AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de horline


Parce que c'était lui parce que c'était elle. Quel autre couple que Zelda et Francis Scott Fitzgerald, enfants terribles des années vingt, mondain, ambitieux, qui s'est brûlé les ailes à trop s'approcher de la lumière artificielle des néons de la célébrité, aurait pu inspirer à Gilles Leroy une fiction biographique ? Il n'y en a pas beaucoup, tant ce couple rongé par les morsures de la jalousie et de la rivalité s'est consumé dans l'alcool et les excès en tout genre.
Ils se sont aimés, vraisemblablement. Mais ce roman met surtout en lumière la volonté de briller de celle qui est restée dans l'ombre : Zelda Fitzgerald, née Sayre, fille de juge dans un Alabama moribond, inculte et miséreux pour une jeune fille cultivée qui, durant une large partie de sa vie n'aura jamais abdiqué son tempérament indépendant, effronté, cynique, excentrique.
C'est peut être pour cela que l'auteur imagine une femme broyée par l'envie d'exister aux côtés du plus grand auteur des années vingt. Une soif insatiable qui forcément condamne à être déçu et à dériver. Comment s'affirmer quand on est un écrivain contrarié par un mari monstre sacré qui plus est égocentrique, autrement qu'en s'abandonnant à la provocation et aux frasques incessantes au point de lâcher prise avec la réalité ?…

Avec une plume spontanée et rebelle, Gilles Leroy ressuscite la voix intime de Zelda Fitzgerald. Il n'hésite pas à prêter à son héroïne un regard désinvolte, un regard qui refuse l'hypocrisie, les faux-semblants et l'apitoiement sur une vie guère enthousiasmante pour magnifier le destin de cette femme.
Trame décousue, paroles parfois désordonnées, comme si Zelda tentait de convoquer des souvenirs avant qu'ils ne s'évanouissent ou comme si on scrutait l'âme d'une patiente allongée sur le divan. le récit est une plongée en apnée dans une vie dissolue.
Certes le procédé de la biographie romancée est souvent controversé et parfois contestable, on a tendance au cours de la lecture à s'interroger continuellement sur la part de vérité et la part fictive. Mais le talent de Leroy est de rendre cette question anecdotique, dérisoire. L'auteur a choisi d'inscrire le roman dans la densité humaine, il explore les replis d'une âme désenchantée, il imprègne le récit du sentiment vertigineux de fuite en avant, de quête d'ivresse des sens jusqu'à basculer dans la folie et la paranoïa.
Zelda, la Belle du sud, aurait-elle connu une trajectoire différente dans les bras d'un autre homme ? Pour Zelda, il est indubitable que « notre folie nous unissait », et le mariage avec un homme ordinaire n'intéresse pas la littérature.
Commenter  J’apprécie          581



Ont apprécié cette critique (47)voir plus




{* *}