Citations sur Lol est aussi un palindrome (26)
- Madame, je peux vous rendre ma copie ?
- Deux secondes, je ne suis pas Shiva.
- Vas-y, elle m'a dit “va chier”, la prof, là ou quoi ?
♦ Où j'ai pu constater que l'autosatisfaction remplace aisément l'appréciation du prof...
- Madame ! Voltaire, c'est l'inventeur des volts ?
- Ça suffit !
- Nan mais avouez, Voltaire, les volts, le siècle des Lumières, tout ça ! Chuis trop fooooooorte !
En mon for intérieur, j'avouai.
(p. 79)
- Alors vous voyez, c'est à ce moment-là qu'il a sorti son laïus.
- Sérieux madame, devant tout le monde et tout ?
- Euh, nous sommes bien d'accord que ça n'a rien à voir avec l'exhibitionnisme, hein ?
- Ah. Ben chais pas ç'que c'est, un laïus, alors.
(p. 114)
- Donc, vous voyez, ça c'est ce qu'on appelle un 'incipit in media res' : autrement dit, le lecteur est projeté dès le début du livre dans l'action, sans préambule. Là, en l'occurrence, on arrive au beau milieu d'une dispute.
- Ouais ben moi j'appelle ça l'incruste.
[ J'en profite pour vous souhaiter une bonne incruste en 2018, au beau milieu d'une tempête - pluie, grêle, vent, orage sur le 44 ! ]
- Bien, alors à votre avis, pourquoi appelle-t-on les Académiciens les Immortels ?
- Parce qu'ils ont pas de vie !
(p. 78)
- Madame, ça veut dire quoi 'hétéroclite' ?
- Eh bien réfléchissez. Alerte étymologie !
- Bon ben 'hétéro', c'est-à-dire bon ben 'pas homo', et 'clite' bon ben 'clitoris' quoi. Mais j'arrive pas à voir le sens global...
- MOI NON PLUS !
(p. 125)
-madame, "nous serons", ça s'écrit avec un s ou avec un t?
-...
- Ah mince...Vous savez pas.
-Je vous ai déjà dit de ne pas vous battre.
-Mais vous faites quoi, vous, quand on vous agresse?
-eh bien justement j'utilise les mots, pas les poings!
-genre le mec, il est là, il vous sort sont coutal, et vous, hop hop hop, vous dégainez le scrabble !
[ mise au point en début d'année scolaire ]
- Pour des raisons que vous comprendrez facilement, toute insulte à caractère racial ou discriminatoire sera lourdement sanctionnée.
- Mais madame, c'est genre normal. Vous c'est 'Flûte' ou 'Que nenni'. Nous, c'est 'Wesh PD', mais c'est pas méchant, quoi.
(p. 16)
Ce livre n’est pas un recueil de perles du bac. Il n’a (hélas !) pas grand chose à voir avec le bac, comme vous le comprendrez rapidement ; et il est bien plus admiratif que narquois.
Ce livre ne prétend pas être un vade mecum pédagogique. Il ne dit rien sur une quelconque manière de faire cours, ni sur la « didactique ». Il raconte, mais n’a rien à apprendre.
Ce livre ne relève ni de la production mythomane, ni de la fiction : je suis bien forcée d’admettre que tous ces échanges ont eu lieu dans mes cours. Mais faites comme avec Matrix, et ne cherchez pas toujours le vraisemblable dans ces dialogues.
Ce livre n’est pas un éloge sirupeux de l’adolescence. Ce n’est pas le genre de la maison (enfin quoique).
Ce livre est tout sauf atemporel : deux ou trois notes de bas de page vous éclaireront ici ou là sur des effets de mode déjà dépassés, tandis que certaines réalités – tel le jogging relevé sur une seule gambette – vous demeureront à jamais irreprésentables (et ce n’est pas dommage).
Ce livre n’entend pas chanter aveuglément les louanges de ces élèves de « cité », « ZEP », ou « Zone prévention violence ». Mais j’aimerais quand même changer le regard porté sur eux, et que l’on voie que, à l’instar de tous les autres élèves de France et de Navarre, s’ils ne sont pas toujours scolaires, surdoués, précoces, hyperactifs ou que sais-je encore, ils ont un sens de l’humour que beaucoup devraient leur envier.
Ce livre, Dieu merci, ne retranscrit pas l’intégralité de mes cours.
Ce livre n’est pas le fruit d’une mémoire hors du commun, ni d’une reconstitution. « À l’ancienne », comme disent mes élèves, j’ai minutieusement consigné jour après jour ces échanges, pour être sûre de ne pas les oublier. Et pourtant, j’en ai sans doute laissé passer des dizaines.
Ce livre montrera peut-être pourquoi j’aime mon métier.