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Maurice Couturier (Traducteur)Yvonne Couturier (Traducteur)
EAN : 9782869304871
373 pages
Payot et Rivages (01/10/1991)
3.93/5   770 notes
Résumé :
Deux avions se croisent en plein ciel quelque part au-dessus du pôle Nord : l'un transporte un professeur américain brillant, spécialiste de Jane Austen, qui arrive d'une grande université de la côte Pacifique, l'autre un professeur anglais un peu médiocre qui vient d'une université des Midlands et n'a d'autre titre de gloire que de savoir concocter des épreuves d'examen. Ils ont décidé d'échanger leur poste pour une durée de six mois.
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Critiques, Analyses et Avis (58) Voir plus Ajouter une critique
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Il est bon quelquefois de changer de décor, càd de lieu de vie, et par là –même de vie, même si ce n'est que temporaire. Heu...bon, avons-nous dit ? Peut-être que oui, peut-être que non.
C'est ce qu'ont fait respectivement Philip Swallow et Morris Zapp, deux professeurs de langue et littérature anglaises et américaines, habitant l'un à « Rummidge », ville imaginaire des Midlands, et l'autre sur la côte ouest des USA.
L'échange doit durer 6 mois, et ils partent seuls. Plus de femme, plus d'enfants. Seuls avec leurs rêves et leurs regrets. Seuls face aux tentations. Seuls avec leur caractère modelé par la vie ancienne, face à une nouvelle vie.
Le parallélisme de leur situation est flagrant, et David Lodge s'est bien amusé : les révoltes estudiantines de la fin des années 60, les épouses et leur envie de s'épanouir ailleurs que dans leurs casseroles, les nouveaux collègues et leurs querelles intestines, tout cela formera un bloc face à ces arrivants, bloc auquel ils devront faire face inévitablement.

J'ai dit que Lodge s'était bien amusé, mais moi, je me suis passablement ennuyée. Oui, j'ai ri quelquefois, j'ai souri à plusieurs reprises, là où l'humour anglais a encore frappé. Mais je m'attendais à m'amuser follement, comme dans « Thérapie », par exemple.
Lodge, à certains moments, a changé sa narration, et une des parties se transforme en roman épistolaire. C'est cette partie qui m'a vraiment bien plu, car on pouvait deviner derrière les écrits tous les non-dits. Une autre section du livre recense des extraits de journaux. Bof. Une autre encore est écrite sous forme théâtrale. Mieux.
Mais en général, j'ai été assez déçue.

Je n'ai pas envie de m'appesantir davantage sur un roman qui m'a déjà semblé assez lourd.
Et donc je vais m'empresser, après cette lecture, de changer de décor.
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Attention, profs en vacances ! Pas en vacances scolaires ou universitaires, tellement banales et si vite revenues qu'on finirait (enfin j'imagine) par s'en lasser. Non, de vraies vacances de six mois, bien dépaysantes, exotiques à souhait puisqu'il s'agit pour Philip Swallow, l'Anglais, de s'en aller enseigner sur la mythique Côte Ouest et pour Morris Zapp, l'Américain, d'aller s'enterrer au coeur des Midlands, dans un de ces échanges universitaires aussi réjouissants que fructueux (au moins pour ceux qui en profitent), grandioses témoignages d'ouverture au monde et de partage d'expérience.
Autant le dire tout de suite, on sort très vite des brochures en papier glacé et de leurs slogans lénifiants pour découvrir les vraies motivations de cet échange d'enseignants en littérature anglaise. David Lodge écrit avec beaucoup d'humour et ses lecteurs en profitent tout au long de ce récit sur lequel l'ombre de Feydeau plane assez fréquemment. Les portes ne claquent pas mais les couples se font, se défont, s'échangent sur un rythme assez soutenu. Tandis que Philip découvre les joies de la révolution sexuelle des seventies et les heurts de la contestation étudiante dans une cité qui ressemble beaucoup à San Francisco, Morris entreprend, à sa façon, de moderniser les pratiques de la grise université de Rummidge où sa grande expérience des conflits estudiantins fait l'admiration et le profit de ses collègues anglais lorsque commencent à déferler sur la sage Angleterre… «les cheveux longs des garçons, les jupes courtes des filles, la promiscuité sexuelle, les Rapports, les crayons à bille - en somme presque tout ce qui constitue le monde moderne. »
Tout cela est fort réjouissant, les situations et les dialogues sont remplis de cet humour pince-sans-rire qui fait une bonne partie du succès des auteurs anglais de ce côté-ci du Channel. On ne s'ennuie jamais et c'est très bien écrit.
Mais il serait regrettable de négliger les apports intellectuels de nos deux professeurs, car, après tout, s'ils échangent leurs postes (et beaucoup d'autres choses), c'est également pour enseigner la littérature. Autant que le lecteur en profite pour enrichir une culture générale déjà conséquente (merci) mais tout de même pas encore encyclopédique.
Prenez Morris, par exemple, grand spécialiste de Jane Austen (il a même caressé un temps l'idée d' « une série de commentaires sur Jane Austen qui prendrait en compte toute la littérature sur le sujet, examinant chaque roman l'un après l'autre et disant absolument tout ce qu'on pouvait en dire…Le but de l'exercice, comme il l'avait souvent expliqué avec toute la patience dont il était capable, était non pas d'aider le lecteur à mieux aimer et à mieux comprendre Jane Austen, encore moins à célébrer la gloire de la romancière elle-même, mais de mettre un terme une fois pour toutes au tas de conneries que l'on pourrait être tenté d'écrire sur le sujet.) »
Il a reculé devant l'ampleur de la tâche d'autant que sa femme, ayant appris qu'il serrait de trop près une de ses étudiantes, s'en était émue (je parle de l'étudiante serrée, pas de Jane Austen), entraînant… des complications… assez chronophages…enfin, vous voyez.
A la réflexion, ça ne doit pas être facile tous les jours d'être un auteur classique… Revenons à la grande Jane Austen, dont Morris est toujours le spécialiste :
« Aux yeux de Morris Zapp… la vie était transparente, la littérature opaque. La vie était composée de choses, la littérature de mots. Avec la vie, il fallait s'en tenir aux apparences…avec la littérature, il ne fallait jamais s'en tenir aux apparences… Cette incapacité à maintenir la vie et la littérature dans deux catégories distinctes conduisait à toutes sortes d'hérésies et d'absurdités : à dire que l'on puisse « aimer » ou « ne pas aimer » certains livres, par exemple, ou à déclarer que l'on préfère tel auteur plutôt que tel autre et toutes ces fariboles qui, comme il ne cessait de le rappeler à ses étudiants, ne présentaient absolument aucun intérêt pour personne, sauf pour eux (parfois, il les scandalisait en déclarant qu'…il trouvait personnellement Jane Austen totalement chiante.) »
Pauvre Jane !
« Tout ce qu'il savait de l'Angleterre… les innombrables repères concrets qui foisonnaient dans le pays et qui constituaient autant de preuves historiques de l'existence des grands auteurs : les registres de baptême, les plaques commémoratives, les faux lits, les cabinets de travail reconstitués, les pierres tombales gravées et tout ce genre de niaiseries. Il y avait au moins une chose qu'il n'allait pas faire pendant qu'il était en Angleterre, c'était aller sur la tombe de Jane Austen.
Il a dû exprimer cette pensée à haute voix, car Mary Makepeace (sa voisine dans l'avion) lui demande soudain si Jane Austen est le nom de son arrière-grand-mère. Il dit que c'est peu probable. »
Cela me fait réaliser avec effroi que j'ignore tout de Jane Austen, mis à part, ce qui me place tout de même nettement au-dessus de Mary Makepeace, le fait qu'elle n'est pas l'arrière-grand-mère de Morris Zapp. Je n'ai rien lu d'elle. Vous pensez qu'il faudrait que je m'y mette ? Je demanderais bien conseil à Zapp pour savoir par où commencer, mais j'ai un peu peur des complications (et aussi de ce qu'il raconte à ses étudiants), alors je compte sur vos suggestions. Quant à ceux d'entre vous qui ne connaitraient pas encore David Lodge, débuter avec ce Changement de décor me semble une excellente et réjouissante idée.
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Le pari était risqué mais parfaitement tenu ! Deux professeurs d'université, un Anglais, Philip Swallow et un Américain, Morris Zapp, vont pendant six mois faire l'échange de leurs postes… et de fil en aiguille de leurs vies…

Nous sommes en 1969. Morris Zapp est un spécialiste de Jane Austen mais n'a jamais mis les pieds en Angleterre. Homme moderne, divorcé et remarié, père de trois enfants nés de ces deux mariages, il n'hésite pas à s'offrir quelques étudiantes. Sa femme est sur le point de le quitter, raison pour laquelle il accepte ce séjour à l'université de Rummidge dans ce pays pluvieux et conservateur…
Pour Philipp Swallow, homme marié et fidèle, subvenant difficilement aux besoins d'une femme au foyer et de trois jeunes enfants, un séjour à l'université américaine d'Euphoria, dans un pays où la clémence du climat et la liberté des moeurs sont un enchantement, se présente sous les meilleurs auspices. Également professeur de littérature mais sans aucune spécialité ni aucune publication à son actif, il s'apprête à retourner avec plaisir sur les traces de sa jeunesse…

Avec un humour désopilant, David Lodge nous raconte cet échange rocambolesque entre ces deux personnages que tout semble opposer au premier abord, en profitant pour faire une satire comparée des moeurs universitaires. Et si l'Anglais s'adapte vite aux révoltes étudiantes et s'avère beaucoup moins coincé que prévu, l'Américain va remettre de l'ordre à l'université de Rummidge, touchée à son tour par le mouvement de rébellion estudiantin et empêcher une jeune femme d'avoir recours à l'avortement… L'un et l'autre font connaissance de leurs femmes respectives et le glissement se fait peu à peu pour aboutir à une situation inextricable.

Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on ne s'ennuie pas tout au long de cette histoire de destins croisés qui utilise divers styles, romanesque, épistolaire, journalistique, pour terminer en scénario d'un film…qui nous laisse sur la fin.
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Ce livre m'a été conseillé et prêté par un ami comédien qui le porte aux nues. Après l'avoir lu, je comprends bien pourquoi ! C'est une vraie comédie de moeurs burlesque et caustique, très théâtrale par moment. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Charlot et Buster Keaton pendant la scène de poursuite dans le 'paternoster', lorsque le professeur Masters, ancien soldat et grand chasseur de sanglier en Hongrie, poursuit Morris Zapp : "Paralysé par la peur, il laissa passer le huitième, le neuvième, le dixième et le onzième étages, et s'enfonça ensuite dans les limbes, ce fouillis de rouages grinçants et de lumières clignotantes qu'il y avait au sommet de la cage. La cabine dans laquelle il se trouvait fit une embardéede côté et amorça ensuite sa descente....Tandis que Morris était planté là, il vit apparaître devant lui, Masters qui descendait lentement, la tête en bas. Tous les deux se dévisagèrent, complètement médusés, et Morris vit Masters disparaître devant lui." Ce livre est truffé de petits intermèdes décalés résultant de la découverte d'un autre mode de vie par les deux protagonistes principaux, le britannique Philip Swallow, triste professeur de l'université poussiéreuse de Rummidge, et Morris Zapp, éminent professeur de la faculté réputée d'Euphasia, Californie, "où le soleil brille tout le temps". Ces 2 professeurs échangent leurs postes pour 6 mois et nous assistons à la superposition, au mélange de leurs deux mondes, de leurs deux vies "Imaginez, si vous le voulez bien, que chacun de ces deux professeurs de littérature anglaise reste lié à son pays d'origine, à son lieu de travail et à son foyer par un cordon ombilical infiniment élastique, un cordon fait d'émotions, d'attitudes et de valeurs, qui s'étire et s'étire jusqu'à devenir presque invisible, sans jamais atteindre toutefois son point de rupture" Cet échange a lieu en 1969 sur fond de mouvement contestataire étudiant et libération sexuelle et donne lieu à un prévisible quadrille amoureux. C'est un joyeux méli-mélo et différents styles d'écritures se succèdent : les récits entrelacés, une publication de "lettres aux épouses" restées au pays, un chapitre de petites annonces locales, un scénario de cinéma pour le dernier chapitre "Ce que je veux dire, c'est que, mentalement, vous sentez que vous arrivez au dénouement du roman et vous vous y préparez. en lisant, vous êtes bien obligés de constater qu'il ne reste plus qu'une page ou deux dans le livre, et que vous vous apprêtez à le refermer. Dans un film, en revanche, pas moyen de le savoir...." FIN. Pour connaître la suite, rendez-vous 20 ans plus tard dans "un tout petit monde" et "Jeu de société"
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L'université d'État d'Euphoria (États-Unis) et l'université de Rummidge (Angleterre) ont un point commun : une réplique de la tour penchée de Pise, ce qui a paru suffisant pour que deux professeurs échangent leur poste chaque année.
En 1969, Philip Swallow découvre les États-Unis, l'université d'Euphoria et ses étudiants. Dans le même temps, Morris Zapp découvre l'Angleterre, l'université de Rummidge et ses étudiants.
J'ai éclaté de rire au début du livre sur une vengeance savoureuse d'une élève du professeur Zapp. Pour le reste, j'ai souri, parfois.
Le style sarcastique de l'auteur est un délice, mais j'ai peiné à m'intéresser aux personnages.

Lien : https://dequoilire.com/chang..
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
01 septembre 2023
Il est quasiment impossible de ne pas adorer cette histoire.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
[1969- dans un avion volant pour l'Angleterre] : "Excusez-moi"
C'est la blonde à lunettes d'à côté. Elle a un magazine ouvert sur ses genoux, l'index appuyé sur la page comme pour marquer l'endroit.
"Puis-je vous demander votre avis sur une question d'étiquette ?"
Morris sourit en lorgnant le magazine. "Ne me dites pas que Ramparts tient maintenant une rubrique consacrée à l'étiquette ?"
- Si une dame remarque qu'un homme a la braguette ouverte, doit-elle l'en avertir ?
- Absolument.
- Votre braguette est ouverte, cher monsieur", dit la fille, et elle retourne à sa lecture, relevant son numéro de Ramparts pour se cacher le visage tandis que Morris s'empresse de rectifier sa tenue.
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"Dites-moi, vous n'avez rien remarqué de bizarre dans cet avion ?
_ Bizarre ?
_ Au sujet des passagers ?"
Le magazine retombe, les lunettes bombées se tournent lentement vers lui.
"_ Il y a vous, j'imagine.
_ Ah ! vous l'avez remarqué, vous aussi ! s'exclame-t-il. Ca vient de me sauter aux yeux. Pendant que j'étais aux chiottes... C'est pour ça que... Merci quand-même de m'avoir prévenu. Il fait un petit geste vers sa braguette.
_ Je vous en prie, dit la fille. Mais dites-moi, comment se fait-il que vous vous trouviez sur ce charter ?
_ Une de mes étudiantes m'a revendu son billet.
_ Ah ! je comprends maintenant, dit la fille. Je ne voyais pas comment vous pouviez avoir besoin de vous faire avorter."
BINNNNNNNNNNNNNNGGGGGGGGGG ! Ca fait tilt et boum tout d'un coup dans la tête de Morris Zapp. Il jette un coup d'oeil par-dessus son siège. Cent cinquante-cinq femmes rangées les unes derrière les autres - certaines dorment, d'autres tricotent, d'autres encore regardent par les hublots, toutes (et c'est maintenant qu'il le remarque) anormalement silencieuses, absorbées, déprimées. Quelques regards croisent le sien, mais il ne peut soutenir leur éclat meurtrier. Il se retourne, gêné, vers la blonde, et, pointant le pouce d'un geste gauche par-dessus son épaule, il murmure d'une voix rauque : "Vous voulez dire que toutes ces femmes... ?"
Elle hoche la tête.
"Sacré nom de Dieu !"...
"Excusez-moi de vous poser la question, dit la blonde, mais je suis curieuse. Vous avez pris l'aller-retour et tous les suppléments, les honoraires du chirurgien, les cinq jours de convalescence dans une clinique et l'excursion à Stratford-upon-Avon ?
_ Que vient faire Stratford-upon-Avon dans tout ça, sacré nom de nom ?
_ Ca vous redonne le moral après, paraît-il. Ils vous font voir une pièce.
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(L'Indien) n'arrêtait pas de sourire. Prenant un micro portatif et fixant les yeux sur Morris qui était toujours le seul client, il dit d'une voix tonnante :
"BONSOIR MESDAMES ET MESSIEURS ! Notre première artiste ce soir est Fifi, la soubrette française. Merci."... la musique s'enfla et une blonde, vêtue d'un minuscule tablier en dentelle par-dessus des sous-vêtements et des bas noirs, vint se planter avec son plumeau sous le projecteur.
"Eh bien, si je m'y attendais", dit Morris à haute voix.
Mary Makepeace (car c'était bien elle) fit un pas en avant, portant la main devant ses yeux pour se protéger de la lumière. "Qui est-ce ? Je connais cette voix.
_ Comment était-ce à Stratford-upon-Avon ?
_ Hé, professeur Zapp ! Qu'est-ce que vous faites ici ?
_ j'allais vous poser la même question."
L'Indien accourut. "S'il vous plait ! S'il vous plait ! Les clients n'ont pas le droit de parler avec les artistes. Je vous prierai de poursuivre le spectacle, Fifi.
_ Ouais, poursuivez, Fifi, dit Morris.
_ Ecoutez, cet homme n'est pas un client, c'est quelqu'un que je connais, dit Mary Makepeace. Ne comptez pas que je me déshabille devant lui. Surtout qu'il n'y a personne d'autre dans la salle. C'est indécent.
_ Mais le strip-tease est indécent. Il est fait pour ça, dit Morris.
_ Je vous en prie, Fifi ! supplia l'Indien. Si vous commencez, peut-être que d'autres clients vont venir.
_ Non, dit Mary.
_ Vous êtes virée, dit l'Indien.
_ D'accord, dit Mary.
_ Venez boire un coup, dit Morris.
_ Où ?
_ Au Hilton ?
_ Si c'est vous qui m'invitez, dit Mary. Je vais chercher mon manteau."
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"_ Tu ne trouves pas qu'il est un peu petit ?
_ Il m'a l'air tout à fait correct.
_ Depuis quelque temps, je trouve qu'il est un peu petit.
_ Une étude récente a montré que quatre-vingt-dix pour cent des Américains estiment que leur pénis est plus petit que la moyenne.
_ J'imagine qu'il est naturel de vouloir être parmi les dix pour cent les mieux pourvus...
_ Ce ne sont pas les dix pour cent les mieux pourvus, idiot, ce sont les dix pour cent qui ne s'en inquiètent pas. En fait, il ne peut pas y avoir quatre-vingt-dix pour cent en dessous de la moyenne.
_ Ah. Je n'ai jamais été bon en statistiques.
_ Là, tu me déçois, Philip, tu me déçois. Je croyais que tu n'étais pas obsédé par ta virilité. C'est ce qui me plaît chez toi.
_ Mon petit pénis ?
_ Non, que tu ne réclames pas sans arrêt des satisfecit pour tes performances sexuelles. Avec Morris, il fallait à chaque fois que ce soit une baise quatre étoiles. Quand je ne poussais pas de gémissements, n'avais pas l'oeil qui chavirait et la bouche qui écumait au moment de l'orgasme, il m'accusait de devenir frigide.
_ Il faisait donc partie des quatre-vingt-dix pour cent, lui aussi ?
_ Eh bien, non.
_ Ah.
_ De toute façon, il paraît plus petit pour toi parce que tu le vois toujours en plongée. Ca le raccourcit.
_ Je n'y avais pas pensé.
_ Vas te voir dans la glace.
_ Non, je te crois sur parole."
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La béatitude ! Plus besoin de se lever pour déjeuner en famille, de laver la voiture, de tondre la pelouse ou d'accomplir les autres tâches du sabbat séculier des Britanniques. Plus besoin, surtout, de sortir en promenade le dimanche après-midi. Aucune obligation pour lui de s'extirper de son fauteuil, l'estomac lourd après le repas dominical, d'aider Hilary à rassembler et habiller leurs rejetons récalcitrants, de se creuser la tête pour trouver une nouvelle destination, sans intérêt de toute façon, pour la promenade en voiture, ou de se traîner jusqu'à l'un des parcs de la ville où d'autres petits groupes de gens flânent nonchalamment comme des âmes en enfer, malmenés par un vent poussiéreux, au milieu de tourbillons de papiers gras et de feuilles mortes, et de passer devant des balançoires qui grincent, des terrains de football déserts, des étangs stagnants et des lacs artificiels où des barques sont enchaînées, par décret sabbatique, comme pour bien signifier l'impossibilité de toute fuite. La nausée, style Rummidge. Allons, fini tout cela, pendant six mois.
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