Citations sur Petit guide des égarés en période de crise (12)
... l'hédonisme, au sens d'une revendication du jouir éternel, est une fausse liberté et un facteur destructeur. L'amour de soi jusqu'au mépris de tous n'est pas un programme de vie heureuse. Les enfants du divorce sont trop souvent des laissés-pour-compte des caprices infantiles de leurs parents. Les femmes délaissées avec deux ou trois gosses, en HLM, paient cher les caprices du démon de midi de monsieur. Au final, ce sont toujours les faibles qui paient l'addition (l'addiction) et sont invités à fermer leur gueule. Une rupture (parfois inévitable !) est toujours plus dure pour celle ou celui qui reste. La réalité, c'est que l'on ne peut pas vivre sans éthique ni règles.
Woody Allen résume assez bien ce que nous sommes devenus : je suis né de confession israélite... mais je me suis assez vite converti au narcissisme." Le "tout à l'ego" est la maladie de la modernité et nous sommes en train d'en crever.
Vous savez, on peut traverser toute son existence comme une mouche !
Nous voulons être beaux pour être aimés, mais en réalité il faut aimer pour être beau. Comment casser ce cercle infernal ? Notre désir va de soi à soi en utilisant le monde, autrui, pour le réduire, à notre propre mesure. C'est par facilité que nous disons que les autres sont "des relations merveilleuses". En réalité, ils sont d'abord un risque ou une proie dont notre désir, qui réduit tout alter ego à sa mesure, veut supprimer l'étrangeté. Or le réel, la vie, l'humanité, dont nous faisons à chaque instant l'expérience, dépassent infiniment ma toute petite idée que nous nous en faisons.
Chaque pas, dans notre propre vie, nous rapproche de notre mort. Et cela, tout être humain, surtout quand il veut l'oublier, le sait.
"Les sociétés occidentales qui se présentent comme des modèles de démocratie sont en réalité devenues des collections d'ego juxtaposés. Comme le résume très justement le penseur allemand Peter Sloterdijk : "Si les Occidentaux n'ont pas de mal aujourd'hui à se définir comme démocrates, ce n'est généralement pas parce qu'ils ont la prétention de soutenir la communauté politique par des efforts quotidiens lais parce qu'ils considèrent à bon droit ma démocratie comme la forme de société qui leur permet de ne penser ni à l'Etat, ni à l'art de l'appartenance."
...notre désir est un bon serviteur mais un mauvais maître. Nos passions (l'argent, le sexe, le pouvoir), quand elles deviennent des addictions, c'est-à-dire quand elles tournent en boucle, finissent par nous dominer. Elles nous maîtrisent. elles nous terrassent. Elles nous déshumanisent.
"Le fait central des Temps modernes n'est pas que la Terre tourne autour du soleil, mais que l'argent court autour de la Terre" résume joliment le philosophe allemand Peter Sloterdijk. Depuis le départ de Christophe Colomb de Séville en 1492, nous avons englobé notre planète de réseaux successifs, maritimes, ferrés, aériens, d'ondes et enfin de réseaux Internet. C'est ce qu'on appelle la globalisation...Pourtant, au moment où l'ubiquité est à notre portée, alors que nous sommes tous connectés, nous ne savons pas comment rétablir le lien social! C'est à dire rétablir le lien avec notre voisin de bureau, la femme seule avec trois enfants à l'étage du dessous et que nous n'osons pas trop approcher de peur d'avoir à l'aider ... Il faut des milliers d'heures d'écoute pour comprendre .. Comment avons-nous pu croire un instant qu'avec notre pauvre globish des aéroports et conseils d'administration, nous pourrions créer la fraternité universelle en deux clics sur facebook.
Les meilleures stratégies ne sont rien si des personnes ont décidé, inconsciemment, qu'elles ne travailleraient pas ensemble. Le dessous d'un bon contrat est une relation humaine solide, une forme d'amitié qui n'est jamais dite."
Akèdia est un mot grec qui signifie l'indifférence, la négligence, l'absence de pitié. Employé avec le "a" privatif, il est le contraire du verbe kédéuo "prendre soin, avoir le souci de ". Celui qui est dans l'acédie, c'est celui qui ne se soucie plus de lui-même ni des autres. C'est un "sans-pitié"