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Critique de pompimpon


"De temps à autre, dans les journaux, magazines et annuaires biographiques, je lis des articles où l'on m'apprend, en termes choisis, que si je me suis mêlé aux vagabonds, c'est afin d'étudier la sociologie. Excellente attention de la part des biographes, mais la vérité est tout autre : c'est que la vie qui débordait en moi, l'amour de l'aventure qui coulait dans mes veines, ne me laissaient aucun répit. La sociologie ne fut pour moi qu'un accident : elle vint ensuite, tout comme on se mouille la peau en faisant un plongeon dans l'eau. Je "brûlai le dur" parce que je ne pouvais faire autrement, parce que je ne possédais pas, dans mon gousset, le prix d'un billet de chemin de fer, parce qu'il me répugnait de moisir sur place, parce que, ma foi, tout simplement… parce que cela me semblait plus facile que de m'abstenir."

Voilà qui est dit.
Jack London, cet auteur prolifique qui n'aura eu que dix-sept ans pour écrire une cinquantaine d'ouvrages dont quarante-trois parus de son vivant, Jack London donc vivait pour l'aventure et la racontait ensuite, plutôt que de décider de la vivre pour l'étudier et en faire un roman ou un récit.

C'est donc bien après avoir vécu la vie de "hobo" et avoir "brûlé le dur" qu'il nous livre un récit mouvementé de ses pérégrinations, ferroviaires ou non, dans un joyeux désordre mélangeant ses expériences de la faim, de la mendicité, de la solidarité entre vagabonds, des voyages sur le toit d'un wagon ou sous un second, coincé sur les essieux, entre deux autres et parfois tout de même, à l'abri à l'intérieur, de la course contre les gardes-frein et contre les policiers chargés d'arrêter ces clochards sans feu ni lieu, du pénitencier dont il a fait l'expérience aussi, et de la part qu'il a prise à la Marche du général Kelly en 1894, une marche de deux mille chômeurs et vagabonds allant à Washington réclamer du travail.

Des mille façons dont il parvient à embobiner des âmes charitables aux mille autres d'attraper un train en marche, Jack London nous livre ses trucs, le vocabulaire de ces vagabonds du rail dont il a partagé le quotidien.

Sa plume est alerte, on croirait le voir s'animer en nous détaillant comment il est parvenu à chaparder le meilleur des rations des vagabonds du général Kelly, et ses démêlés avec les "taureaux", ces policiers qui lui couraient après pour le jeter hors de la ville ou dans une geôle nous font rire autant qu'ils nous ébahissent.

C'est une lecture sans temps mort, qui embarque en un seul grand mouvement plein de générosité et d'humanité.
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