Citations sur On ne peut pas tenir la mer entre ses mains (42)
Huma arrête de manger, c'est sa seule arme, et elle est exaltante, cette sensation de maîtrise totale de son corps. C'est comme si on commandait à l'univers. Elle devient presque transparente. (...) Elle se dit que plus elle s'effacera, plus elle commandera à la parole d'advenir. Elle aura enfin des explications. Mais rien ne répond aux blessures. (p. 211)
On ne lui a appris ni les mots ni les gestes de la tendresse. Ce sont des langues étrangères. (p. 175)
En réalité, ils ne savent rien l'un de l'autre. La fille est une sorte d'organe en plus pour le père, un avorton de son propre tronc. Un avatar dont il peut se vanter, à l'occasion. Pas un individu. Huma a toujours attendu le jour où elle serait enfin, dans ses yeux. Sans complément, sans adjectif. Juste être. (p. 243)
Après la débâcle, Huma se demande quel sera son héritage. Il ne sera ni de terre, ni de pierre, ni de bois, ni d'argent. Elle est à présent une insulaire sans terre, une Corse errante. (p. 239)
Elle est bien obligée de se remettre à manger, un beau matin, pour ne pas perdre sa voix, pour que la parole soit un jour possible. (p. 212)
La grand-mère est le loup. Le conte aurait dû l'avouer, nul besoin d'un détour par la forêt, et les présents ne la comblent ni ne la tempèrent. (p. 162)
Je me demande ce qui m'effraie à ce point, pourquoi le chemin est si tortueux. Comme si raconter allait guérir quelque chose que je ne voulais pas guérir. Il faut peut-être le reconnaître. On chérit certaines souffrances. (p. 13)
Elle [Huma ] se sent responsable de tout, même de choses qui ne la concernent pas, pense à la moindre conséquence du plus infime de ses actes, se perd en conjectures, a l'empathie à fleur de peau. L'exact inverse de son père, en somme. (p. 249)
La musique aide. (...) Puis les livres déplient les images, offrent d'autres perspectives. Huma se nourrit de flux pour contrer la guerre qui sévit autour d'elle. Dans les partitions et les pages, elle se crée un chemin pavé de réconfort, un chemin qu'elle emprunte seule. (...)
Il n'y a pas de meilleur lieu qu'ailleurs. (p. 161)
Elle découvre que la violence est vraiment violente. (...)
l'île est considérée comme une marge explosive peuplée d'indociles profiteurs. Huma en est blessée, profondément ébranlée, mais reste toujours du côté des Indiens face aux colons. (p. 110)