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Une satire mordante d'un certain mode de vie, et surtout d'un certain etat d'esprit, d'une certaine position envers la societe et la vie. Babbitt, son heros ou anti-heros, est devenu, depuis la parution du livre en 1922, archetypique, pour designer les petits bourgeois des moyennes villes americaines, conformistes jusqu'a l'oubli de soi, pensant avec et par une certaine classe qui denigre tout ce qui ne lui ressemble pas.

Babbitt, agent immobilier dans la petite ville de Zenith, est un condense schematique des manieres, des habits, des croyances, des opinions et des sentiments du petit homme d'affaires americain moyen, entre la grande demonstration de force de la premiere guerre mondiale et la grande depression des annees trente. Et Sinclair Lewis denonce l'etroitesse de vues, en fait l'etroitesse de vie, en s'en moquant. Babbitt n'est pas passif, mais tous ses actes sont encarcanes. Ils ne decoulent pas d'une volonte propre mais suivent les formalites, les "rites", les conventions d'une certaine classe, arriviste, arrogante, sure de soi. Ses opinions? Il les lit dans le journal finance par ceux qui ont reussi avant et mieux que lui, et les assene autour de lui d'un air docte. En tout il suit aveuglement un schema preetabli par d'autres. Il ne se regarde que par le regard des autres. Il a quand meme un episode d'echappee, d'aventure, de felure du carcan, mais court et sans effet ni influence sur la vie vers laquelle il s'empresse de revenir. Il revient vite parce qu'il s'apercoit (ou pense) que sans son entourage, sans le regard et l'acceptation des autres il n'est rien. Ou pire: il est ce que sa classe, ses pairs, denigrent.

L'ironie de Lewis est delicieuse. Son humour doux, jamais mechant. C'est peut-etre ce qui a fait le succes de cette satire: une certaine Amerique a pu se regarder en face sans pour autant ni vraiment changer ni jeter le livre au feu. Mais Lewis est quand meme, avec Dos Passos, ou Scott Fitzgerald aussi d'une certaine facon, un des premiers a signaler la transformation de l'esprit pionnier en esprit de profit, de l'American dream en American way of life, et a denoncer la superficialite, la vacuite de mots, de discours ou l'inculture se traduit en poncifs acceptes et repetes sans aucun examen; ou ces poncifs soutiennent un materialisme egocentrique de mauvais aloi. C'est surement ce qui lui a valu le Nobel, les suedois jouissant de pouvoir taper un peu sur l'Amerique, par un de ses ecrivains superpose.

Babbitt n'a pas vieilli. Il se lit avec plaisir. Toujours avec le sourire, un sourire qui n'empeche pas - bien au contraire - la reflexion. Pres de cent ans apres la parution du livre, ne sommes-nous pas entoures de babbitts? En Amerique et partout? Ne sommes-nous pas, nous-meme, des babbitts?


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Challenge Nobel 2013-2014
1/15

Babbitt, c'est l'Américain de la classe moyenne, d'une ville moyenne du Midwest. Bien installé professionnellement en tant qu'agent immobilier, personnellement en tant que mari et père, il mène une vie réglée comme du papier à musique entre son bureau et sa vie familiale.
Le roman s'ouvre sur une description d'une journée type de Babbitt, du lever au coucher. Si, sur le papier, tout semble idéal, la représentation du fameux american way of life va être rapidement écorné. En effet, si Babbitt possède tout ce qui doit combler un homme de son acabit (une belle maison dans le quartier prestigieux de Floral Heights, une voiture rutilante, une affaire qui marche), une brèche s'entrouve petit à petit dans son esprit le faisant douter que cela suffit à son bonheur.
Minutieusement et avec brio - à la manière d'un Flaubert et son Emma Bovary - Sinclair Lewis nous décrit le craquèlement d'un homme pas tout à fait satisfait de la vie qu'il mène - et d'ailleurs surpris le premier de ne pas l'être - et les tentatives menées par celui-ci pour y échapper. Je m'attendais à mépriser ce personnage imbu de lui-même, qui aime à répéter des opinions dictées par autrui sur des sujets qu'il ne maîtrise pas du tout ; et c'est ce qui est arrivé pendant une bonne partie de ma lecture. Mais, les efforts vains et pathétiques de Babbitt pour fuir une vie que des moments de lucidité lui rendent insupportable finissent par nous le rendre plus sympathiques, du moins à nous le faire prendre quelque peu en pitié. L'empathie fonctionne et on espère à ses côtés qu'il parviendra à se défaire de cette "toile d'araignée" qu'est sa vie
Car ce que démontre l'auteur à travers ce portrait c'est l'enchaînement d'un homme à sa classe qui lorsqu'il commence à se démarquer par des opinions plus libérales - notamment à propos des ouvriers, des immigrants, des grèves - se voit immédiatement mis de côté et comme puni de haute trahison.
J'ai particulièrement apprécié la fin où, Babbitt rentré "dans le rang" va, dans un dernier sursaut de révolte, soutenir son fils dans une situation qu'il n'aurait jamais accepté au début du roman. Et la confession qu'il lui fait à la toute fin du livre est très émouvante.
C'est un roman assez lent au départ, qui peut sembler parfois fastidieux. Mais, dès lors, que Babbitt prend de "l'épaisseur", s'étoffe d'une consistance à laquelle je ne m'attendais pas vraiment, j'ai pris un grand plaisir à cette lecture.
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Il est parfait George Babbit, un citoyen américain exemplaire : une belle maison au goût du jour dans le bon quartier de Zenith, une belle voiture, un commerce immobilier avec lequel il tient son rang dans la grande aventure nationale de l'entreprise individuelle, une épouse terne, des amis comme lui, des tickets d'entrée dans les clubs select de la ville, un parcours sans faute depuis la classe moyenne jusqu'à la classe moyenne supérieure, et l'ambition qui va avec de tutoyer l'élite. Epoux sage, républicain bon teint comme il se doit, père prévoyant, bedaine rassurante, cigares de choix.
Oui mais voilà, Babbit rêve d'ailleurs...
Babbit a beau ne pas être une oeuvre littéraire remarquable de par son style, on comprend le Nobel attribué à Sinclair à ce que ce roman dresse, pour la première fois, un portrait complet teinté d'ironie distante de cette catégorie sociale qui, juste inférieure à celle de Fitzgerald, a "fait" l'Amérique des années 20, avec son dynamisme forcené, ses valeurs conservatrices et ses codes sociaux particulièrement stricts pour que l'ensemble se tienne et joue sa partition triomphante d'un American way of life d'avant le consumérisme d'après-guerre.
Autant dire qu'en dépit de son énergie, la vacuité de cette société ne fait pas très envie, et l'on respire avec délices quand Babbit se met à faire le pas de côté, emporté par son ami Paul, artiste rêveur déprimé par ce monde matérialiste et vide. Attention cependant au pas de trop: dans cet univers, il se révèle rapidement socialement létal...
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American way of life...
George Babbitt, agent immobilier à Zénith, petite ville du Midwest. Il a tout Babbitt, et il veut tout. Tout ce que peut lui offrir notre société de consommation balbutiante aux Etats-Unis, dans les années 20. Il s'éblouit Babbitt, mais il commence à s'étouffer aussi. Un roman visionnaire sur notre société actuelle.

14/01/2014
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Dans ce bijou de roman satirique, Sinclair Lewis campe un personnage type : L'américain moyen du mid-west. Cette oeuvre connu un tel succès que Babbitt eu la gloire insigne de devenir un nom commun pour désigner un personnage américain symbolique, comme un harpagon désigne un avare ou un don juan un séducteur.

Babbitt est responsable d'une agence immobilière à Zenith. Il est fier de son activité, de sa situation, de son train de vie et de la considération qu'ils lui valent. Il habite une charmante propriété, sise sur les “Hauteurs Fleuries”, lotissement typique doté de tout le confort et réservé aux gens qui ont su s'avancer triomphalement sur les voies de la réussite sociale. Il est membre du club des “Boosters” (de ceux qui se soutiennent dans la vie!) et du club athlétique (où on y prend des déjeuners fort copieux et en manière de sport on peut y jouer au billard...). Bref, George F. Babbitt a su se faire sa place dans la vie.

Avec une verve réjouissante, Sinclair Lewis peint la société américaine dans ce qu'elle a de significatif : culte du travail et du dynamisme, matérialisme des plus puérils, vulgarité désarmante de triomphalisme (le sans-façon yankee), camaraderie hystérique et bruyante, gigantisme général, standardisation des choses et des êtres. Babbitt reste néanmoins un personnage assez attachant avec ses retours de scrupules, personnage bouffi de son importance, mais en somme insatisfait de lui, prisonnier des conventions étouffantes dans une société où la respectabilité est le maître mot pour faire des affaires en nouant des relations fructueuses.

Un roman très drôle, au style simple, enlevé et alerte, on ne s'ennuie pas une minute!
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Babbitt, agent immobilier modèle et père de famille modèle -non pas dans le sens d'exemplaire, mais dans celui de commun, d'universel, habite une demeure type, dans une ville type des Etats-Unis, Zenith la bien nommée.

Cette vie, réglée comme du papier à musique, laisse entendre une mélodie qui sonne faux, et Babbitt, pris dans les fils ténus de ses habitudes et de ses certitudes, tentera de briser ce cycle infernal. le problème étant que s'il réussit effectivement à casser certains fils, en échappant ou plutôt en fuyant sa routine de couple par le biais de quelques échappées vrombissantes et alcoolisées -dans le contexte de l'enfer de la prohibition- ces fils brisés, au final, en viennent toujours à se renouer et à enferrer encore plus profondément ce bel exemplaire de l'american way of life dans ses angoisses.

La vie de Georges F. Babbitt incarne la version modernisée et aseptisée du rêve américain, standardisé, celui de la réussite financière (-quid de la simplicité avec laquelle un américain vous demande combien vous gagnez?), en s'appuyant sur le dogme capitaliste et sur un socle de valeurs chrétiennes mais qui sont en fait désincarnées, expurgées de leur signification profonde.

Bref, la vie de G. Babbitt illustre l'individualisme forcené, protégé par l'illusion d'une vie familiale ordonnée, huilé par une vie sociale dont l'intérêt principal est de servir les appétits professionnels, tout en donnant l'impression de faire partie -sinon d'un groupe d'ami, du moins à un groupe social, une sous-caste méprisant les forces laborieuses et enviant, tout en s'en défendant, celle des riches.

Le livre phare de Sinclair Lewis dénonce avec humour, vigueur et efficacité un certain modèle américain, modèle qui, dans notre époque de standardisation et de marchandisation forcée, semble avoir conquis bien des territoires.



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Babbit est un roman intéressant qui nous retrace une routine de la vie quotidienne d'un bourgeois américain des années 20, d'une quarantaine d'année, dont les folies de jeunesse n'ont plus leur place, ce gout pour le rêve est devenu presque inexistant… ce qui compte c'est préserver ce qu'on a déjà...
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J'ai croisé pour la première fois le nom de Sinclair Lewis en lisant Steinbeck. J'avais donc noté dans ma petite tête de découvrir cet auteur un jour ou l'autre (1er écrivain américain à recevoir le Nobel en 1930). C'est chose faite avec le plus célèbre de ses romans, un classique de la littérature américaine.

Babbitt est le nom du personnage principal de ce roman mordant. Sinclair Lewis jette un regard satirique sur la vie d'un homme blanc d'âge moyen, agent immobilier dans une petite ville d'Amérique. Il se moque d'à peu près tout ce dont on pourrait se moquer. le désir de s'intégrer, l'appât du gain, la prétention, la matérialisme, l'hypocrisie, le manque de pensée individuelle, le conformisme, la fausse vertu.

C'est une critique de la pression sociale qui pousse à se conformer aux normes établies par le reste de la société, du capitalisme et du matérialisme, d'une certaine vacuité de la vie des classes moyennes pour lesquelles le statut social est l'unique échelle pour mesurer la valeur d'un individu.

Le roman est assez long et je ne vous cacherai pas que j'ai eu un passage à vide vers le milieu du texte mais ce creux est absolument essentiel pour comprendre l'évolution de Babbitt. Car si au début notre anti héros est béatement satisfait de lui, il va petit à petit se questionner. Est-ce tout ce que la vie a à offrir ?

Datant de 1922, les thèmes et toute la satire s'appliquent cependant parfaitement à l'expérience humaine des temps modernes. Ça pourrait très bien se passer dans les années 50, dans les années 90 ou de nos jours. Un roman étonnamment contemporain et bien piquant.
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« Babbit », celui par qui, pour qui, en qui le malheur et le scandale arrive... Pauvre « Babbit »...Celui qui se plie, et qui ne rompt pas.. Se plie au diktat social qu'il s'impose et qu'il impose. Valet des affaires, des compromis, pieds et poings liés à l'autel du libre échange. Pauvre Babbit, on pense : pauvre imbécile. Babbit nous le connaissons bien. Il est vrai qu'on est toujours le con d'un autre. Sinclair Lewis excelle dans la description de ces dîners de cons. Ah….lire « Babbit » s'est entrain dans les anfractuosités de son coeur, de son esprit, c'est accéder à la petite mécanique fébrile, fragile, perfide, servile d'un grand ordre. « Babbit », c'est un manque de courage, la volonté d'exister dans le chaos d'un non sens. Il le sait bien Babbit. Il sait ce qui lui en coûte, ce qu'il abandonne. Mais il s'est toujours également ce qu'il gagne. Alors pour ficeler son propre cadavre il se pétrit se larde se barde de grandes idées standardisées, d'un prêt à penser confortable. Il se confrérie, se regroupe, s'agenouille, rampe, bénit, maudit, et se mord les lèvres à la pensée du blasphème.Mais, soudain, il se redresse. Un peu. Mais le courant lui semble trop fort, son courage si petit.
C'est une description sociale percutante. Sinclair Lewis n'a pas son pareil pour décrire l'architecture du Midwest, en ces années 1920… Il y a cent ans. C'était demain.
Babbit c'est un archétype, avec sa vision, son idéal, comme on a sa voiture, son garage, qui ressemblent tellement à ceux de ses voisins. Certains diront qu'après tout ce sacré Georgi n'est pas un mauvais type. Il a le sens des affaires…Il veut être partout chez lui, jamais ailleurs. Pareil, jamais autrement. Même si ailleurs, dans ses rêves, il sait Babbit à quoi ressemble son bonheur.
Mais il faut se lever, mettre de l'huile dans la petit mécanique...
Une vision qui se répand, un idéal sur mesure. L'americain way of life.
Alors Babbit retrouve sa bergerie, à l'abri. Et c'est dans la nouvelle génération qu'il dépose ses espoirs de révolte et de liberté. Ne pas plier et rompre. 1920. C'était demain.
Astrid Shriqui Garain
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Babbitt, c'est George F. Babbitt, quarante-six ans, marié et père de famille, propriétaire d'une maison moderne et d'une voiture rutilante, agent immobilier prospère et membre influent de diverses associations d'affaires, au sein de la resplendissante ville de Zenith. Digne représentant de l'American way of life, notre homme a réussi (non sans quelques entourloupes et délits d'initiés) ! Mais, le confort matériel et la notoriété suffisent-ils à donner un sens à sa vie ?

Lewis pose un regard critique et satirique sur la société de consommation, le conformisme et plus largement le capitalisme. La lecture est jubilatoire, malgré une baisse de régime au milieu du bouquin, alors que Babbitt cherche à remplir un vide existentiel par une série d'activités peu enthousiasmantes, avant d'opter pour des actions, non moins futiles, mais nettement plus divertissantes.

L'aspect précurseur du roman de Lewis est frappant. Cent ans après sa publication originale, beaucoup de choses n'ont pas changé, elles ont plutôt pris de l'ampleur ! Surtout pour le pire.
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