Plus j'y réfléchissais, plus j'en venais à la conclusion qu'il existe deux types d'amour dans ce monde. Le premier est profond, véritable. Il se construit sur des bases solides et mène au chemin de la famille. Le second est puissant, volcanique, guidé par une pulsion, une violente alchimie qui balaie tout sur son passage.
- Donc tu es de ce genre-là ?
- Pour ce soir, oui...
- Pas question de jouer la comédie ma belle, à aucun moment, parce que je le saurai.
Si tu veux que ça marche, il va falloir baisser les armes et me faire confiance.
Il est hors de question que tu me dises oui quand tu penses non, que tu te fasses toute petite alors que tu as toute ta place, que tu te forces à sourire quand ton cœur pleure encore.
Non seulement je ne le permettrai pas mais, surtout, je ne te lâcherai pas d’une semelle Elly.
Jusqu’à ce que tu te sentes assez libre pour dire merde au reste du monde et prendre ta vie en main.
Jamais personne n'avait pris autant soin de moi et j'aimais ça, un peu trop même. Car tout au fond de moi, je cherchais encore le défaut. Celui qui m'ouvrirait la porte de sortie que j'attendais. Comme pour me prouver que la perfection n'existait pas, que j'étais encore une fois vouée à l'échec.
Il déposa la veste sur mes épaules et ses doigts frôlèrent ma peau nue. À quelques secondes de l’extase, mon petit cœur palpitait sous ma robe.
— Ne réfléchis pas.
Il en profita pour me pousser doucement contre lui.
— Je… Je ne réfléchis pas.
— Menteuse, sourit-il en se penchant sur mes lèvres.
À présent, j’étais en feu sous ma robe et sa veste me brulait la peau.
— Maintenant que tout est clair, je vais t’embrasser.
Je retins mon souffle, frémissante, tiraillée.
— Et je te préviens, c’est définitif. Je ne veux pas de regrets ce soir, ni demain.
— Après-demain c’est autorisé alors ?
— Ne fais pas ta maligne, Miss Caribou !
Avec le temps, j'avais fini par comprendre que des souvenirs pouvaient déglinguer un cerveau, même le plus brillant. Et que vivre dans le passé n'apportait que souffrance et remords. Rien de très bon pour mon avenir, en somme.
Il fallait que je devienne son quotidien, son futur, l'élément incontournable dans son emploi du temps. Jusqu'à ce qu'elle cicatrise. Jusqu'à ce qu'elle me regarde à nouveau comme elle le faisait avant.
J'avais besoin d'un peu d'introspection pour ne pas oublier que j'étais humaine, que j'avais le droit de me planter si je ne voulais pas finir comme cet insecte : écrasée par le rouleau compresseur de la vie.