La nature était si belle et volatile.
Les gens qui lisent ont de drôles d'idées, mais ils ne font pas grand-chose.
Je ne veux rien avoir à transmettre.
Le vent balayait la montagne comme pour la dépouiller de ses souvenirs et je me suis surprise à désirer une promenade sur ces sentiers mal balisés qui menaient tous au même endroit.
Les oies entraînèrent avec elles l'été, puis le froid ralentit le quotidien, le gel laqua la terre et tout s'arrêta.
Nous ne voulions plus rien faire à part nous retrouver dans son lit, soudés en une boule illisisble, réfractaires à tout ce qui n'était pas notre amour.
le monde était donc bel et bien cet animal vorace et mouvant qu'elle s'était toujours représenté.
J'embrassais chaque jointure, chaque noeud de son corps frêle, chaque coup reçu dans le hasard des cours d'école et des terrains vagues.
Je crois qu'on ne savait pas très bien pourquoi on souhaitait mourir. À cet âge-là, on veut aimer, tuer, jouir et souffrir plus qu'à n'importe quel moment de la vie sans savoir pourquoi. On réagit à un désir en répondant à un autre; on tente d'apaiser sa soif en mettant le feu et de réparer une blessure en y mettant le doigt. Je crois qu'on voulait mourir d'amour, ce qui était à la fois très sot et étonnamment lucide pour des adolescents. Comment aurions-nous pu savoir qu'en laissant courir notre passion quelques années encore, elle se serait désagrégée pour faire place à cette déception monotone qui unit les vieux couples? Nous ignorions ce qui nous attendait et pourtant nous voulions y échapper.
Sinon, elle rêve de sa propre fin. Elle se voit, à plat ventre dans une tombe boueuse.