Dans un État formé, qui subsiste, et se soutient, en demeurant appuyé sur les fondements, et qui agit conformément à sa nature, c'est-à-dire, par rapport à la conservation de la société, il n'y a qu'un pouvoir suprême, qui est le POUVOIR LÉGISLATIF, auquel tous les autres doivent être subordonnés ; mais cela n'empêche pas que le POUVOIR LÉGISLATIF ayant été confié, afin que ceux qui l'administreraient agissent pour certaines FINS, le peuple ne se réserve toujours le pouvoir souverain d'abolir le gouvernement ou de le changer, lorsqu'il voit que les conducteurs, en qui il avait mis tant de confiance, agissent d'une manière contraire à la FIN pour laquelle ils avaient été revêtus d'autorité.
Chapitre XIII.
La liberté naturelle de l'homme, consiste à ne reconnaître aucun pouvoir souverain sur la terre, et de n'être point assujetti à la volonté ou à l'autorité législative de qui que ce soit; mais de suivre seulement les lois de la nature.
L'homme, ainsi qu'il a été prouvé, ne peut se soumettre au pouvoir arbitraire d'un autre; et, dans l'état de nature, n'ayant point un pouvoir arbitraire sur la vie, sur la liberté, ou sur les possessions d'autrui, mais son pouvoir s’étendant seulement jusqu'où les lois de la nature le lui permettent...
Enfin, il (le peuple) a le droit de repousser une violence présente, non de tirer vengeance d'une violence passée. La nature a donné le pouvoir de faire l'un, pour la défense de notre vie et de notre corps; mais elle ne permet point l'autre; elle ne permet point, sans doute, à un inférieur de punir son supérieur.
Tout homme possède une propriété sur sa propre personne. À cela personne n'a aucun Droit que lui-même.
C’est pourquoi, partout où il y a un certain nombre de gens unis de telle sorte en société, que chacun d’eux ait renoncé à son pouvoir exécutif des lois de la nature et l’ait remis au public, là et là seulement, se trouve une société politique ou civile.