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Critique de ODP31


ODP31
11 novembre 2020
Bien ranger ses cadavres dans le placard. A skeleton in the closet, comme l'écrivit Thackeray, à l'origine de l'expression et du thriller en général.
Deux étudiants en médecine accablés de dettes et au bord du suicide après une dernière partie de poker calamiteuse pour leurs poches vont découvrir le magot de Chouchou, dame à la vertu aussi ténue que sa fidélité sur leur sofa. Fred et Guriet choisissent alors le côté obscur de la force, se laissent tenter par le diable, prêtent l'ouïe à l'hallali, passent de l'état de vaux pas grand-chose à celui de vaurien. de vrais sauvageons…
Mais ils ne vont pas s'en sortir à si bon compte et bon, la Chouchou va vouloir récupérer sa bourse gagnée aux bourses (désolé) et seule une macchabéetisation va la rendre docile. Après, difficile de se faire la malle avec une malle qui pèse… on ne donne jamais le poids d'une dame, même morte. Tout le monde ne compte pas des déménageurs bretons parmi ses fréquentations et vivant à l'étage, les meurtriers sont bien embêtés, autodidactes peu préparés à la logistique du crime.
Place au Grand-guignol avec un concierge peu empressé, un huissier incorruptible et un fiancé inquiet de la disparition de sa belle frivole. Cela vous fait penser à une pièce de théâtre ? Cela tombe bien puisqu'il s'agit à l'origine d'une pièce à grand succès, inspirée d'un fait divers sordide baptisé « La Malle à Gouffé ».
Son auteur, du livre et pas du crime originel, merci de suivre, Maurice Level (1875-1926), n'est pas très connu en France, en tout cas pas de moi, mais le cousin de Marcel Schwob, dont je n'ai encore rien lu mais dont je connais au moins le pédigree, excella dans le domaine du mystère et de l'angoisse. Il reçut l'hommage de Lovecraft en son temps et inspira le Japonais Ranpo. Il y a pire comme CV.
J'ai pris un plaisir presque adolescent, les boutons en moins, à la lecture de cette histoire qui rappelle certains scénarios d'Hitchcock même si la mécanique de nos assassins est bien moins huilée que celle du « Crime était presque parfait ». Ils privilégient l'improvisation à la préméditation. Comme tous les paresseux, ils jouent de la trumpette, vantant l'instinct plutôt que le travail.
La seconde histoire courte qui complète cet énième petit bijou de chez Libretto s'intitule « Laquelle ? » et interroge la culpabilité de jumelles dans une tentative d'assassinat durant une partie de… golf. Vous avez dit bizarre ? Un récit qui vaut le parcours pour son ambiance brumeuse presque surnaturelle qui étouffe les personnages. le ton est moins coloré qu'une tenue de golfeur écossais.
Maurice Level déploie une écriture bien liftée, qui n'a pas pris une ride malgré les années et après cette macabre découverte, je vais essayer de continuer à jouer à me faire peur avec le reste de sa production.
Tremblez braves gens.
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