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EAN : 9782070359844
218 pages
Gallimard (26/02/2009)
3.44/5   1092 notes
Résumé :
Gilles Leroy

ALABAMA SONG

Alabama, 1918.
Quand Zelda, " Belle du Sud ", rencontre le lieutenant Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Lui s'est juré de devenir écrivain : le succès retentissant de son premier roman lui donne raison.
Le couple devient la coqueluche du Tout-New York.
Mais Scott et Zelda ne sont encore que des enfants : propulsés dans le feu de la vie mondaine, ils ne tardent pas à se ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (151) Voir plus Ajouter une critique
3,44

sur 1092 notes
“Du jour où je l'ai vu, je n'ai plus cessé d'attendre.
Et d'endurer, pour lui, avec lui, contre lui.”

Montgomery, Alabama, 1918. Elle a dix-huit ans, lui vingt-et-un. Elle s'appelle Zelda, lui Scott. Elle est la fille d'un juge à la Cour suprême, lui est un jeune lieutenant du Nord. Elle rêve de s'affranchir des carcans de son milieu, lui se rêve écrivain et célèbre. Ils se rencontrent au bal du Country Club et, déjà, leur destin est scellé : ils se plairont, se marieront, s'aimeront, se désaimeront, se haïront, se détruiront, jusqu'à la folie, jusqu'à la nuit, jusqu'à la mort…

Gilles Leroy se glisse dans la vie et dans l'âme de Zelda Sayre - Madame Scott Fitzgerald - pour raconter à la première personne l'histoire de ce couple hors du commun qui fut la coqueluche du New-York de l'entre-deux-guerres, et de cette femme pleine de fantaisie et de liberté qui bafoue allègrement les conventions de son milieu et de son époque - adultères, alcool et excès en tous genres - et se voudrait écrivain et danseuse.

Années splendides et flamboyantes, années insouciantes et folles, pour une génération perdue, pour une femme qui peu à peu s'égare, vampirisée par un époux jaloux, alcoolique, égocentrique et monstrueux qui, pour nourrir son oeuvre, utilise tout d'elle : son talent, sa douleur, sa chair, les moindres fibres de son être...

Avec “Alabama Song”, Gilles Leroy dessine le portrait d'une époque funambule dansant les yeux fermés, au bord de l'abîme, sur le fil fragile et incertain qui relie les deux guerres, et le portrait d'une femme dont la postérité fit une icône du féminisme mais qui fut surtout un être torturé, fracturé du dedans et ravi à lui-même par la passion, les excès, la solitude et la folie. Zelda qui rêvait de liberté, de lumière et de célébrité. Zelda ou le désenchantement d'une âme, penchée au bord du gouffre.

Une belle écriture, un beau portrait de femme et un beau livre, que j'ai beaucoup aimé.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
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Parce que c'était lui parce que c'était elle. Quel autre couple que Zelda et Francis Scott Fitzgerald, enfants terribles des années vingt, mondain, ambitieux, qui s'est brûlé les ailes à trop s'approcher de la lumière artificielle des néons de la célébrité, aurait pu inspirer à Gilles Leroy une fiction biographique ? Il n'y en a pas beaucoup, tant ce couple rongé par les morsures de la jalousie et de la rivalité s'est consumé dans l'alcool et les excès en tout genre.
Ils se sont aimés, vraisemblablement. Mais ce roman met surtout en lumière la volonté de briller de celle qui est restée dans l'ombre : Zelda Fitzgerald, née Sayre, fille de juge dans un Alabama moribond, inculte et miséreux pour une jeune fille cultivée qui, durant une large partie de sa vie n'aura jamais abdiqué son tempérament indépendant, effronté, cynique, excentrique.
C'est peut être pour cela que l'auteur imagine une femme broyée par l'envie d'exister aux côtés du plus grand auteur des années vingt. Une soif insatiable qui forcément condamne à être déçu et à dériver. Comment s'affirmer quand on est un écrivain contrarié par un mari monstre sacré qui plus est égocentrique, autrement qu'en s'abandonnant à la provocation et aux frasques incessantes au point de lâcher prise avec la réalité ?…

Avec une plume spontanée et rebelle, Gilles Leroy ressuscite la voix intime de Zelda Fitzgerald. Il n'hésite pas à prêter à son héroïne un regard désinvolte, un regard qui refuse l'hypocrisie, les faux-semblants et l'apitoiement sur une vie guère enthousiasmante pour magnifier le destin de cette femme.
Trame décousue, paroles parfois désordonnées, comme si Zelda tentait de convoquer des souvenirs avant qu'ils ne s'évanouissent ou comme si on scrutait l'âme d'une patiente allongée sur le divan. le récit est une plongée en apnée dans une vie dissolue.
Certes le procédé de la biographie romancée est souvent controversé et parfois contestable, on a tendance au cours de la lecture à s'interroger continuellement sur la part de vérité et la part fictive. Mais le talent de Leroy est de rendre cette question anecdotique, dérisoire. L'auteur a choisi d'inscrire le roman dans la densité humaine, il explore les replis d'une âme désenchantée, il imprègne le récit du sentiment vertigineux de fuite en avant, de quête d'ivresse des sens jusqu'à basculer dans la folie et la paranoïa.
Zelda, la Belle du sud, aurait-elle connu une trajectoire différente dans les bras d'un autre homme ? Pour Zelda, il est indubitable que « notre folie nous unissait », et le mariage avec un homme ordinaire n'intéresse pas la littérature.
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Je n'aime pas particulièrement Gatsby le magnifique ni son auteur F. Scott Fitzgerald que je vois comme un bellâtre décadent. Et ce n'est pas Alabama Song qui va me faire changer d'avis !

Cette biographie romancée de sa femme Zelda est écrite à la première personne, même si l'auteur précise à la fin la part d'invention et de réalité. Zelda nous y raconte toute sa vie, de sa jeunesse flamboyante en Alabama à ses souffrances de n'être plus que « la femme du » grand écrivain, qui va jusqu'à s'approprier certains de ses textes.

Zelda est sans arrêt au bord du gouffre, on le sent, d'ailleurs elle ne cache pas qu'elle fait des « crises » ni ne conteste ses longs internements en hôpital psychiatrique. Mais elle est très attachante dans son désir forcené de vivre, dans ses révoltes face au rôle étriqué auquel on veut la réduire et dans sa volonté constante d'écrire, d'aimer et de créer.

C'est un très beau portrait de femme et d'artiste torturée mais jamais résignée, en même temps qu'un témoignage sur la vie de bohème qu'elle a vécue au début du XXe siècle. J'avais tenté de lire ce roman en 2007 lorsqu'il avait obtenu le Prix Goncourt, et ne l'avais pas apprécié. Il faut croire que l.Alabama Song est comme le bon vin et a besoin de mûrir car il m'a beaucoup touchée aujourd'hui !

Lu dans le cadre de Pioche dans ma PAL de mars 2018, merci Basileusa pour le choix judicieux !
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Alabama song est l'histoire d'un couple mythique, formé de Scott et Zelda Fitzgerald, qui a connu son heure de gloire dans les années 1920 aux Etats-Unis, puis en France.
Lorsqu'ils se rencontrent un soir de bal en juin 1918, Francis Scott Fitzgerald et Zelda Sayre sont pris dans un « tourbillon » auquel ils ne pourront échapper. Scott vient d'un milieu modeste du Minnesota, Zelda de l'aristocratie sudiste. Pour Zelda, Scott est une bouffée d'air frais qui va la sortir de son milieu bourgeois et étriqué. Scott va rapidement devenir célèbre, auteur de plusieurs livres majeurs, dont Gatsby le magnifique (1925). Zelda peint, danse et écrit des nouvelles, sans toutefois réussir à se faire connaître. Leur belle histoire va rapidement mal tourner et mal se terminer après de multiples disputes et séparations. Scott Fitzgerald, alcoolique et débauché va mourir dans la misère et l'anonymat. Zelda va finir sa vie dans un hôpital psychiatrique où elle meurt dans un incendie.

Avec talent, Gilles Leroy fait parler Zelda Fitzgerald à la première personne pour nous conter l'histoire de ce couple mythique. Mélangeant faits réels et fiction, il dresse le portrait d'une femme humiliée qui souhaite simplement exister mais qui descend lentement en enfer. Il imagine un Scott Fitzgerald plagiaire qui signe de son nom les nouvelles écrites par sa femme, sous prétexte que son public le réclame.

Ce roman, bien documenté n'est toutefois pas une biographie, car trop éloigné de ce qu'on sait de la véritable histoire. On entend uniquement la voix de Zelda, et son mari apparait presque comme un monstre que pourtant elle ne cesse d'aimer. Gilles Leroy souligne un problème profond : pourquoi accepte-t-on l'emprise d'une personne jalouse et névrosée ?
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C'est rare qu'un prix Goncourt me plaise ( par contre le Goncourt des Lycéens est souvent intéressant....) .Celui-ci en fait partie.

J'ai été touchée par le personnage de Zelda , la femme de Scott Fitzgerald, qui pourtant, au départ, m'agaçait un peu. Son anticonformisme, ses douleurs de femme amoureuse, son désespoir intérieur sont surtout bien rendus dans la deuxième partie du livre. Une vie conditionnée par sa passion pour un homme présenté comme alcoolique, égoïste, capricieux, dans une ambiance factice de luxe, d'hôtels, de voyages...et de problèmes financiers perpétuels.

Gilles Leroy s'immisce avec délicatesse dans la peau de Zelda, mêlant réalité et fiction, il nous donne à voir une femme fragile, un oiseau blessé en plein vol, tombant brutalement sur le sol.

Un couple mythique , certes, mais éphémère...et un destin de femme brûlé par ses fêlures...
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 décembre 2007
Lecture jeune, n°124 - Zelda, l’épouse légendaire de l’écrivain Scott Fitzgerald nous livre sa sombre destinée. Gilles Leroy donne voix à cette femme belle, fragile et arrogante avec une troublante justesse. « Je suis Zelda Sayre. La fille du juge », cet énoncé ponctue le roman tel un leitmotiv et perd de sa consistante au fil des pages alors que Zelda devient l’ombre d’elle-même. Cette femme fait entendre une parole intime, empreinte de lyrisme et de poésie, comme un trop plein d’émotions, à peine contenu. Zelda raconte son coup de foudre pour l’écrivain, leur histoire d’amour se délitant peu à peu, partagée entre monotonie et infidélités. Zelda, dévorée par cet homme, s’oublie elle-même, délaisse sa possible carrière d’auteur et sombre dans la folie. L’auteur propose une oeuvre à l’écriture rare et intense : aux chapitres courts et aux phrases hachurées, succèdent les temps calmes et les descriptions lumineuses des souvenirs d’enfance. Le lecteur est interpellé par ce parcours. Zelda, jeune femme fière dans les premières pages, se fane au fil des ans, résignée. À cela s’ajoute une mise en scène typographique qui semble être le reflet de la personnalité chaotique de cette femme : italiques, lignes en pointillés, astérisques, dates en marge et autre ornements complètent l’œuvre et lui confèrent son épaisseur. Alabama Song a obtenu le prix Goncourt 2007.ndlr Anne Clerc
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (155) Voir plus Ajouter une citation
Les hommes on les entend pisser dans l'urinoir, on entend la chasse, mais on n'entend pas l'eau du robinet, ni le glissement du savon sur son axe oblique, ni le rouleau de la serviette à mains. Après, ils vont vous caresser la joue, ils vont vous beurrer un toast et vous baiserez leurs doigts pour les remercier. Quand il est saoul, Francis lui aussi oublie de se laver les mains. J'ai envie de le tuer alors.
Ça sent la crevette dès qu'il est entré dans le lit et qu'il brasse l'air des draps. Comment ne le sentent-ils pas eux-mêmes? Ils rougiraient et bondiraient hors de la couche si seulement ils pouvaient savoir, si seulement ils sentaient leur odeur de crevette. Ou de fromage italien. Ou de cadavre.
Mais non, ils s'évitent eux-mêmes. C'est leur plus gros boulot, l'emploi principal de leur temps: éviter ce corps dont ils se vantent et n'ont que dégoût eux-mêmes.
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« La belle flasque allait beaucoup servir, cadeau étrange et criminel, quand j’y repense. Scott l’égarait souvent et se maudissait de l’avoir sortie de sa poche de veston puis il partait à sa recherche comme un fou. Il pouvait retourner une chambre d’hôtel ou une maison en une demi-heure. On voyait l’angoisse grandir minute après minute, mais l’angoisse de quoi au juste ? La peur d’avoir perdu un objet précieux à son cœur, ou la peur de manquer de ce que l’objet renfermait – bathtub gin, corn whiskey, ou quelque autre bourbon de contrebande ? “Ne m’oublie pas” : n’est-ce pas la vérité, au fond ? On boit pour se souvenir autant que pour oublier. Avers et revers d’une même médaille, pas glorieuse, qui s’appelle le malheur. »
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Ai-je été assez punie ? On dirait que non.
….Cauchemar me revient, suffocant, des arènes de Barcelone. Ces hommes en noir comme une assemblée de croque morts, leurs grosses femmes en noir, voix de bêtes égorgées sous le chapeau de paille, leurs enfants dégoûtants, excités à la vue du sang.
Et le sang ne manqua pas. Il paraît qu’elle sont très belle, les arènes de Barcelone, j’y étais, je devais m’en souvenir, mais je ne me rappelle pas les mosaïques. Je revois la foule endimanchée, parfumée, quelques reliefs de tortilla éparpillés sur les chemises blanches et les corsages noirs. Je revois la parade ; la fanfare, je l’entends ; et la clameur ; je revois le cheval splendide, allant son trot léger, presque magique sous le lourd caparaçon vermeil, et je me souviens d’avoir peiné avec lui, d’avoir pitié pour lui, un soleil de mort éblouissait la place en ricochant sur l’appareil grotesque (l’armure grinçante du cheval, oui, et les boléros verts et or des cavaliers) et c’est tout juste si je revois la tête noire aux naseaux écumants incliner ses cornes sous le ventre du cheval puis, l’ayant embroché, soulever telle une chiffe cette poupée de mille kilos de muscles et de dorures. Le cheval, sans un son, bascula : de son ventre ouvert coulaient les entrailles. Le temps de comprendre, le sable était une mare de sang. Cheval éventré, les quatre fers en l’air. Le métal doré de son déguisement aveugle encore les spectateurs, qui n’a servi à rien, ne l’a protégé de rien.

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Scott et moi nous avions besoin l'un de l'autre, et chacun a utilisé l'autre pour parvenir à ses fins. Sans lui, je me serais retrouvée mariée au garçon gris, le substitut du procureur d'Alabama, autant dire que j'aurais été me jeter dans le fleuve avec du plomb plein les poches. Sans moi, il n'aurait jamais connu le succès. Peut-être même pas publié. Ne croyez pas que je le déteste. Je fais semblant de le haïr. Je l'admire. J'ai lu ses manuscrits, je les ai corrigés. Gatsby le Magnifique, c'est moi qui ai trouvé le titre, tandis que Scott s'enlisait dans les hypothèses saugrenues. J'estime mon mari, professeur. Mais cette entreprise à deux, ce n'est pas de l'amour.
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J’aime le péril… les précipices…, les dés qu’on jette étourdiment en pariant sa vie entière, et je n’attends même pas qu’ils aient fini de rouler pour décider de ma ruine. Me perdre, j’aime aussi, à l’occasion. C’est moi. Rien ne m’en guérira.
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Videos de Gilles Leroy (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gilles Leroy
Gilles Leroy - On n'est pas couché 16 février 2019 #ONPC
On n'est pas couché  16 février 2019 Laurent Ruquier avec Christine Angot & Charles Consigny  France 2 #ONPC

Toutes les informations sur les invités et leur actualité https://www.france.tv/france-2/on-n-est-pas-couche/

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