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Critique de Wendat69


Babbitt, agent immobilier modèle et père de famille modèle -non pas dans le sens d'exemplaire, mais dans celui de commun, d'universel, habite une demeure type, dans une ville type des Etats-Unis, Zenith la bien nommée.

Cette vie, réglée comme du papier à musique, laisse entendre une mélodie qui sonne faux, et Babbitt, pris dans les fils ténus de ses habitudes et de ses certitudes, tentera de briser ce cycle infernal. le problème étant que s'il réussit effectivement à casser certains fils, en échappant ou plutôt en fuyant sa routine de couple par le biais de quelques échappées vrombissantes et alcoolisées -dans le contexte de l'enfer de la prohibition- ces fils brisés, au final, en viennent toujours à se renouer et à enferrer encore plus profondément ce bel exemplaire de l'american way of life dans ses angoisses.

La vie de Georges F. Babbitt incarne la version modernisée et aseptisée du rêve américain, standardisé, celui de la réussite financière (-quid de la simplicité avec laquelle un américain vous demande combien vous gagnez?), en s'appuyant sur le dogme capitaliste et sur un socle de valeurs chrétiennes mais qui sont en fait désincarnées, expurgées de leur signification profonde.

Bref, la vie de G. Babbitt illustre l'individualisme forcené, protégé par l'illusion d'une vie familiale ordonnée, huilé par une vie sociale dont l'intérêt principal est de servir les appétits professionnels, tout en donnant l'impression de faire partie -sinon d'un groupe d'ami, du moins à un groupe social, une sous-caste méprisant les forces laborieuses et enviant, tout en s'en défendant, celle des riches.

Le livre phare de Sinclair Lewis dénonce avec humour, vigueur et efficacité un certain modèle américain, modèle qui, dans notre époque de standardisation et de marchandisation forcée, semble avoir conquis bien des territoires.



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