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Critique de bibliomanu


J'étais prêt. Oui, j'étais prêt, définitivement prêt à sortir l'artillerie lourde, à savoir le dictionnaire encyclopédique des superlatifs. J'étais même tout disposé à en inventer quelques uns, histoire d'illustrer l'intérêt croissant que j'avais porté à Jeff Lindsay et à son héros ambivalent, Dexter.

Trois mois venaient de passer depuis le jour où j'avais appris que le troisième tome allait enfin paraître. Trois mois que j'attendais avec une impatience toute juvénile, que mon portefeuille vibrait sous mon costume, en proie à une fébrilité que je ne lui connais guère. Trois mois, enfin, que je battais le rappel à droite et à gauche, auprès de tous ceux à qui j'avais vivement conseillé de lire Ce Cher Dexter et le Passager noir (rebaptisé Dexter revient lors de sa sortie en poche), que je laissais des post-it sur le bureau de mes collègues de travail: "Tremblez. Bientôt, Dexter se rappellera à vous...".

Sans nul doute, il s'agissait là des séquelles laissées par l'enchantement de la lecture des premiers tomes : maîtrise parfaite des intrigues, un narrateur dont l'absence totale d'émotion ne peut laisser indifférent et, cerises sur le gâteau, un humour et un cynisme ravageurs. Une alchimie si évidente que les studios américains ne s'y sont pas trompées en faisant de Dexter, une excellente série.
De fait, je n'ai pas pu m'empêcher de me poser la question suivante : Dexter, victime de son succès télévisuel ? Car ce troisième tome est une bien belle daube des familles, qu'on se le dise.

Ce n'est pas dans mes habitudes de parler ainsi d'un livre mais là, franchement, difficile de faire autrement. Dans cette histoire, Dexter n'a pas seulement perdu son Passager noir, cette entité indispensable à l'exécution de ses crimes. Il s'est aussi défait de tous ses attraits pour finalement revêtir un costume dont la trame est composée ainsi : 40% grand-guignolesque - figurez-vous que c'est confirmé, les enfants de la compagne de Dexter, brisés, ont en eux le même potentiel pour devenir des tueurs en série et insistent pour que leur beau-père se décide à les initier -, 30% stupidité - l'un de ces mêmes enfants voit les ombres noires planer au dessus des gens très très méchants - 30% absurdité - Dexter succombe aux notes de musiques sacrificielles résonnant dans sa tête et se livre naturellement à ses kidnappeurs - 10% vide -

-.

On ressort de cette lecture avec le sentiment que Jeff Lindsay a bataillé dur pour donner un semblant de forme à tout ça. Il n'aurait pas dû se donner cette peine.
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