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Critique de Krissie78


Il y a quelques mois je lisais « le monde de Ben », ne sachant pas alors qu'il y avait un livre qui le précédait. Touchée par le destin de Ben jeune adulte, j'ai eu bien évidemment voulut découvrir son enfance.

Publié en 1989 « le cinquième enfant » nous raconte l'histoire d'Harriet et David, couple de la classe moyenne britannique (mais avec des parents très riches). Alors que la liberté sexuelle explose au début des années 1960, Harriet et David ne conçoivent le bonheur que dans la famille. Alors que les jeunes femmes ne voient plus que par la pilule, Harriet et David veulent une famille nombreuse, au moins 8 enfants. le couple entame une période heureuse. Quatre enfants naissent, très rapprochés, sous l'oeil réprobateur de leurs familles qui ne comprennent pas leur obstination à faire croitre cette famille malgré leurs maigres ressources. La très grande maison qu'ils ont achetée en banlieue de Londres est le refuge de la famille et des amis pour chaque fête, chaque période de vacances. Harriet est fatiguée. Avec David ils décident de faire une pause. Mais arrive une cinquième grossesse. Trop tôt. Difficile. Un accouchement douloureux. Ben est le cinquième enfant. Tout fait de lui un être à part, doté d'une force incroyable pour un bébé, doublé d'une absence de communication et d'une colère permanente qu'il ne peut maîtriser. Par sa différence Ben fait peur. A ses frères et soeurs. A la famille. Aux amis. A ses parents. Aux animaux domestiques. Par sa seule présence, même muette, Ben fait éclater le bonheur familial, divise, inquiète. Harriet va dès lors être confrontée à un dilemme : sauver sa famille ou sauver ce cinquième enfant.

J'avais été éblouie par l'écriture de Doris Lessing. Cette fois encore je suis admirative. Ce court roman est extrêmement dense : pas de chapitres mais un récit d'un seul tenant. L'auteure y décrit les sentiments, les émotions avec une rare précision, notamment la culpabilité ressentie par Harriet, son déchirement entre cet enfant qui détruit tout ce qu'elle avait construit, qui détruit sa vie rêvée, et sa famille, son mari, ses autres enfants qu'elle adore et qu'elle voit voler en éclat, et ce mélange ambigüe d'amour et de haine qu'elle ressent pour Ben. Elle se sent traitée en criminelle, du fait de ces grossesses nombreuses, du fait de cet enfant différent et dangereux. Elle culpabilise de ses choix et de leurs conséquences

Il y a aussi dans ce roman, qui tourne parfois à la fable fantastique, la question de la famille, du poids du regard des autres, de l'inné et de l'acquis, du handicap, de la différence. Dans « le monde de Ben » on pense qu'il a été abandonné par sa famille. En lisant « le cinquième enfant » après coup, on comprend que rien n'est ni tout blanc ni tout noir. On découvre son enfance et son adolescence principalement par le ressenti d'Harriet mais également par un regard externe qui détaille, analyse, dissèque les relations au sein de la famille et les émotions que Ben ne peut exprimer par des mots.

Un livre très fort, avec quelques passages très difficiles, dérangeant, mais d'une très grande sensibilité. Une immense plume.
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