Au cours de l'été 1783, Marie-Antoinette réalise son rêve de vie privée. Éprise du comte Fersen qui vient la voir chaque jour, elle organise pour lui comme pour elle une sorte d'existence idéale. Elle s'affranchit encore davantage de ses obligations souveraines. Dans le public, on trouve indécent que la reine puisse porter des robes dépourvues d'ornements appelées "robes à l'enfant" et des coiffures qui, bien que très sophistiquées, s'inspirent de celles des femmes du peuple.
Le 13 juin 1769, Marie-Thérèse reçoit la demande officielle du roi de France. On fixe la date du mariage au 16 mai suivant. Antonia aura quatorze ans et demi et le dauphin, Louis-Auguste, n'aura pas encore seize ans. On a sans doute peu parlé à l'archiduchesse de son futur époux. Les rapports que Marie-Thérèse reçoit du prince de Stahremberg, son ambassadeur à Versailles, auraient pourtant de quoi affliger l'archiduchesse, qui s'imagine vivre un véritable conte de fées: "La nature semble avoir tout refusé à M. le Dauphin. Ce prince par sa contenance et ses propos n'annonce qu'un sens très borné, beaucoup de disgrâce et nulle sensibilité", écrit ce diplomate.