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Staline aime la poésie c’est pourquoi il ne fait pas tuer le grand poète Ossip Mandelstam qui ose s’opposer à lui, mais la souffrance et la mort dans un camp sera quand même au bout du chemin de celui qui l’appelait « Le montagnard du Kremlin ». Cette biographie romancée raconte les dernières années du poète par sa voix, celles de sa femme et de ses derniers amis. On assiste à sa descente aux enfers, mais aussi à celle d’hommes que l’on torture pour leur faire avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis.
L’Hirondelle avant l’orage est une mise en scène remarquable du peuple russe face au système arbitraire et terrifiant mis en place par Staline.
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Dans cet admirable livre, Robert Littell nous décrit le portrait du poête Ossip Mandelstam. Homme de conviction et de courage, il n'hésitera pas à décrire tout le mal qu'il pense de Staline qu'il surnomma "le montagnard du Kremlin". Vivant dans un appartement vétuste avec son épouse Nadedja, il paiera très cher sa poésie diffamatoire. Littell donne la parole à Mandelstram, à son épouse, à ses meilleurs amis Boris Pasternak (l'auteur du Docteur Jivago) et la poêtesse Anna Akhmatova pour raconter cette révolte. Et à travers Mandelstram c'est tout un peuple opprimé, bafoué, réduit au silence que conte Littell. Avec une force évocatrice remarquable, Littell décrit l'absurdité d'un régime et l'incroyable chemin de croix mené par le poête. Un roman virtuose, captivant qui vous prend aux tripes et ne vous lache qu'a la dernière ligne. Avec en filigramme une question complexe : l'art peut t'il vaincre un régime dictatorial ?
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C'est tout moi de me retrouver à lire un livre pareil pendant mes vacances ! Voici une plongée en apnée dans la vie (ne valant bientôt plus très cher) de Ossip Mandelstam, un poète - un grand poète, et peut-être même le plus grand poète russe du 20ème siècle- incroyablement courageux/ ou fou/ ou les deux qui vécut dans les terribles années 30 en U.R.S.S. et qui osa défier Staline en rédigeant un poème subversif disant tout haut ce que tout le monde/la plupart savent, que les paysans dans les campagnes crèvent de faim à cause de la collectivisation, que le chef adulé est en fait un assassin et un bourreau de ses sujets. Ce roman choral prête voix au poète mais aussi à son entourage, sa femme Nadejda et d'autres acteurs ayant gravité autour de cette histoire. Bien que le sort d'à peu près tous les citoyens soviétiques fut effroyablement pénible sous le régime stalinien, Robert Littell choisit de montrer celui des artistes, muselés par la dictature à produire uniquement des oeuvres à la gloire du régime. C'est très bien documenté même si c'est romancé. Je lis en parallèle La fin de l'homme rouge de Svetlana Alexievitch ce qui apporte un éclairage intéressant aux deux lectures. Je recommande ce livre, mais pas nécessairement en vacances, les scènes dans la Loubianka (sinistre prison moscovite habitée par de non moins sinistres interrogateurs) donnent froid dans le dos, et c'est un euphémisme. Vous ne pourrez manquer d'être touchés par le sort de cet artiste et héros méconnu (du moins, méconnu de moi) et instruits de cette page d'histoire (à moins que vous ne connaissiez déjà bien cette période de l'histoire russe).
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Dans la famille Littell, tout le monde connaît désormais Jonathan, auteur des inoubliables Bienveillantes ; on a moins lu son père, Robert, journaliste américain longtemps posté à Moscou, et grand spécialiste de l'espionnage.
Ce que nous offre ici Robert Littell est un chef d'oeuvre : c'est l'histoire de la fascination mutuelle que se vouent Ossip Emilievitch Mandelstam, poète russe, et Joseph Vissarionovitch Staline. En 1934, Mandelstam écrit sur le maître du Kremlin des épigrammes de plus en plus critiques, au point de le traiter de « bourreau et d'assassin de moujiks ».
La Tchekha se déchaîne, et Mandelstam entre dans le noir univers de la torture physique et morale, où il retrouve quelques braves soviétiques innocents, qui finissent par se dire que si la Parti les trouve coupables, c'est qu'ils ont bien commis quelque faute, mais laquelle ?
Staline, qui admire le poète, décide qu'il aura la vie sauve, ce qui nous fait visiter une société où on survit grâce à la profonde et débrouillarde humanité dont est capable le Peuple russe, et où les jeunes cadres dénoncent allègrement leurs supérieurs pour prendre les bonnes places, et s'approprier leurs glacières électriques.
Mandelstam, « armé du pouvoir explosif enfermé dans le noyau des poèmes », choyé par sa douce épouse Nadejda, tient le coup un moment, terrorisé et divagant, mais toujours vivant. Il meurt en 1939 au « Camp de la Deuxième rivière », ce qui fait dire à Staline : « le con ! comment vais-je faire maintenant ? »
Il y a eu beaucoup de tableaux du Goulag, mais celui-ci, avec son humour, son humanité, sa vérité, son écriture splendide, mérite absolument d'être lu.





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Pour un poème non publié, seulement dit à une poignée de personnes, dont une a parlé, Ossip Mandelstam, poète russe connut le Goulag, la torture à la Loubianka, dans les caves de laquelle les tchékistes torturaient, et exécutaient les prisonniers d'une balle dans la tête. "Mort d'un arrêt cardiaque" telle était le message que recevaient les familles sous Staline.
Ce roman très documenté, écrit après une visite de l'auteur à la veuve de l'écrivain Ossip Mandelstam, retrace ses 5 dernières années de vie, dans une "ville moins douze" c'est à dire loin des 12 plus grandes villes de l'URSS, puis au goulag où il mourut. Son corps fut jeté à la fosse commune.
Terrible témoignage sur cette période, sur les procès dans lesquels chacun pouvait être accusé, déporté, ou exécuté pour un autocollant de la tour Eiffel sur une valise, la vie dans les camps, les fosses communes...on y retrouve une partie de l'atmosphère décrite par Arthur Koestler dans "Zéro et l'infini".
L'auteur nous dépeint ces personnages Staline d'une part, Mandelstam et les écrivains d'autre part fascinés les uns par les autres, se craignant mutuellement mais pouvant avoir parfois des relations très troubles
Un livre qui peut être complété par la lecture de "Contre tout espoir" de Nadejda Mandelstam, veuve de Ossip Mandelstam.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Il a beaucoup été écrit sur la dictature stalinienne qui est maintenant du ressort de l'histoire. Avec ce roman, Robert Littell nous la fait revivre de façon pathétique, telle que l'ont vécue le poète Ossip Mandelstam et ses proches. On y ressent profondément l'absurdité de ce système et l'impuissance de ses victimes, mais aussi toute la force de la poésie de Mandelstam, que ce texte donne envie de connaître. Un mélange de fiction romanesque et d'histoire comme je les aime.


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Le destin tragique d'un poète russe. Quelques vers contre Staline le conduiront à son arrestation, son exil, sa déportation, ... sa mort. Comment passer d' " ingénieur de l'âme humaine " à ennemi du peuple ? Staline a fait de sa paranoïa un instrument de pouvoir qui mènera des millions de russes à être tués ou déportés. Contrôlé, espionné, dénoncé, arrêté, torturé, déporté, mise à mort, ... les craintes quotidiennes d'un peuple soumis à ce régime totalitaire. L'auteur réussit avec habilité à nous dépeindre les relations entre le pouvoir et l'artiste, mais aussi à nous décrire le fatalisme de l'âme russe et le système répressif en place. À lire.
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Relecture, après La peste sur vos deux familles, de ce roman de Robert Littell.



En 1979, Robert Littell rencontre la veuve de Mandelstam, qui lui lâche, lorsqu'il la quitte : "Surtout ne parlez pas anglais dans le couloir !"

Robert Littell prend la mesure du traumatisme : « Elle n'arrivait plus à s'arracher aux cauchemars de la période stalinienne, quand le moindre contact avec un étranger vous envoyait au goulag. »

Robert Littell met 30 ans à écrire « L'Hirondelle avant l'orage », dont le titre original ‘The Stalin Epigram » dit encore mieux l'horreur : pour ce poème, Mandelstam est condamné.

Le fond est historique : en novembre 1933, Mandelstam a effectivement écrit cette épigramme, contre « le montagnard du Kremlin », qu'il a récitée (prudence vaine) à un cercle restreint d'amis, et qui a conduit à sa perte.

L'originalité (et sa limite, par ce mélange réalité – fiction) du roman tient dans la rencontre imaginée entre Mandelstam et Staline, furieux que Mandelstam refuse d'écrire un poème de propagande. Mandelstam fait montre, devant l'homme de fer, d'une volonté d'acier qu'il exprime avec poésie.



Le livre commence par une réception organisée par Gorki. Censure immédiate : certains invités sont rayés de la liste à la demande de Staline.

Il alterne les voix de Nadejda Mandelstam (l'épouse), Anna Akhmatova (la maîtresse), Fikrit Shotman, un champion d'haltérophilie compagnon de cellule de Mandelstam ; Boris Pasternak, ami de Mandelstam, et Mandelstam lui-même.



Fikrit Shotman, qui a un autocollant de la tour Eiffel sur sa valise, est interrogé, puis condamné :
- « Je suis ici par erreur
- Parlons clair. Vous, qui êtes membre du Parti depuis 1928, le croyez capable de commettre des erreurs ? »



Sergo, qui a évoqué la famine organisée en Ukraine, également.
« - Je voudrais demander au camarade Staline comment un écrivain – suivant l'esthétique imposée du réalisme socialiste – doit traiter le sujet de la collectivisation. Si nous devons être réalistes dans la forme, nous devons décrire le chaos, la misère…
Quiconque se tient au courant de ce qui se passe sait que la famine gagne de vestes régions d'Ukraine, et pourtant, d'après la Pravda, l'Union soviétique continue à exporter du blé. Pourquoi n'envoyons-nous pas d'urgence des cargaisons de nourriture dans les zones les plus touchées plutôt que de vendre nos céréales à l'Ouest ? »



Les exigences du réalisme socialiste sont définies : « C'est l'esthétique qui s'imposera désormais aux arts visuels, au théâtre, au cinéma et à toute forme d'écriture créative. le réalisme socialiste proclame que l'art ou la culture n'existent pas dans l'abstrait. Tout art et toute culture servent la Révolution ou le Parti, ou pas. le réalisme socialiste affirme que l'art, quel qu'il soit, doit être réaliste dans la forme et socialiste dans le fond - il reconnaît que les écrivains sont des ingénieurs de l'âme humaine et, en tant que tel, qu'ils ont l'obligation morale d'inspirer au prolétariat soviétique des rêves socialistes. »



Mandelstam se « défend » comme il peut.
« « Nom, prénom, patronyme ? me cria le garde, un homme décharné au crâne rasé et à l'haleine fétide
- Mandelstam, Ossip Emilievitch, criai-je en retour, comme si je répondais à un sergent instructeur
- Pourquoi criez vous ?
- Je crie parce que vous criez
- Je ne crie pas, rétorqua le sergent instructeur. Je parle de ma voix normale.
(…)
Mandelstam c'est votre vrai nom ?
Je hochai la tête. Sans lever les yeux, il cria :
- Je n'ai pas saisi la réponse à ma question. Mandelstam est-il votre vrai nom ou un pseudonyme ?
- Vrai nom
- Répondez en phrases complètes, pas en fragments.
- Les fragments sont ce dont j'étaye mes ruines, criai-je
- Répétez ça
- Mandelstam est mon vrai nom
- Profession ?
- Je suis poète
- Poète n'est pas une profession prolétarienne reconnue par les statuts soviétiques
J'eus une inspiration.
- Je suis ingénieur des âmes humaines.
Il ne parut pas reconnaître l'expression attribuée à Staline par les journaux.
- Quels services rendez-vous à l'Etat ? cria-t-il. Qui vous paie pour services rendus ?
- Je compose de la poésie, mais ça fait des années que je n'ai pas été rémunéré pour ce service rendu.
- Rémunéré ?
- Rétribué. Payé.
Il griffonna les mots intellectuels et parasite dans le registre. »




« - Vous êtes armé ?
A ma surprise, Ossip a hoché la tête.
- Il se trouve que oui
(…)
- de quoi êtes vous armé ? Et où cachez-vous l'arme ?
- Je suis armé du pouvoir explosif enfermé dans le noyau des poèmes. Je cache les poèmes en question dans mon cerveau. »



Hommage à Mandelstam, pour l'ambiance et les dialogues, finement écrits, à lire.
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Ossip Mandelstam est un poète russe qui aura eu le sinistre privilège d'ébranler le système stalinien. L'hirondelle avant l'orage est une version romancée de sa vie, du récit de ses démêlés avec ce qui était la « justice » de l'époque.

Robert Litrell, après sa rencontre avec la veuve du poète, a décidé de raconter à sa manière le conflit entre Staline et Mandelstam, qui avait osé critiquer son régime dans un de ses derniers poèmes. L'auteur, via les voix des acteurs de cette sombre période, nous donne à voir une Russie en pleine déchéance ainsi que le danger de s'élever contre le système stalinien.

Parmi les voix qui traversent le livre, il y a celle de Nadedja Mandelstam, muse et épouse du poète, mais aussi celles du garde du corps personnel de Staline, du poète Pasternak, et celles d'un ancien champion russe d'haltérophilie et d'autres personnes qui croisèrent la route d'Ossip.

Plein de poésie et d'un réalisme étonnant, ces témoignages, bien que fictifs, nous entraînent au coeur d'un système sans compromis, qui remet en cause le statut d'écrivain et sa place au sein de la société. Nous assistons à la descente aux enfers de Mandelstam, qui refusa de se plier à l'hypocrisie de son époque…

« Peut-être devrions-nous tous commettre les crimes dont on va nous accuser »

Lorsque l'on repense au début du roman, en connaissant tout ce que vont endurer les Mandelstam, on ne peut s'empêcher de ressentir un pincement. En effet, L'hirondelle avant l'orage s'ouvre sur la description de Mandelstam par sa femme. le lecteur a alors affaire à un écrivain-génie, charmeur et plein de force. Rien à voir avec l'homme broyé par les tortures et les persécutions que le régime stalinien lui aura fait subir, quelques centaines de pages plus loin.

Il en est de même pour la situation de ce fameux soir qu'évoque Nadedja : Ossip et son épouse prennent sous leur aile une jeune femme avec qui ils vont faire un ménage à trois, le temps d'une nuit… Mais méfiance, on ne peut être audacieux avec tout le monde… La lecture d'un poème de Mandelstam fera souffler un vent de trahison parmi ses proches.

« C'est le siècle chien-loup qui sur moi s'est jeté ». Ces paroles de Mandelstam résument parfaitement ce qui le mènera en prison, puis en déportation : Staline est un dictateur et on ne peut l'attaquer sans en subir gravement les conséquences. Ces mots vont le conduire au cachot : « montagnard du Kremlin », « bourreau », « assassin », « ses doigts sont gras comme des vers », « moustache de cafard ».

En parallèle du destin du poète, le livre nous donne à voir ceux de ses contemporains. Il y a parmi eux Fikrit Shotman, un ancien champion d'haltérophilie, accusé de crimes qu'il n'a pas commis, amené à confesser des traîtrises que sa naïveté n'aurait jamais imaginées.

L'entraide des amis du couple Mandelstam croise les actes de torture dans les prisons du Kremlin, où les tortionnaires jouent à la roulette russe avec les prisonniers.

Mandelstam se laisse submerger par la folie et imagine qu'il rencontre en personne Staline, qui se confie à lui. Malade, exilé loin de Moscou, nous pensons que le régime va l'abandonner à son triste sort. Non, jusqu'au bout, il s'acharnera sur lui.

L'hirondelle avant l'orage nous présente un âge sombre, un pays en pleine décomposition sous le joug de son dictateur, Staline. Mais il témoigne aussi du courage d'Ossip Mandelstam qui refusa toujours de s'incliner et qui plaça la poésie au-dessus de toute règle.
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Robert Littell a mis trente ans pour accoucher de ce livre, dont il raconte l'origine dans l'épilogue. En 1979, l'ex-reporter de Newsweek, spécialiste de la Russie et du Moyen-Orient, avait eu la chance de rencontrer à Moscou la veuve du poète Ossip Mandelstam. « Ne parlez pas anglais dans le couloir », avait lâché Nadejda en le raccompagnant à sa porte.
Cette phrase, depuis, n'a cessé de le hanter.
Il est dangereux de parler anglais à Moscou en 1979. L'HIRONDELLE AVANT L'ORAGE, d'une épure formelle impeccable, rend compte de façon déchirante ce que peut être l'arbitraire le plus absolu, un arbitraire confinant à la folie pure et simple.
Ce livre est tout à la fois bouleversant et tragiquement drôle. On lit, écoeuré et médusé, les procès de Moscou ; les détours tortueux empruntés par les procureurs zélés (futurs accusés pour la plupart) pour faire avouer des fautes inexistantes dont la plupart des victimes finiront par se croire réellement responsables.
L'HIRONDELLE AVANT L'ORAGE est peut-être le plus beau livre de son auteur, pas de l'ampleur phénoménale de LA COMPAGNIE, mais d'une poésie et d'une humanité sans pareille.
Grand grand livre.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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