Sarah

Presque tout ce qu'on peut désirer dans ce monde est plus facile quand on est une jolie fille.

Le ciel est plus bleu qu'une paire de couilles en fin de mois, dit Pooh.

Elle se payait la tronche des gardiens qui reluquaient nos guibolles et, moi, je riait de bonheur d'être inclus dans sons "nous".

"Le plus souvent, les homos hard me renvoient en disant que je suis un gringalet et qu'ils veulent un homme. Les michetons qui me plaisent, c'est les gay lavande, des hommes qui me parlent comme Lymon quand il me prenait pour une fille. Ils ont les mains qui tremblent pareil, ils me tripotent en douceur et me parlent d'amour."

"Les michetons qui viennent voir les gagneuses mâle de Stacey son généralement des routiers trop fauchés pour se payer les gagneuses femelles du parking central et trop obsédés ou trop bourrés pour faire les difficiles."

"Tous ces garçons pioncent sur les lits de camp, dans le fond. Je suis le plus jeune, mais je suis ni le souffre douleur ni le protégé de personne. On me tolère, plus par indifférence que par bonté d'âme."

"Des fois quand ma paume repose sur le coeur d'un des michetons de Pooh, je sens que ma double vue commence a se déployer. Ca me vient comme une sensation floue, comme d'essayer de me rappeler une odeur particulière de l'enfance."

"Le loup m'a jamais baptisé. Il m'est jamais tombé dessus pour me prendre comme une bête sauvage dans la nuit, comme le racontent toutes ses gagneuses en montrant les griffures qu'il leur a laissées en souvenir. Il a jamais enfoncé ses crocs dans mon cou, sa manière d'imprimer sa marque, en déposant sa salive dans mon sang pour que le désir de satisfaire ses appétits me pompe le coeur éternellement comme un besoin de plus en plus pressant."

"J'opine solennellement et j'imagine la vraie Sarah, là-bas au Doves. Ca me fait bicher mais, en même temps, j'ai comme un remords à l'idée que je tire toute la couverture à moi alors qu'elle a droit à sa part de gloire aussi et qu'elle mérite encore plus que moi d'être une icône religieuse, vu qu'elle a perdu ses entrailles un millier de fois et qu'elle m'a donné naissance sans le savoir."

"J'aimais bien ceux qui restaient avec moi après et me serraient dans leurs bras tellement fort qu'ils auraient pu me craquer en deux. Ils me caressaient le ventre et chuchotaient dans mon oreille "bébé chéri, bébé chéri, je suis dans toi, bébé". Je me rappelle aussi le sang après, quand ils ressortaient de moi. C'était comme s'ils me retiraient tout, le bébé chéri en même temps que mes entrailles. Puis ils l'emportaient avec eux."