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sur 1107 notes
“Du jour où je l'ai vu, je n'ai plus cessé d'attendre.
Et d'endurer, pour lui, avec lui, contre lui.”

Montgomery, Alabama, 1918. Elle a dix-huit ans, lui vingt-et-un. Elle s'appelle Zelda, lui Scott. Elle est la fille d'un juge à la Cour suprême, lui est un jeune lieutenant du Nord. Elle rêve de s'affranchir des carcans de son milieu, lui se rêve écrivain et célèbre. Ils se rencontrent au bal du Country Club et, déjà, leur destin est scellé : ils se plairont, se marieront, s'aimeront, se désaimeront, se haïront, se détruiront, jusqu'à la folie, jusqu'à la nuit, jusqu'à la mort…

Gilles Leroy se glisse dans la vie et dans l'âme de Zelda Sayre - Madame Scott Fitzgerald - pour raconter à la première personne l'histoire de ce couple hors du commun qui fut la coqueluche du New-York de l'entre-deux-guerres, et de cette femme pleine de fantaisie et de liberté qui bafoue allègrement les conventions de son milieu et de son époque - adultères, alcool et excès en tous genres - et se voudrait écrivain et danseuse.

Années splendides et flamboyantes, années insouciantes et folles, pour une génération perdue, pour une femme qui peu à peu s'égare, vampirisée par un époux jaloux, alcoolique, égocentrique et monstrueux qui, pour nourrir son oeuvre, utilise tout d'elle : son talent, sa douleur, sa chair, les moindres fibres de son être...

Avec “Alabama Song”, Gilles Leroy dessine le portrait d'une époque funambule dansant les yeux fermés, au bord de l'abîme, sur le fil fragile et incertain qui relie les deux guerres, et le portrait d'une femme dont la postérité fit une icône du féminisme mais qui fut surtout un être torturé, fracturé du dedans et ravi à lui-même par la passion, les excès, la solitude et la folie. Zelda qui rêvait de liberté, de lumière et de célébrité. Zelda ou le désenchantement d'une âme, penchée au bord du gouffre.

Une belle écriture, un beau portrait de femme et un beau livre, que j'ai beaucoup aimé.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
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Je n'aime pas particulièrement Gatsby le magnifique ni son auteur F. Scott Fitzgerald que je vois comme un bellâtre décadent. Et ce n'est pas Alabama Song qui va me faire changer d'avis !

Cette biographie romancée de sa femme Zelda est écrite à la première personne, même si l'auteur précise à la fin la part d'invention et de réalité. Zelda nous y raconte toute sa vie, de sa jeunesse flamboyante en Alabama à ses souffrances de n'être plus que « la femme du » grand écrivain, qui va jusqu'à s'approprier certains de ses textes.

Zelda est sans arrêt au bord du gouffre, on le sent, d'ailleurs elle ne cache pas qu'elle fait des « crises » ni ne conteste ses longs internements en hôpital psychiatrique. Mais elle est très attachante dans son désir forcené de vivre, dans ses révoltes face au rôle étriqué auquel on veut la réduire et dans sa volonté constante d'écrire, d'aimer et de créer.

C'est un très beau portrait de femme et d'artiste torturée mais jamais résignée, en même temps qu'un témoignage sur la vie de bohème qu'elle a vécue au début du XXe siècle. J'avais tenté de lire ce roman en 2007 lorsqu'il avait obtenu le Prix Goncourt, et ne l'avais pas apprécié. Il faut croire que l.Alabama Song est comme le bon vin et a besoin de mûrir car il m'a beaucoup touchée aujourd'hui !

Lu dans le cadre de Pioche dans ma PAL de mars 2018, merci Basileusa pour le choix judicieux !
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Parce que c'était lui parce que c'était elle. Quel autre couple que Zelda et Francis Scott Fitzgerald, enfants terribles des années vingt, mondain, ambitieux, qui s'est brûlé les ailes à trop s'approcher de la lumière artificielle des néons de la célébrité, aurait pu inspirer à Gilles Leroy une fiction biographique ? Il n'y en a pas beaucoup, tant ce couple rongé par les morsures de la jalousie et de la rivalité s'est consumé dans l'alcool et les excès en tout genre.
Ils se sont aimés, vraisemblablement. Mais ce roman met surtout en lumière la volonté de briller de celle qui est restée dans l'ombre : Zelda Fitzgerald, née Sayre, fille de juge dans un Alabama moribond, inculte et miséreux pour une jeune fille cultivée qui, durant une large partie de sa vie n'aura jamais abdiqué son tempérament indépendant, effronté, cynique, excentrique.
C'est peut être pour cela que l'auteur imagine une femme broyée par l'envie d'exister aux côtés du plus grand auteur des années vingt. Une soif insatiable qui forcément condamne à être déçu et à dériver. Comment s'affirmer quand on est un écrivain contrarié par un mari monstre sacré qui plus est égocentrique, autrement qu'en s'abandonnant à la provocation et aux frasques incessantes au point de lâcher prise avec la réalité ?…

Avec une plume spontanée et rebelle, Gilles Leroy ressuscite la voix intime de Zelda Fitzgerald. Il n'hésite pas à prêter à son héroïne un regard désinvolte, un regard qui refuse l'hypocrisie, les faux-semblants et l'apitoiement sur une vie guère enthousiasmante pour magnifier le destin de cette femme.
Trame décousue, paroles parfois désordonnées, comme si Zelda tentait de convoquer des souvenirs avant qu'ils ne s'évanouissent ou comme si on scrutait l'âme d'une patiente allongée sur le divan. le récit est une plongée en apnée dans une vie dissolue.
Certes le procédé de la biographie romancée est souvent controversé et parfois contestable, on a tendance au cours de la lecture à s'interroger continuellement sur la part de vérité et la part fictive. Mais le talent de Leroy est de rendre cette question anecdotique, dérisoire. L'auteur a choisi d'inscrire le roman dans la densité humaine, il explore les replis d'une âme désenchantée, il imprègne le récit du sentiment vertigineux de fuite en avant, de quête d'ivresse des sens jusqu'à basculer dans la folie et la paranoïa.
Zelda, la Belle du sud, aurait-elle connu une trajectoire différente dans les bras d'un autre homme ? Pour Zelda, il est indubitable que « notre folie nous unissait », et le mariage avec un homme ordinaire n'intéresse pas la littérature.
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C'est rare qu'un prix Goncourt me plaise ( par contre le Goncourt des Lycéens est souvent intéressant....) .Celui-ci en fait partie.

J'ai été touchée par le personnage de Zelda , la femme de Scott Fitzgerald, qui pourtant, au départ, m'agaçait un peu. Son anticonformisme, ses douleurs de femme amoureuse, son désespoir intérieur sont surtout bien rendus dans la deuxième partie du livre. Une vie conditionnée par sa passion pour un homme présenté comme alcoolique, égoïste, capricieux, dans une ambiance factice de luxe, d'hôtels, de voyages...et de problèmes financiers perpétuels.

Gilles Leroy s'immisce avec délicatesse dans la peau de Zelda, mêlant réalité et fiction, il nous donne à voir une femme fragile, un oiseau blessé en plein vol, tombant brutalement sur le sol.

Un couple mythique , certes, mais éphémère...et un destin de femme brûlé par ses fêlures...
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Alabama song est l'histoire d'un couple mythique, formé de Scott et Zelda Fitzgerald, qui a connu son heure de gloire dans les années 1920 aux Etats-Unis, puis en France.
Lorsqu'ils se rencontrent un soir de bal en juin 1918, Francis Scott Fitzgerald et Zelda Sayre sont pris dans un « tourbillon » auquel ils ne pourront échapper. Scott vient d'un milieu modeste du Minnesota, Zelda de l'aristocratie sudiste. Pour Zelda, Scott est une bouffée d'air frais qui va la sortir de son milieu bourgeois et étriqué. Scott va rapidement devenir célèbre, auteur de plusieurs livres majeurs, dont Gatsby le magnifique (1925). Zelda peint, danse et écrit des nouvelles, sans toutefois réussir à se faire connaître. Leur belle histoire va rapidement mal tourner et mal se terminer après de multiples disputes et séparations. Scott Fitzgerald, alcoolique et débauché va mourir dans la misère et l'anonymat. Zelda va finir sa vie dans un hôpital psychiatrique où elle meurt dans un incendie.

Avec talent, Gilles Leroy fait parler Zelda Fitzgerald à la première personne pour nous conter l'histoire de ce couple mythique. Mélangeant faits réels et fiction, il dresse le portrait d'une femme humiliée qui souhaite simplement exister mais qui descend lentement en enfer. Il imagine un Scott Fitzgerald plagiaire qui signe de son nom les nouvelles écrites par sa femme, sous prétexte que son public le réclame.

Ce roman, bien documenté n'est toutefois pas une biographie, car trop éloigné de ce qu'on sait de la véritable histoire. On entend uniquement la voix de Zelda, et son mari apparait presque comme un monstre que pourtant elle ne cesse d'aimer. Gilles Leroy souligne un problème profond : pourquoi accepte-t-on l'emprise d'une personne jalouse et névrosée ?
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Leroy y insiste encore dans sa postface: c'est un roman et non une biographie qu'il a écrit, mais un roman dont les personnages principaux s'appellent Scott et Zelda Fitzgerald.
Rien de plus normal puisque ces deux-là ont utilisé leurs vies respectives comme matière de leurs oeuvres transformant l'autre en combustible pour alimenter leur inspiration.
Roman d'amour, roman de la génération sacrifiée, de l'Amérique puritaine, de la folie et de la création, le livre entrelace tous ces thèmes en quelques 200 pages rapides, comme si cette brièveté même constituait l'ultime hommage à des vies englouties entre deux guerres.
"Nul n'aurait pesé. Comprenez: nul chagrin; nul corps étranger; nulle blessure à notre équipage. Personne ne prendra en défaut nos chiens ni nos chevaux. Tous, nous dansions. Tous, on cueillait l'aube d'écume. Qui veut me voler ça?"
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Un récit qui s'apparente à un journal intime fictif de Zelda Sayre Fitzgerald qui décrit sa vie de jeune fille bourgeoise sudiste et sa relation passionnelle avec Francis Scott Fitzgerald, dandy alcoolique avec des prétentions au-dessus de son rang. le roman alterne entre la période "saine" de Zelda et celle de ses séjours en hôpital psychiatrique.

Dans ce livre, l'auteur semble se moquer du lecteur : au début il montre clairement que son personnage est une menteuse et une manipulatrice. On se rend compte assez vite qu'elle est -aussi- névrosée, et cela nous fait sourire lorsqu'elle déclare à son médecin que son mari est névrosé!
Zelda nous est présentée comme une femme capricieuse, obsédée par son illustre lignage (elle répète souvent qu'elle est "fille de..."), un brin narcissique, éprise de liberté et n'acceptant d'être soumise qu'à ses propres règles. On comprend alors aisément comment un tel ego et celui du célèbre écrivain ont pu s'affronter, se détester et se détruire avec leur(s) passion(s).

A travers ce portrait de femme, Gilles Leroy dépeint l'effusion des années 1920 dont le couple reste l'icône et (implicitement) la désillusion des années 1930 avec le spectre de la déchéance que Zelda vient à incarner malgré elle (après les lumières de la gloire, de la beauté et de la jeunesse des années 1920). Gilles Leroy pointe (brièvement) du doigts les traitements barbares infligés aux malades en psychiatrie - à cette époque - (à coups d'électrochocs et de bains glacés).

Le style de Gilles Leroy n'a rien d'extraordinaire. Cela permet de lire très vite ce roman. J'ai trouvé la démarche d'utiliser de vraies personnes pour un roman de fiction un peu déroutant.
Une fois ce livre refermé j'ai eu envie de me replonger dans l'univers de Francis Scott Fitzgerald. En revanche je n'ai pas été suffisamment convaincue par celui de Gilles Leroy pour le conseiller...
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Si j'ai été un peu perplexe au début, surtout devant la construction du récit, j'ai terminé ce livre plutôt séduite.
La vie de Zelda Fitzgerald, l'épouse de l'écrivain américain est fascinante et tragique.
Femme peu commune, couple peu commun.
On est étourdi par le tourbillon d'une vie extravagante.
On est peiné par la non-reconnaissance et les abus dont elle a été victime.
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1918, Alabama. Zelda Sayre est une toute jeune fille lorsqu'elle rencontre le lieutenant Francis Scott Fitzgerald au bal des soldats. Avant de prendre la route pour une traversée de l'océan vers l'Europe en guerre, nordistes et sudistes se réunissent pour faire la fête et prendre du bon temps. Les filles du Sud ne manquent pas cette occasion. La vie de Zelda prend un tournant lors de cette soirée de juin 1918.

Zelda et Scott ne se quitteront plus. Lui, deviendra un écrivain à succès. Elle sera son épouse. le couple connaîtra la réussite et le succès dans les années 1920.

Lauréat du Prix Goncourt 2008, “Alabama Song” raconte l'histoire passionnante d'un couple mythique américain.

Zelda, fille d'un avocat de la cour suprême, petite fille de sénateur et gouverneur, a grandi dans une famille aisée d'Alabama. Elle est descendante de pionniers avant la guerre de Sécession. C'est une jeune fille gâtée, active, qui adore s'amuser et surtout danser.

Scott a grandi dans le Minnesota au sein d'une famille bourgeoise. Il a eu une bonne éducation, est cultivé, parle couramment le français et est diplômé de la prestigieuse université de Princeton. En raison de ses connaissances en français, il est déjà officier de l'armée. Et, il danse merveilleusement bien.

Leur rencontre durant l'été 1918 scelle leur destin à tout jamais.

Dans son livre, Gilles Leroy donne la parole à Zelda alors que celle-ci est hospitalisée en clinique psychiatrique. Nous sommes alors en 1940 et elle raconte sa vie, celle qu'elle a mené avec Scott dans le New York mondain dans la décadence, l'ivresse, la dépense jusqu'à dépasser les limites et sombrer.

L'histoire de Zelda est celle d'une femme amoureuse et de ses moments de bonheur à la profonde tristesse qui l'envahit depuis plusieurs années. Mais ce roman est aussi l'histoire romancée d'un couple, d'une génération, et de toute une époque.

Lien : https://labibliothequedemarj..
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Il ne s'agit pas du poème de Berthold Brecht mis en musique à plusieurs reprises (the Doors, David Bowie) mais d'un roman écrit par un auteur français, Gilles Leroy, qui reçut le prix Goncourt en 2007.

J'avais découvert avec un réel intérêt, il y a une quinzaine d'années, la vie de Zelda Fitzgerald à travers cette fiction, qui n'est pas une autobiographie au sens conventionnel (mais appuyée sur un véritable travail de recherche).
J'ai voulu me replonger dans l'atmosphère des années 20, …du siècle dernier, ayant gardé le souvenir d'une restitution précise de celle-ci, avec le jazz, et la vie culturelle de cette époque, son… insouciance avant la tempête !

C'est ce que j'ai retrouvé, avec un plaisir intact !
Mais cette fois, j'ai pris plus d'attention au personnage, à son couple avec son mari F. Scott Fitzgerald.
De sa jeunesse flamboyante à ses défis, de femme-artiste, torturée au bord du gouffre, sa passion et ses problèmes financiers !
Gilles Leroy use bien sûr d'une certaine liberté dans son interprétation mais il sait nous faire toucher du doigt, avec délicatesse, une forme de réalité dans le portrait émotionnel du personnage qu'il fait parler à la première personne.
Un couple où chacun utilise l'autre ? Cela restera une interrogation sans réponse : on ne le saura jamais vraiment.
Des éléments de réflexion sur la condition des femmes à cette époque.


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