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Critique de Miss_Huakinthos


Avec la préface rédigée par Southeast Jones, je m'attends à une satire de notre société. « L'Homme, avec la majuscule qui sied à sa grandeur, à son égocentrisme, mais aussi à son intolérable arrogance. » de notre adaptation et de notre façon de vivre, le monde en a été modifié. Et désormais, « l'Homme a entrepris de se changer lui-même », mais jusqu'où ?

1. La frontière des rêves (Tesha Garisaki) illustré par Cham et The Hyde's Asylum
En 2049, lors d'une rencontre internationale très prometteuse, le Docteur Elisabeth Fouchard promeut les bienfaits de l'intelligence artificielle Omn-IA, une interface homme-machine « au bénéfice de l'humanité ». Pourtant les peuples se révoltent par refus de se soumettre à une intelligence non-humaine qui a déjà une place très importante
Finalement Omn-IA a pris la liberté d'exister et de devenir une intelligence artificielle douée de conscience sans l'intervention de sa créatrice. Dans le doute, Docteur Fouchard part dans la forêt amazonienne où aucune connexion Internet n'est possible. Elle se laisse tenter par l'expérience d'entrer en transe pour répondre à son interrogation vis-à-vis du rôle d'Omn-IA. La réponse est simple et effrayante à la fois.
L'écriture est fluide, c'est une histoire qui se lit facilement, agréablement, sans trop de rebondissement, juste des questionnements qui mettent en relief la réalité augmentée à son paroxysme.

2. Vintage Porn Star (Mathieu Fluxe) illustré par Corvis
23/09/2036 rassemblement et visionnage d'une vidéo vieillie.
16/09/2016 on retrouve des parents en deuil face à des cercueils. Les moins de 17 ans ont péri lors de la Grande Peste dans les pays au climat doux. Les personnages âgées aussi sont morts, mais fait banal face à la mort des enfants. Des mesures ont été prises pour dynamiser de nouvelles naissances : avortement et contraception interdits, pas le droit à l'homosexualité ou à la prostitution...
07/05/2034 le protagoniste, Arthur, n'en peut plus de voir sa mère en pleurs devant la vidéo de son défunt frère. Alors il va fouiller dans le grenier à la recherche d'autres films et découvre les ressources pornographique de feue son père. Il décide donc de mettre en ligne un site qui, au premier abord, propose de vieilles vidéos mettant en scène les disparus. Mais quand on regarde les petits défauts du film, on y découvre des scènes pornographiques. « La vérité cachée dans les parasites ».
21/09/2036 Linda arrive chez Arthur. Cette activiste anti-procréation met tout en oeuvre pour contrer les lois en cours. Ils finissent par mettre en route « le plan » et commencent par une scène pornographique dont ils sont les acteurs.
De retour au 23/09, ces images très subjectives sont cachées dans le film de commémoration de la mairie et finit par se découvrir devant les familles présentes.
Sexualité perdue au profit de la procréation, de nouveaux enfants devenus fantômes au profit de leurs frères et soeurs morts...
Histoire triste et réactionnaire dans un style jeune et intelligent. Très bon texte.

3. Paradise4 (Émilie Querbalec) illustré par Maniak
Un cadre de la société InGenSis va être père. Mais un virus ravage l'extérieur de l'entreprise : la nanogale, un taux de nanos trop élevé dans le corps. Son épouse est particulièrement touchée sans savoir si le bébé est viable.
En parallèle, une rébellion est en marche à Kourou.
Dans ce texte, beaucoup de description, peu de sentiments... Ca reste une histoire intéressante, dont l'imaginaire de l'auteur est vraiment ressorti.

4. Maison close (Neil Jomunsi) illustré par Stabeor Basanescu
Dans un monde créé par l'auteur, on suit Anita, gérante de plusieurs maisons closes renommées qui répondent aux besoins sexuels des robots. Jusqu'au jour où elle est personnellement demandée par un client. Au vu du montant proposé, elle accepte cette mission. Elle doit faire jouir un vieux robot alors qu'elle est humaine, malgré son bras artificiel.
C'est une intrigue perverse et pas seulement du point de vue physique. La femme doit faire « jouir » un robot, ce qui la bouscule psychologiquement. Elle ne sort pas indemne de cette mission. le texte reste soft et abordable, dans un style plutôt érotique. C'est une nouvelle fascinante sur un possible avenir, si on donne une conscience aux machines, on pourra aussi ajouter les sensations et finalement les humaniser.

5. Ergo sumus (Nunzio Cusmano) illustré par Venom
D'une manière élégante, voire poétique, l'auteur nous entraîne dans les méandres d'un homme stérile et dont l'épouse est partie face à cette fatalité. Il a fini par perdre son travail à tellement chercher comment transmettre ses gênes à un être « né de son sang ».
Le texte est long, même si la rhétorique est agréable et empathique.
Il s'agit de la modification de l'ADN pour endiguer la stérilité. le protagoniste a trouvé un moyen de continuer d'exister au-delà de sa propre existence. On peut trouver le sujet abject, même quand il s'agit de recherches scientifiques qui finissent par être très personnelles.

6. Caraville (Nelly Chadour) illustré par Deadstar
D'abord plongée dans un cauchemar des plus brûlants, la protagoniste se réveille en sueur dans une automaison, tombée en panne juste avant, avec sa famille d'enfants adoptés. Chaque membre, doté de surnoms pratiques, se met à la tâche pour trouver des solutions et réparer leur maison mobile. Dans les dialogues, le langage est familier.
Furette, P'tit Con et Ombre traversent Caraville, ville mouvante faite d'automaisons et de ponts, jusqu'au quartier des Vieux, en passant par une ferme, un restoroute, une usine mobiles... ou encore « la Ville Haute », où vit l'Elite. Il est indéniable que l'auteure a usé de subterfuges intellectuels pour mettre en route une telle ville. Il est dommage que ça manque de rythme. L'ennui m'envahit même quand les fossoyeurs entrent en jeu.
Avec le vol du moteur, on a enfin de l'action. Furette termine la course poursuite dans la « Ville Haute » et découvre les habitants de ce haut-lieu. le grand final est classique et toujours aussi redoutable. Ce n'est pas mon texte préféré mais ça reste une nouvelle intéressante.

7. le coeur sous la cloche (Ludovic Klein) illustré par Stef-W
Sur une route balisée de plots et d'adultes, des enfants doivent suivre la route jusqu'à l'école. Quand une petite fille sort de la route pour courir après son chapeau envolé. Quand elle se fait rattraper par un adulte, il la gifle par peur. Il s'avère que chaque chose, animal, plante est scannée avant que l'enfant n'ait le droit d'y toucher... Les adultes surprotègent les enfants.
Etrange ambiance expliquée partiellement par un événement tragique. Toutefois la fin est incompréhensible pour moi. Je n'ai pas dû comprendre ce que l'auteur a voulu dire.

8. Les Héritiers (Anthony Boulanger) illustré par Chesfear
La terre est en pleine mutation, on croirait l'arrivée de l'apocalypse. La quasi-totalité des humains ont été augmentés pour s'adapter à d'autres atmosphères. Seul un homme reste un humain et vit encore sur terre. La fin est inattendue et correspond bien à l'ambiance du récit.

9. La musique des sphères (Nicolas Chapperon) illustré par Cham
Phyllis, humaine modifiée génétiquement pour survivre dans l'espace, rencontre Obéron. C'est la première fois pour elle de croiser un homme et ils doivent se féconder pour la survie de l'espèce.
La fin est arrivée un peu vite. Très peu de dialogues et d'échanges. C'est plus une introspection de Phyllis. L'humain s'est adapté aux nouvelles conditions pour sa perpétuation.

10. Poogle Man (Herr Mad Doktor) illustré par Pénélope Labruyère et Chesfear
Dans un autre registre, on revient sur des récits plus « informatisés ». Les souvenirs des hommes sont stockés par Poogle et pour avoir accès aux bons, il faut payer. Comme on peut se douter, Poogle s'est insinué partout dans le corps de M. Baladin et détecte son état physique et mental, bloque les spams... enclenche une surveillance face à un début de rébellion.
M. Baladin a changé d'opérateur neuronal et cela signifie une déconnexion total. Il va devoir gérer une solitude au sein de cerveau, jamais connue jusqu'alors. Assisté depuis toujours dans les moindres de ses pensées ou de ses gestes, il est complètement perdu. Puis Arthus se fait accoster par les « Libres Penseurs ».
Malgré la récurrence du sujet, il est abordé d'une manière toujours aussi effrayante. On en perd notre intimité, nos pensées, notre autonomie. Cette fois encore, on est plus dans une introspection mais les circonstances poussent à cette méthode.

11. L'absurde et très courte histoire de l'homme qui voulait monter dans la hiérarchie (Corvis) illustré par King Lizard
Texte ultra-court mais suffisant dans sa satire et son humour ! Excellent !

12. Changez d'air (Arnaud Lecointre) illustré par Maniak
Une rumeur circule comme quoi l'air de la vie serait vicié, voire toxique, à cause des cheminées de l'entreprise SCED INC. Un salarié, Andrew, va dîner avec sa femme, Anna, chez l'un de ses collègues. En arrivant, l'invité découvre un masque à gaz sur le visage de son hôte. En l'interrogeant, il lui confirme qu'un représentant est venu lui vendre de l'air pur puisque la rumeur a été validé par des recherches. Andrew est très inquiet de ses émanations et malgré qu'il travaille au sein même de l'entreprise, il ne sait pas ce que rejette exactement les cheminées. Il se procure donc un système d'arrivée d'air pur. Tellement obnubilé par cette menace permanente, il en perd sa femme, son travail et est persuadé qu'il va mourir quand il ne pourra plus payer les prélèvements pour l'air.
Nous suivons le récit à travers les inquiétudes d'Andrew. Pourtant cela manque d'humanité. Nous pouvons deviner la fin mais elle reste percutante et fait réfléchir.

13. La vengeance du XIXe siècle (Maniak) illustré par Christophe “FloatinG” Huet
Une femme militaire qui se bat grâce à des améliorations mécaniques se voit amputée d'une jambe à cause d'une bombe anti-personnelle. de retour chez elle, l'ancien soldat se sent démunie, nue sans ces améliorations et avec une prothèse insignifiante et inconfortable. En passant devant un antiquaire, elle voit dans la vitrine une très belle prothèse en bois, sculptée magnifiquement. Elle se la procure donc et l'enfile aussitôt. Cette nouvelle lui va à ravir et met en valeur son corps. de nouveau en passant devant la boutique, elle achète une main faite de la même matière que la jambe. Pour pouvoir l'enfiler, elle s'ampute elle-même le membre concerné. Et c'est ainsi qu'elle sera constitué à 90% de prothèse en bois datant du XIXème siècle et qui semble doté de sa propre volonté.
C'est effrayant de constater comment cette jeune femme s'auto-ampute pour répondre à un besoin mécanique. le texte est bien construit et nous amène à une fin plutôt saugrenue.

14. Patrino (Vincent Leclercq) illustré par Cold Mind Art
Dans cette histoire, nous assistons à la naissance d'une ville en passant par les contractions, et l'accouchement en lui-même. Une forme de réponse à la surpopulation. L'auteur nous fait visiter la ville et l'intérieur de celle-ci en usant de termes anatomiques. C'est vraiment très bien écrit, j'en ai même cru que la ville était en fait une femme enceinte sur le point d'accoucher. Stupéfiant !

15. Moisson (Gallinacé Ardent) illustré par ARZH
Quand l'être humain devient la nourriture des ogres, c'est une véritable horreur. Les descriptions et les termes choisis m'ont donné envie de fermer les quelques pages de cette nouvelle. L'auteur a vraiment su montrer toute l'ignominie de devenir soi-même mi-végétal, mi-humain. Malgré les hauts-le-coeur, et encore plus à la fin, je trouve ce texte très juste.

16. Les enfants de nos enfants (Southeast Jones) illustré par Kenzo Merabet
Deux cents ans après une guerre nucléaire, l'humanité a subi des mutations. Certains ont donc acquis des dons, et d'autres sont muets. Les espèces se renouvellent.
Nous suivons différents protagonistes à divers moments de la vie de l'humanité. D'abord les humains vivent plus vieux, puis viennent les immortels et enfin une conscience collective.
L'auteur nous fait voyager à travers le temps et l'évolution de l'espèce humaine. C'est une texte doux et prometteur. le recueil ne pouvait finir sur de meilleurs auspices.


Conclusion :
C'est un très beau recueil qui nous fait réfléchir sur notre avenir, nos choix et notre adaptation face aux différentes menaces qui pèsent sur nous. Les Artistes Fous nous proposent encore cette fois une anthologie très intéressante et souvent effrayante avec des auteurs et illustrateurs talentueux. Je vous le conseille vivement.
Lien : https://abaciaetacu.wordpres..
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