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Critique de Voirac


HISTOIRE DE LA COMMUNE COMME SI VOUS Y ÉTIEZ.
Lissagaray (1838-1901) était un journaliste de la gauche républicaine qui a rallié la commune dès le premier jour puis s'est exilé en Angleterre. Après l'amnistie des communards de 1880, il est revenu à Paris où il a décortiqué toutes les archives et interrogé les témoins directs pour retracer « l'histoire immédiate » de cette épopée patriotique socialiste et certainement utopique.
Le peuple de Paris refuse la défaite contre les Prussiens et tente d'organiser un réarmément de la France en regroupant les forces vives de province. Les chiffres (effectifs, armement) nous apprennent qu'il était largement possible de repousser l'envahisseur. Mais comment soutenir un mouvement révolutionnaire contre une Assemblée élue au suffrage universel ? Nous ne sommes pas dans la Russie de 1917. Les masses paysannes ont pris l'habitude de voter comme tous les autres Français. D'autre part, le peuple est fatigué de la Révolution. La Commune attribue cette apathie ou cette hostilité à un manque d'informations. Or, elle n'a rien d'autre à proposer que la guerre civile ; et personne ou presque, n'est prêt à suivre les Parisiens révoltés sur ce chemin. Très vite la Commune se trouve isolée. Les tentatives de communalisme en province ont rapidement tourné court : à Lyon, les canuts, en pleine activité, ne songent pas à la moindre révolte. le Midi rouge s'enflamme peu. le « socialisme » confus et contradictoire associé au drapeau rouge effraie une bonne partie de la France.
Ce livre nous fait vivre au jour le jour l'organisation des communaux, leurs comités directeurs (comité central, comité de salut public, les mairies d'arrondissements) spontanés mais souvent concurrents et désorganisés. Trop de démocratie ? manque d'un leader charismatique ?
Cette belle utopie humaniste qui voulait ériger Paris en république indépendante va aller à l'échec. Assiégée à l'ouest par Thiers, à l'est par les Prussiens, elle va subir une répression épouvantable par une armée vaincue à Sedan qui a voulu reconquérir son prestige en fusillant 20.000 fédérés y compris femmes et enfants, en arrêtant 40 000 personnes, tout ça pour pour venger la mort de 64 otages et une résistance à une assemblée royaliste. Il semblerait en effet que la commune ait eu quand même l'effet positif d'avoir évité la restauration. Et contrairement à la propagande versaillaise, l'étude des archives n'a montré aucune trace de complot, de secte, de meneur. C'est sans doute le caractère disproportionné de la répression qui a contribué à créer le mythe de la Commune. Il est en effet difficile de ne pas compatir au sort des vaincus traités de façon ignominieuse et vengeresse.
A noter que les deux grands écrivains de l'époque, Hugo et Zola ont sur la situation des opinions opposées : alors que le premier est plutôt favorable au mouvement et réprouve surtout sa répression, Zola écrira : « Le but des insurgés était bien d'anéantir Paris tout entier. […] Ceux qui brûlent et qui massacrent ne méritent pas d'autre juge que le coup de feu d'un soldat. »
Ce livre est passionnant car il nous replonge «  en direct » dans une page d'histoire qui fait encore polémique, même si l'auteur a choisit son camp.
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