Heureux d’être son premier amant, il lui laissa le temps de s’habituer à sa présence en elle, la cajola de caresses et de baisers, lui murmura des mots d’amour qu’il n’avait jamais prononcés pour une autre, parce qu’il n’y avait qu’elle, depuis toujours.
Très vite, il sentit les hanches d’Amelia se soulever à sa rencontre, lui prouvant que la douleur s’estompait et que le désir prenait possession de son adorable corps.
Il lui sourit avec tout l’amour qu’il éprouvait et commença à bouger en elle. Il allait et venait doucement pour qu’elle puisse progresser vers le plaisir à sa vitesse, alors qu’il n’avait qu’une envie, la posséder comme un forcené.
Le désir, la peur, le manque, la souffrance d’années de séparation, de rejet, de culpabilité, le besoin de lui prouver l’amour fou qu’il lui vouait furent les plus forts. Damian ne put empêcher ses mains de dénouer le tablier de la jeune femme. Sa jupe suivit le même chemin.
J’ai fait des études. Je me suis battue pour mes idées, pour mon pays. Je suis capable de m’en sortir seule. Et eux ont plus de respect pour une potiche qui ne sait que broder et valser en pleurnichant.
Le jeune homme ressentit vivement sa proximité, la chaleur de son corps près du sien. Il remarqua une nouvelle fois que son visage avait perdu les rondeurs de l’enfance. Elle avait toujours les cheveux courts et ses yeux pétillaient de malice. Elle était superbe malgré sa triste tenue grise d’infirmière.
Il voulait dans son lit cette adorable poupée dotée d’un caractère et d’un tempérament que personne n’aurait soupçonné, à commencer par lui.
Son comportement décidé et volontaire avait déclenché quelque chose en lui : une réaction passionnelle. Mais pas seulement réalisa Damian.
Cela venait de mettre à jour un sentiment qui n’était pas que charnel. Celui-ci révélait enfin son existence au grand jour, et le jeune duc avait la sensation que ce qu’il éprouvait pour Amelia était là depuis très longtemps, qu’il n’avait juste pas été capable de l’identifier et encore moins de le nommer.
Ou peut-être n’avait-il pas voulu le voir… ?
Lucide malgré la fatigue, Damian était bien conscient qu’Amelia était jeune et surtout que c’était une véritable demoiselle de la haute société. Pour l’avoir, il lui faudrait pour le moins l’épouser. Et ça, il n’y était pas prêt… Pas encore.
Les yeux de Damian furent soudain attirés par quelque chose qu’il n’avait jamais remarqué : une poitrine ronde, pulpeuse, désirable… sous une robe d’enfant.
Sa distraction fut fatale.
Amelia n’avait que quatre ans à l’époque où il avait commencé à se rendre chez eux. C’était une fillette rondelette, coquette, que sa mère et sa nurse habillaient de blanc, de rose et de dentelles, comme une poupée de porcelaine. La petite fille était douce, toujours sage et polie, jamais elle ne se salissait ni ne criait ou ne courait dans les couloirs du manoir.
Même face au feu ennemi, sous la mitraille incessante, il n’avait jamais eu le cœur aussi serré qu’à cet instant.
Le monde était devenu fou. La civilisation était en train de sombrer et lui avec. Seuls l’affection et le respect qu’il éprouvait pour cette mère qui l’avait élevé sans aide, affrontant toutes les difficultés avec honneur, l’empêchaient encore de se conduire comme un sauvage. Mais pour combien de temps ?
Chaque jour, les démons qui hantaient son âme gagnaient du terrain, et Damian se sentait perdre la bataille.