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Critique de bobfutur


Une relecture, 25 ans après, d'un possible classique du genre dystopique, avec comme question centrale, incontournable : « comment a t-il vieilli ? »

Pas très bien, non… et ce pour plusieurs raisons… ( je n'ai pas lu sa nouvelle traduction, de 2018, ce qui ne devrait pas changer grand chose à mon appréciation, le coup de vieux venant principalement du fond )

Le contexte historique de sa création a bien-sûr radicalement changé. Publié en 1970, deux avant le première sortie du livre-charnière « Les limites à la croissance » des époux Meadows, on se situait alors encore dans un idéal de développement infini basé sur le progrès technique ; l'informatique entrait dans un âge équivalant à nos maternelles, sans que l'on imagine clairement son avenir ; des deux grands modèles politiques, on commençait à pressentir le déclin du rouge (pour ceux qui l'eurent pris au sérieux ne serait-ce qu'un temps) sans avoir bien conscience de la maladie incurable portée par l'autre.
Les histoires de liberté à tout prix fleuraient encore bon le progrès.

Les possibilités offertes par la surveillance informatique actuelle y sont largement sous-évaluées, et manquent de fantaisies ; elle semble contournable bien trop facilement.
Cela pose surtout le problème d'une quête où tout se déroule trop commodément, malgré un héros pas franchement d'exception, bien que l'auteur ait une idée derrière la tête…
Les différents et obligés « twist » de l'intrigue ne viennent pas vraiment réparer cette sensation de platitude ; les descriptions de ce nouveau monde ne sont pas plus évocatrices qu'un parking de supermarché ; la standardisation de la société seule ne justifie pas cette sécheresse allusive, bien que les individus y soient quasiment des clones.

La bienveillance forcée, assurée par des traitements chimiques (comme chez Philip K. Dick), résonne quant à elle plutôt bien avec la situation actuelle ; néanmoins, ce vernis de mensonges policés ne couvre que peu de surface, laissant béante au milieu une bien étrange scène de viol, quasi-vidée de son dramatique.

Le peu d'ambivalence ne permet pas d'imaginer le fonctionnement d'un tel système, laissant le lecteur sur le bord de l'histoire. Il aurait peut-être fallu étoffer, sans pour autant basculer dans ce que l'on nomme « hard S-F », où le fonctionnement de l'intelligence artificiel, sujet au demeurant passionnant, aurait pris l'unité centrale du roman.
Notre réalité actuelle n'autoriserait une telle simplicité malgré l'épilogue…

Ce qui me confirme dans l'idée qu'il est dangereux de retourner vers une oeuvre aimée en jeunesse : revoir «Les Goonies » n'est toujours pas à l'ordre du jour !
...
P.S : Je rejoins donc l'avis du bien-nommé BalthazarTableraze, dont la critique explore plus profondément l'évolution de ce roman. On aurait tous intérêt à le voir écrire d'autres billets...
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