La grève est aussi ce geste délibéré par quoi l’on refuse de devoir penser toujours seulement à ”ce qui sera”.
L’acharnement qu’on a mis à faire de Mai 68 un simple phénomène générationnel, ou existentiel, ou social, ou sexuel, etc., afin d’occulter – ou de simplement voiler – que Mai fut d’abord la plus longue et la plus grande grève qui eut jamais lieu en France est à la hauteur de la haine qui lui fut vouée, c’est-à-dire aussi : de la peur qu’il fit monter
Le blocage est seul capable, dans une grève, de faire sortir de ses gonds le temps quotidien
La grève est bien, comme la fête, le temps du travail suspendu
La grève est la mise en crise du fonctionnement infini et total de la société
Les thèses qui suivent, éparses, se rejoignent sur un refus : celui de la pensée, tellement commune, mais morte, qui fait de la grève un moyen. Elles -chacune à leur manière, et des lieux divers d’où elles surgissent – contredisent ce dogme. Elles disent que la grève est la fin ; elles en chantent l’éloge
Ces thèses sur le concept de grève sont des thèses sur le concept mythique de grève. Elles ont pour lieu le temps plein et tragique de l’Histoire