Je n'ai jamais été comme ça. Avant, je me poin-tais au bureau (assez tard), passais en revue une ou deux idées de programmation, appelais tous mes potes puis filais au pub vers les 6 heures. En gros, le cocktail idéal, deux tiers de glande et un tiers de travail.
Mais la journée d'aujourd'hui est typique du nouveau régime auquel je m'astreins. Je suis arrivée à l'aube, j'ai passé la moitié de la matinée à envoyer des e-mails râleurs et je n'ai même pas eu le temps d'aller aux toilettes.
Comme si ça ne suffisait pas, Brat, mon assistant pré-pubère, s'est montré quasi inutile toute la matinée. J'essaie de faire preuve de patience, mais tout à l'heure j'ai dû l'envoyer pour la cinquième fois corriger l'ordre de déroulement de l'épisode de demain, Sœurs rivales (c'est l'épisode où Allan, un laitier de Sheffield, accuse sa sœur Jean, une ménagère de Grimsby, d'aider des extraterrestres à kidnapper son enfant), et Brat était à deux doigts de pleurer. A présent, je viens de demander à Olive, la standardiste, comment s'en sortait Brat (son vrai nom c'est Ben, mais Brat lui est resté), et elle m'a dit qu'il me trouvait dure.
Moi ? Dure ? Je croyais que j'étais adorable.
N'ayez aucun ami. C'est la solution la plus simple. Ou, si vous avez des amis, changez-en tous les six mois environ. Arrachez les pages de votre Filofax, effacez la mémoire de cotre agenda électronique, brûlez votre carnet d'adresse et recommencez à zéro. Sinon, ça devient vite trop compliqué.
Parce que, admettons que vous deveniez la meilleure amie de quelqu'un, viendra un jour (comme aujourd'hui) où vous vous apercevrez que vous êtes debout depuis 9 heures du matin, avec la gueule de bois, un dimanche, sous la pluie, à transbahuter des cartons dans votre voiture jusqu'à l'autre bout de la ville.
Et, en dépit du fait que la dernière fois que vous les avez aidé à déménager, ils ont juré dur comme fer que ça serait leur adresse définitive, vous voilà en train de suer sang et eau en haut d'une nouvelle volée de marches...