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Citations sur Figures du communisme (28)

La fatalité historique du communisme est de n’avoir jamais eu lieu et pourtant d’avoir été grevé d’images désastreuses. À la place desquelles il faut mettre enfin des images de ce qu’il pourrait être lui, réellement. Sortir du capitalisme demeurera un impensable tant que le communisme demeurera un infigurable (ou un « inrefigurable »). Car le communisme ne peut pas être désirable seulement de ce que le capitalisme devient odieux. Il doit l’être pour lui-même. Et pour l’être il doit se donner à voir, à imaginer : bref, se donner des figures.
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Dans la situation qui est la nôtre en effet, la conséquence commande de se rendre à trois énoncés qui ne se négocient pas facilement : 1) le capitalisme est entré dans une phase où il détruit l’humanité, par conséquent l’humanité va avoir à choisir entre persévérer tout court et persévérer dans le capitalisme – pour s’y éteindre ; 2) jamais les capitalistes ne se rendront à leur responsabilité homicide ni (donc) ne renonceront à la poursuite du (de leur) jeu, les tours les plus spécieux de raisonnement seront déployés pour convaincre de la possibilité, de la nécessité même, de continuer, les pires violences aussi s’il le faut (et de plus en plus il en faudra) ; 3) il n’y a aucune solution de renversement, ni même de simple arraisonnement, du capitalisme dans le cadre des institutions politiques de la « démocratie », ou plutôt de ce qui se fait appeler ainsi, seul un dégagement d’énergie politique phénoménal peut empêcher le capitalisme d’emmener l’humanité jusqu’au bout du bout, un dégagement qui porte usuellement le nom de « révolution ».
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Le rétablissement de l'égalité dans le rationnement kilométrique (ou plutôt en CO2) — puisqu'on voit mal par quel autre procédé produire un effet concret en cette matière — s'obtient en extrayant le voyage de sa forme capitaliste, qui le défigure en TOURISME. Et en prenant l'habitude d'une révision drastique de nos normes de mobilité internationale, c'est-à-dire en rompant avec celles que le capitalisme nous a mises dans la tête, et qui nous font trouver ordinaire d'avoir le changement de continent à une demi-journée de transport. Sauf dernier degré de l'inconséquence, il faut admettre que ces normes étaient folles, que nous partirons moins, séjournerons moins, mais avec quelques chances que ces séjours, plus rares mais possiblement plus longs, s'apparentent davantage à quelque chose comme des VOYAGES.
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En France, par exemple, la galerie des références du journal de référence est une sorte d'EHPAD de la vie des idées (et ceci de manière tout à fait indépendante de l'âge des pensionnaires, bien sûr), la pensée consacrée y a le pouvoir de percussion d'une pantoufle ou d'un déambulateur.
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Dans les multiples, grotesques, et honteuses usurpations dont ils se sont rendus coupable, les publicitaires, après le « concept » et la « créativité » (misère des « créatifs »), ont jeté leur dévolu sur « la ville », ses « lumières » et ses « couleurs ». La publicité « embellit la ville », voilà le genre de saleté que ces crétins barbus en tongues et lunettes épaisses n'hésitent pas à soutenir. Ôtez la publicité et vous retournez à Berlin-Est d'avant la chute du mur, ou à Tirana. La vérité est plutôt : mettez à bas les panneaux JC Decaux, rendez la ville aux grapheurs, aux artistes de rue, en fait à tout le monde, et vous verrez l'explosion de formes, de couleurs, d'idées, de slogans. Qu'on ouvre des concours pour les gigantesques bâches des immeubles en travaux — pour sûr on y verra autre chose que des montres, des parfums ou des téléphones portables en 20 mètres par 10. Mais on ne sait pas si l'on doit en vouloir aux publicitaires : eux-mêmes morts-vivants, comment pourraient-il faire la différence entre la vie vivante et la vie morte, perdus dans le flot des images marchandes ? On sait en tout cas qu'on les empêchera de nuire : évidemment, la publicité viendra très haut dans la liste des choses à abolir. Fermeture du secteur de la publicité : en voilà un exemple typique de l'orientation de la division du travail.
L'erreur publicitaire, concentré pur de l'erreur capitaliste, c'est d'avoir pris le désir de marchandise pour le désir tout court. Puis d'avoir conclu que, sans marchandise, le désir désertait le monde — et la couleur et la lumière avec. Avec un peu de recul, on n'en revient pas d'une escroquerie de cette magnitude. Tout dans la conjoncture présente, notamment dans les prises de vue, contredit ce mensonge énorme, et dit la poussée du désir — de faire, de peindre, de grapher, d'écrire, de construire, de créer, mais cette fois pour de vrai, c'est-à-dire hors de la valeur d'échange, hors des commandements du capital.
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Fini l'arrivée continuelle sur "le marché" de voitures clinquantes farcies d'options ineptes, fini les téléphones portables à performances aussi mirifiques qu'inutiles, ou les frigos connectés.
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L'obsession fossilotrope ou carbocentrique a en effet cette vertu de concentrer (réduire) la totalité du désastre écologique dans la seule question du CO2 et des objectifs de température. Pendant ce temps, par un mot de la question des déchets, de la pollution des nappes et des océans, de la prolifération des substances pénibles, de la destruction de la diversité, donc des grands équilibres biotopiques, de la banquise restée trop longtemps inexploitée — les volumes toujours.
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Au vrai, les médias « progressistes », ou sens assez exact que le macronisme a donné à ce terme, ne sont que la pointe la plus visible derrière laquelle on trouve la masse compacte des inconséquences et des refus de voix, des intellects dissociés et des pratiquants de la dissonance. On y lutte de toutes ses forces pour PRÉSERVER. Pour préserver quoi ? L'idée qu'on s'en tirera à moindre frais — entendre : DANS le capitalisme. « Changer nos modes de vie », ça voudra dire trier encore plus soigneusement nos déchets, multiplier les kilomètres de pistes cyclables, prendre des objectifs solennels de compensation carbone quand on est chef d'entreprise, multiplier les numéros spéciaux « sobriété » quand on est un hebdo, reconvertir en hype le recyclage des vieux vêtements. Et quand on aura fait tout ça, quand on aura assimilé toutes les encyclopédies des « petits gestes », on aura modifié nos modes de vie et ça ira.
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Ça fait des décennies que la science avertit de toutes sortes de risques, substances cancérigènes, réchauffement climatique, propagation pandémique maintenant — et qu'elle arrose le sable. Le quotidien-de-référence-très-engagé-dans-la-lutte-contre-la-crise-écologique (Le Monde, ses scientifiques, ses people, ses polices de caractère) peut donc interroger un spécialiste qui nous met assez explicitement en garde : « Si nous ne changeons pas nos modes de vie… », suivi d'une prévision assez terrifiante, ÇA N'IMPRIME PAS. Tout le reste des pages du Monde n'est qu'une gigantesque ratification implicite de « notre mode de vie », et jamais ne passe la première velléité d'en envisager le changement : il faut surveiller la dette, être attentif au marché, faire l'indispensable réforme des retraites, leur prévoir de justes compléments capitalisés (à ce propos consultez nos pages « Épargne–argent », mais aussi parce qu'il faut se détendre nos suppléments « Beaux-objets », le raffinement embellit la vie), encourager l'innovation, libérer les énergies, COMME D'HABITUDE.
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C’est que tout dans la crise du Covid incrimine le capitalisme dans ses tendances les plus fondamentales. Et dessine en creux un paysage souhaitable, dont le principe directeur serait : relever les personnes de la précarité, en finir avec les angoisses de l’aléa économique, avec le tourment de l’incertitude, avec l’oppression de la question : « qu’est-ce qu’on va devenir ? » Il n’y a pas de réponse possible, il n’y a pas de repos possible, dans le capitalisme, qui fait dépendre les existences matérielles de deux entités souveraines, mais tyranniques, et surtout portées au dernier degré de l’instabilité dans le régime néolibéral : le marché et l’emploi. Que la vie matérielle des gens soit accrochée à ces deux maîtres fous, c’est ce avec quoi il faut en finir.
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