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Critique de Bigmammy


Dans la famille Littell, tout le monde connaît désormais Jonathan, auteur des inoubliables Bienveillantes ; on a moins lu son père, Robert, journaliste américain longtemps posté à Moscou, et grand spécialiste de l'espionnage.
Ce que nous offre ici Robert Littell est un chef d'oeuvre : c'est l'histoire de la fascination mutuelle que se vouent Ossip Emilievitch Mandelstam, poète russe, et Joseph Vissarionovitch Staline. En 1934, Mandelstam écrit sur le maître du Kremlin des épigrammes de plus en plus critiques, au point de le traiter de « bourreau et d'assassin de moujiks ».
La Tchekha se déchaîne, et Mandelstam entre dans le noir univers de la torture physique et morale, où il retrouve quelques braves soviétiques innocents, qui finissent par se dire que si la Parti les trouve coupables, c'est qu'ils ont bien commis quelque faute, mais laquelle ?
Staline, qui admire le poète, décide qu'il aura la vie sauve, ce qui nous fait visiter une société où on survit grâce à la profonde et débrouillarde humanité dont est capable le Peuple russe, et où les jeunes cadres dénoncent allègrement leurs supérieurs pour prendre les bonnes places, et s'approprier leurs glacières électriques.
Mandelstam, « armé du pouvoir explosif enfermé dans le noyau des poèmes », choyé par sa douce épouse Nadejda, tient le coup un moment, terrorisé et divagant, mais toujours vivant. Il meurt en 1939 au « Camp de la Deuxième rivière », ce qui fait dire à Staline : « le con ! comment vais-je faire maintenant ? »
Il y a eu beaucoup de tableaux du Goulag, mais celui-ci, avec son humour, son humanité, sa vérité, son écriture splendide, mérite absolument d'être lu.





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