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Critique de fulmar


« En attendant Ciaran », ça aurait pu faire un titre de bouquin, mais paraît que ça va faire du boucan. Mais qu'est-ce « qu'a fait » Jacques Vabre pour mériter ça ?
Une transat lentique, un départ en deux temps, d'abord une vague houle pour les petits bateaux, dans la houle y gagnent, vandale et vent d'Ouest, mais qui s'retrouvent à l'Est, direction Lorient, puis l'attente au havre, calme et tranquille, pour les Imoca, au café robusta, mais qui craignent le gros temps, lourds à gants de velours, imposants mais fragiles, pas prévus pour Ciaran, la déferlante qui va faire vite. Serrez les amarres, avant d'en avoir marre, de cette tempête qui en jette, des sorts dans les ports.

Et London qui sonne, il fait l'union Jack, avec son petit roman, son premier, son bébé, lancé dans l'aventure littéraire, « La croisière du Dazzler », y a de l'air dans la mer, va-t-il s'en sortir, de San Francisco qui s'embrume, avec son héros qui s'enrhume, Joe le dinghi, c'est sa vie, vas-y Joe, vas-y fonce, sur ce rafiot, dans la nuit vers l'Amazonie.

Initiation à tout va, je sens l'inexpérience, la mer ça fait des vagues, quand on part comme matelot, c'est qu'on n'a pas dompté les flots, l'ado qui met les bouts, y a du mou dans la corde à noeuds, c'est bancale dans la cale, le gouvernail qui déraille, chercher l'Eldorado, mais ça reste à ras d'eau, mettre les voiles ça hérisse les poils, l'aventure c'est la vie à la dure, la croisière ça m'use.

J'avais envie de partir en mer, non mais, allo oui, ne pas penser à la mort, pas dans une gigantesque épopée, genre Moby Dick ou Typhon, une petite aventure de moins de 200 pages, qui reste près du bord, sans remous ni remords. Oui mais avec des pirates, ça passe ou ça rate, la rivalité pour la liberté, mais aussi l'amitié, qui entretient l'espoir, de sortir des bas-fonds, de refaire surface, pour envisager l'avenir, en laissant des souvenirs.

Jack London, une vie à force sept, au forceps, ça souffle dans toutes les directions, l'océan, les îles, le grand Nord, la misère des villes, mais toujours les valeurs de l'humain, même si le climat assène des coups, s'en sortir par l'éducation et la culture, le social en tous lieux, dénoncer l'injustice pour rebondir, garder l'espoir, rester en vie.
Récits, romans ou nouvelles, mais toujours du réel, parfois limite fantastique, mais toujours magnifique, un style enlevé et incisif, qui emporte le lecteur addictif dans un tourbillon de péripéties où le mal sera surmonté après une succession d'avaries en tous genres.

Ce premier roman est une ébauche, une manière de se faire la main, d'échauffer sa plume, un livre classé jeunesse quand on sait ce qu'il a écrit depuis. le loup des mers est en attente, son hurlement résonnera plus tard, quand le scenario aura mûri dans la tête de l'écrivain.
A ne pas confondre avec La croisière du Snark, récit de voyages dans les mers du Sud, réellement vécue celle-là.
Le magot rapporté par Joe, substitué aux pirates, ramène le jeune héros à son point de départ, la maison familiale. Je vous le dis, une mise en train, bien que le moyen de transport n'avait rien de ferroviaire, pas de chemin de fer, juste son chemin à faire, en mettant les voiles, pour s'affirmer et trouver sa voie, d'eau, en mer et contre tout.

« Tous les trésors du monde ne sauraient acheter une vie humaine, pas plus qu'ils ne sauraient réparer une vie perdue, remplir et embellir une vie laide et mesquine ».

J'ai vu et lu dans ce roman d'apprentissage l'esquisse de tout ce que sera l'oeuvre de Jack London, féconde bien que ramassée sur à peine deux décennies. Un volcan en éruption permanente, un Mozart de la littérature.
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