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Maurice Couturier (Traducteur)Yvonne Couturier (Traducteur)
EAN : 9782869304666
432 pages
Payot et Rivages (08/01/2006)
3.95/5   1079 notes
Résumé :
Où sont les campus d'antan où des professeurs de lettres besogneux erraient comme des âmes en peine entre les salles de cours, la bibliothèque et la salle des professeurs, l'intelligence en jachère, le cœur en sommeil ?

Le jumbo-jet, les médias ont changé tout cela, arrachant les universitaires d'aujourd'hui à leur solitude, les amenant à communiquer avec de lointains collèges à l'autre bout du monde. L'ère du campus global est arrivée et ses liturgie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 1079 notes
Dans ce roman, comme dans le milieu des universitaires, des tas de personnages se croisent, se toisent, s'admirent ou se méprisent.
Qu'ils soient professeurs titulaires, stagiaires, possesseurs d'une chaire ou simples assistants, tous ont en commun l'amour des mots, mais l'ambition n'étant jamais bien loin, cet amour des belles lettres ne les rend pas toujours heureux ni sympathiques d'ailleurs.

L'auteur nous entraîne dans des conférences obscures, des congrès miteux, au sein d'un univers d'érudits plus ou moins imbus de leur personne.
Entre comédie et dérision, nous arpentons des amphithéâtres, des salles de cours désertées pendant les congés scolaires, des cantines transformées pour quelques jours en bar à sherry, des dortoirs métamorphosés en chambres d'hôtel pour des invités prestigieux, et tout ça, avec un sourire amusé au coin des lèvres car David Lodge manie l'ironie avec brio.
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Roman après roman, David Lodge devient un classique des lettres anglaises, qu'il marque par son humour noir, et ses textes originaux. Un tout petit monde est un de ses plus connus, et le plus réussi. Il y dénonce d'une manière extrêmement fine les dérives du monde universitaire, en montrant ses « habitants » passant de congrès en congrès, plus ou moins miteux, plus ou moins courus, plus ou moins intéressants. Si le début est un peu désarçonnant puisqu'on suit plusieurs personnages en parallèle, petit à petit Lodge nous met à l'aise en nous faisant voir les liens plus ou moins extravagants et tortueux qui existent entre eux.

L'ère du campus global était déjà arrivée en 1984, date d'écriture du roman, et ce que j'en sais aujourd'hui montre que cela n'est pas tellement différent aujourd'hui. Les universitaires courent de congrès en congrès qu'ils sont les seuls à comprendre, et se détachent de plus en plus du monde réel, ce qui rend leurs études et leurs déplacements totalement obscurs pour le grand public. « [Après plusieurs années], il était possible d'arriver au grade de professeur et de ne rien avoir à faire d'autre qu'être absent en permanence grâce à un congé sabbatique ou à une bourse quelconque. »

Difficile de vous en dire vraiment plus sur ce roman atypique. Une seule chose de sûre : je ne verrai plus jamais les universitaires comme avant … Si vous voulez rire intelligemment, n'hésitez plus !

« Freud définissait la société primitive comme une tribu où les fils tuent le père lorsqu'il vieillit et devient impuissant, et lui prennent aussi ses femmes. Eh bien, dans la société académique moderne, ils vous prennent vos bourses de recherche. Et vos femmes aussi, bien sûr. »
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Les colloques internationaux de littérature anglaise moderne forment un tout petit monde. Quand un sujet devient très spécialisé, que la réunion soit organisée à Londres, à New York, à Tokyo ou à Athènes, ce sont toujours les mêmes têtes que l'on croise, et qui disent toujours les mêmes choses. Et qui dit cercle clos dit guerres d'ego et guerres de clan, coups de poignard dans le dos et flagorneries éhontées dans le but d'obtenir la meilleure chaire, népotisme pour placer ses poulains, ainsi que romances et infidélités.

L'introduction d'Umberto Eco résume parfaitement le livre : que vous connaissez le monde universitaire ou non, à la fin du roman, vous avez l'impression d'avoir toujours vécu dedans. Tout semblera familier : les mille et une mesquineries que l'on peut se faire entre collègues, les petites vexations éternellement rabâchées, la riche héritière qui se proclame marxiste, le professeur qui voit des symboles phalliques partout, celui qui a eu une seule bonne idée au début de sa carrière et la met à toutes les sauces depuis, …

La première partie du roman m'a particulièrement plu : un colloque est organisé au fin fond de l'Angleterre. Censé redorer le blason de l'université organisatrice, rien ne se passe comme prévu : la nourriture est mauvaise, les invités logent dans les chambres d'étudiants désertées pour les vacances d'été, les activités proposées se révèlent toutes plus minables les unes que les autres… Au vu de tous ces désagréments, personne ne viendra même à se poser la question de la qualité des conférences.

La suite est plus monotone : après la découverte de ce premier colloque raté, on passe à des intrigues un peu plus travaillées avec les mêmes protagonistes, mais qui n'apportent plus vraiment grand-chose de neuf au propos du livre. Seul le personnage de Persse, jeune professeur novice dans ce milieu et découvrant tout avec des yeux innocents, m'a sauvé de la lassitude avant la fin du roman.

Un bon moment de lecture quand même, mais un brin trop long à mon goût.
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Nous assistons à l'extraordinaire chassé-croisé de professeurs d'universités à travers le monde ; de Rummidge à New-York, en passant par Ankara, Milan, Amsterdam, Jérusalem, Tokyo...
David Lodge dépeint avec une férocité pleine d'humour les tribulations d'une tribu universitaire - les spécialistes en critique littéraire - dont les spéculations intellectuelles hermétiques sont prétextes à des congrès internationaux où ils se retrouvent régulièrement mélant allègrement ambitions professionnelles, visites touristiques, loisirs et rencontres sexuelles. Entre deux aéroports, deux décalages horaires, deux conférences, ils se retrouvent, se perdent à nouveau, mais malgré les milliers de kilomètres ne sont jamais bien loin les uns des autres. le plus jeune d'entre eux, un Irlandais encore puceau, poursuit de colloque en colloque une belle et mytérieuse jeune fille au double visage qui sans cesse lui échappe.
Cette formidable épopée au rythme très soutenu va se terminer en apothéose par un coup de théâtre final digne des meilleures comédies classiques...
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À en croire ce livre, certains universitaires vivent quelque chose d'assez spécial : ils enseignent peu, se contentant de parcourir le monde, de colloques en colloques, où ce petit monde se retrouve entre initiés, toujours les mêmes. Ils affectionnent d'être dans des pays magnifiques, tous frais payés, peu importe le thème du colloque. Ils y répètent en boucle les mêmes idées qui n'intéressent personne (surtout pas les autres conférenciers) mis à part un auditoire de jeunes thésards rêvant de prendre leur place. On peut penser qu'il y a un peu de vrai surtout dans la description de l'animosité entre professeurs. Pour autant Lodge fait dire à l'un de ses personnages que les écrivains sont des menteurs, qui écrivent que c'est noir quand c'était blanc. Alors faut-il croire Lodge ? On a envie de dire oui, autant dans la description d'une forme de belle vie tous frais payés, que dans la réalité plus sombre : ces gens ont quand même l'air bien malheureux, notamment en ménage (mais on nous explique que la routine d'un mariage est une chose horrible, donc à quoi bon ?). Ils luttent sans espoir contre une vieillesse inéluctable, quels que soient les grands colloques auxquels ils participent.
Dans ce roman, l'auteur a quand même réussi à dérouler une intrigue, il ne fait donc pas que décrire ce petit monde. Pour apprécier la lecture, il faut peut-être presque conseiller de faire une petite fiche répertoriant les personnages, car il sera beaucoup plus savoureux de mieux comprendre les engrenages (et les coïncidences bien pratiques).
Une particularité typographique dans mon exemplaire broché Rivages : tout au long du livre, quasiment à toutes les pages, la taille de la police peut changer d'une ligne à l'autre, et elle devient parfois vraiment plus petite. N'hésitez pas à me dire si j'ai là un exemplaire unique !
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critiques presse (1)
Telerama
18 janvier 2012
Mais Un tout petit monde est avant tout un livre culte, comme l'écrit Umberto Eco dans sa préface, d'un humour infini, admirablement construit et d'une acidité réjouissante.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
La chambre de Fulvia était un octogone douillettement moquetté dont les murs et le plafond étaient recouverts de miroirs rosés qui multipliaient chaque geste comme un kaléidoscope . Toute une ribambelle de Fulvia émergèrent , nues comme La Vénus de Botticelli, de l'écume blanche des robes tombées par terre et convergèrent vers lui avec leurs cent bras tendus. Toute une équipe de footballeurs , sosies de Morris Zapp, se déshabillèrent avec un empressement gauche et se retrouvèrent en caleçons, et leurs grosses pattes velues s'agrippèrent à des enfilades de fesses en forme de pêches qui se perdaient à l'infini.
"Ca vous plait ? " murmura Fulvia, tandis qu'ils se caressaient et se débattaient sur les draps cramoisis de l'énorme lit circulaire.
"Stupéfiant ! Dit Morris. On a l'impression d'assister à une orgie, sur une chorégraphie de Busby Berkeley.

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Nous sommes en juin, et la saison des colloques bat son plein. À Oxford et Rummidge, il va sans dire, les étudiants sont encore assis à leurs pupitres dans les salles d'examen, tels des prisonniers que l'on a mis aux fers, mais leurs professeurs, quant à eux, peuvent s'échapper pour quelques jours avant de s'atteler à la correction des copies d'examens ; en Amérique du Nord, en revanche, le second semestre de l'année universitaire est déjà terminé, les copies sont déjà corrigées, les diplômes distribués et les professeurs, enfin libres, peuvent profiter de leurs bourses de voyage et partir vers l'est ou l'ouest, ou aller au gré de leur fantaisie. Vrrrrrouuuummm!

Tout le monde universitaire semble être en transhumance. La moitié des passages sur les vols atlantiques en ce moment sont des professeurs d'université. Leurs bagages sont plus lourds que la moyenne, lesté qu'ils sont de livres et de papier – volumineux aussi, car ils doivent prévoir des tenues habillées aussi bien que des vêtements de sport, ce qu'il faut pour assister à des conférences ou pour aller à la plage, ou encore au British Museum, ou au Schloss, ou au Duomo, ou au Folk Village. Car si cette ronde des colloques est aussi fascinante, c'est parce qu'elle permet de convertir le travail en jeu, de combiner tourisme et activité professionnelle, et tout cela aux frais de la princesse. Grattez une communication et vous verrez le monde ! Je suis Jane Austen – Donnez-moi des ailes ! Ou Shakespeare, ou T. S. Eliot, ou Hazlitt. Tous vous donnent droit à un petit tour de manège, à un petit tour en jumbo-jet. Vrrrrrouuuummm!
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Tout le monde universitaire semble être en transhumance. La moitié des passagers sur les vols transatlantiques en ce moment sont des professeurs d’université. Leurs bagages sont plus lourds que la moyenne, lestés qu’ils sont de livres et de papiers - plus volumineux aussi car ils doivent prévoir des tenues habillées aussi bien que des vêtements de sport, ce qu’il faut pour assister à des conférences ou pour aller à la plage, ou encore au British Museum, ou au Folk Village. Car si cette ronde des colloques est aussi fascinante, c’est parce qu’elle permet de convertir le travail en jeu, de combiner tourisme et activité professionnelle, et tout cela aux frais de la princesse.
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Lorsque avril, avec ses douces ondées, a transpercé la croûte sèche de mars jusqu'à la racine et empli toutes les veines de la terre de ce liquide vital qui donne naissance aux fleurs; lorsque le zéphyr, lui aussi, de son souffle suave, a insufflé la vie aux nouvelles pousses tendres, partout dans les taillis et sur les landes, que le jeune soleil a franchi la moitié de son parcours dans le signe du Bélier, et que les petits oiseaux qui dorment toute la nuit les yeux ouverts poussent leur chant (le chant que la nature inspire à leur coeur), c'est alors, comme l'a fait observer le poète Geoffrey Chaucer il y a bien des années, que les gens éprouvent le besoin de partir en pèlerinage. Sauf que de nos jours, dans les milieux professionnels, on appelle cela plutôt des congrès.
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Lorsque avril, avec ses douces ondées, a transpercé la croûte sèche de mars jusqu'à la racine et empli toutes les veines de la terre de ce liquide vital qui donne naissance aux fleurs; lorsque le zéphyr, lui aussi, de son souffle suave, a insufflé la vie aux nouvelles pousses tendres, partout dans les taillis et sur les landes, que le jeune soleil a franchi la moitié de son parcours dans le signe du Bélier, et que les petits oiseaux qui dorment toute la nuit les yeux ouverts poussent leur chant (le chant que la Nature inspire à leur coeur), c'est alors, comme l'a fait observer le poète Geoffrey Chaucer il y a bien des années, que les gens éprouvent le besoin de partir en pèlerinage. Sauf que de nos jours, dans les milieux professionnels, on appelle cela plutôt des congrès. (page17)
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