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Critique de jucoq


« Vivance ». Mais qu'est-ce que c'est que ce titre ? Après quelques recherches sur le Net, on trouve vite que le mot est apparenté à la sophrologie : « le principe est celui de la rencontre du corps et de la psyché à l'intérieur de la conscience. Cette rencontre, qui se produit en niveau sophronique, apporte un ou des changements parfois intimes et profonds. le corps devient présent de façon extrêmement fine dans la conscience. » (Nathalie Baste dans Sophrologie en 68 notions). Et le narrateur de Vivance, deuxième livre de David Lopez, en sait quelque chose, de la rencontre du corps et de l'esprit, lui qui enfourche son vélo et voyage par monts et par vaux.
Des raisons du départ du narrateur, on ne saura pas grand-chose. On se doute que la rupture avec Renata, qu'il aimait, n'y est pas pour rien et nourrit ses désirs d'enfourcher son vélo qu'il nomme Séville : « Aujourd'hui, si je devais faire une telle chose ce serait plutôt en espérant que le hasard me fasse retrouver Renata, dont j'ai totalement perdu la trace ». Mais il y a aussi cette inondation qui se produit dans son village, peut-être la goutte d'eau, le signal pour prendre le large. le narrateur de Vivance pourrait reprendre les mots prononcés par Félix Ferrer dès l'incipit du beau roman de Jean Echenoz : « Je m'en vais ».
Rien n'est parfaitement clair dans Vivance, en faisant une grande partie de son charme. le voyage du narrateur n'est donc ni situé géographiquement (aucune ville ou lieu n'est mentionné), ni chronologiquement (combien de temps part-il ?). Plus déroutant, David Lopez bouleverse quelque peu l'ordre chronologique de ses scènes, sans pour autant défigurer la compréhension qu'on se fait de ce voyage à vélo.
Vivance parle de liberté (« la liberté c'est métabolique quoi, c'est la plus grande des richesses ça bordel »), de la douleur physique, de l'errance et du voyage, de l'amour perdu et, surtout, des contacts qu'on noue. David Lopez est décidément très doué pour dépeindre ces brèves rencontres qui ponctuent les voyages, ces personnes qui ne peuvent s'empêcher de vous poser des questions sur le pourquoi du comment de votre voyage, pour mieux parler d'elles (« Il m'a parlé de je ne sais plus qui, le cousin de la copine de son beau-frère, quelque chose d'aussi alambiqué que ça, voyageur lui aussi, enfin lui c'était pour les vacances, il était allé dans un pays comme ça, il ne savait plus où, mais bon, voilà. Parfois, les gens vont très loin chercher ce qui les fera exister dans la conversation. »). On y rencontre donc un grand-père et sa petite-fille, un paquet d'hommes qui estiment tout savoir, une femme atteinte d'Alzheimer, une autre victime de ses préjugés racistes, etc. L'auteur s'attardera longuement sur la rencontre de Noël, triste personnage aux trois tentatives de suicide, et habité par un désir de mort.
Un beau voyage que ce Vivance, à la langue proche de celle que l'on parle. Un livre qui donne deux envies : celle de partir, pas forcément loin, en solo, et de rencontrer des hommes et des femmes qui « parlent tous de leurs désirs inassouvis ». Et le désir de (re)lire le premier roman de David Lopez, Fief.
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