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Critique de StCyr


Changement de décor est une histoire de tour de passe-passe, ayant pour ressort narratif le choc des cultures. L'université de Rummidge, située dans les Midlands, et celle de Euphoric State University, au États-Unis, sont jumelées, en raison d'une lubie de leurs architectes respectifs, une reproduction, fort libre, de la célèbre tour de Pise. La version américaine, en pierre blanche, comme on pouvait s'y attendre, est d'une hauteur double à l'originale et sa cousine britannique, hideusement constituée de brique rouge, est moitié moins grande que le monument toscan. En revanche, les deux édifices présentent une belle et impeccable verticalité. En foi de quoi, ces institutions ont mis en place un programme régulier d'échange de professeurs pour une durée de six mois. Si le poste proposé dans l'établissement américain attire les convoitises, en raison du traitement alléchant, de l'intérêt de la mission et du cadre de vie agréable de cette contrée qui évoque San Francisco, celui dévolu au candidat américain, au sein d'une université pas vraiment cotée, dans l'atmosphère on ne peut plus maussade d'une ville qui ressemble furieusement à Birmingham, dans le climat rien moins que paradisiaque du centre de l'Angleterre, ne peut prétendre approcher, de quelque façon que ce soit, l'attrait du job proposé outre-Atlantique. Et pourtant, curieusement, seront-on tenté de dire, un universitaire reconnu, exégète de Jane Austen, se porte candidat, pour la simple raison, que son couple battant de l'aile, sa femme, lassée de ses frasques, lui a intimé l'ordre de prendre la tangente ou c'est le divorce immédiat. Son homologue britannique, Philip Swallow, une nullité en comparaison, pas même titulaire d'un doctorat, gracieux comme un porte manteaux, s'est vu proposé perfidement l'enviable échange, afin de l'éloigner provisoirement, pour proposer à son détriment, une promotion à un jeune collègue, bien plus doué que lui.

Le roman qui se situe en 1969, dans un climat en pleine ébullition, sous la poussée d'une jeunesse revendicatrice, est donc le récit en parallèle de deux personnages dissemblables, aux prises avec les singularités et les particularismes parfois fort déroutants de deux cultures, dont ils ne maîtrisent pas toujours les codes. le résultat est absolument savoureux, d'autant plus que le récit est magistralement conduit, notamment grâce aux variations de technique narrative : récit classique quoique fort singulier et drolatique, échanges épistolaires, coupures de journaux locaux, narration affectant l'aspect d'un film, avec les différentes techniques mises en oeuvre dans le septième art. Complètement sous le charme, me rendant compte, in extremis, que Changement de décor était le premier volet d'une trilogie, dont j'avais, curieusement, par ailleurs, le troisième volume, je me suis précipité en catastrophe c'est mon bouquiniste, absolument ravi de trouver un exemplaire, complètement défraîchi, de la suite, intitulée un Tout petit monde, trop content de poursuivre mon commerce avec ces personnages et leur créateur.
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