut que son lit ne se faisait pas tout seul chaque matin, et que s'il laissait une salle de bain sale, elle le restait.
Le livre retomba sur sa poitrine et il regarda, par la fenêtre la nuit qui tombait. Il ne pouvait pas se forcer à lire la mort du jeune Astyanax, pas ce soir. Il ferma les yeux et, dans cette obscurité encore plus grande, revint l'image de la petite morte, la sensation de ses cheveux soyeux autour de son poignet.
Ce ne fut que trois jours après sa visite au campement des Gitans, qui l’avait plongé dans une profonde léthargie, que Paola interrogea Guido. Ils étaient assis sur la terrasse, après un diner au cours duquel Brunetti avait à peine touché aux plats, il était sur le point de faire un sort à son deuxième verre de grappa. La bouteille était restée sur la table, comme s'il n'avait pas exclu de s'en servir un troisième