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Critique de elea2020


J'ai lu quasiment sans discontinuer ce roman, emportée que j'étais par la psychologie de ce personnage déroutant qu'est Elsa Préau, et par ses actes.

Dès le départ, Elsa nous est présentée comme une femme fragile psychologiquement, instable, entre le délire et la réalité, et nous progressons peu à peu dans ses raisons et son cheminement mental devient le nôtre. Je l'ai trouvée au départ manipulatrice et désagréable dans ses relations avec son fils et sa belle-fille, mais je n'arrivais pas vraiment à me distancier d'elle, à la trouver mauvaise. J'avais un recul sur certains points, je la trouvais sympathique sur d'autres.

A mon sens, il y a du suspense, parce que si on sait assez vite ce qu'elle a déjà fait, on en ignore la raison, et surtout la part fondamentale de la réalité qui lui avait été cachée. Tout est fait pour nous orienter vers cette conviction qu'elle est folle, invente tout et converse avec les fantômes - et puis ce n'est pas si simple. Tout s'explique, et j'ai été bluffée : si bien sûr je voyais venir à peu près ce qui allait se passer, je ne savais pas pourquoi et ça change tout !

La construction du roman est redoutable d'ingéniosité et d'efficacité, j'ai aimé ces encarts constitués de différents écrits, lettres, qu'elle affectionne d'envoyer pour donner son avis ou se plaindre de la situation. Elsa a une belle plume, et se montre souvent avisée dans sa compréhension du monde, et en même temps parfois ridicule et dangereuse. Ses pensées paranoïaques la poussent à faire du mal ; elle se conduit un peu comme les complotistes qui détruisent les antennes 5G, mais elle va bien plus loin...

Elsa Préau est un personnage que l'auteur nous donne à voir dans toute sa complexité, et il reste néanmoins difficile, voire impossible de la juger, tant son histoire fait d'elle aussi une victime, entraînée dans ses actes vers un destin bien particulier. de plus, elle est âgée, candidate atypique au crime qu'elle ourdit en se donnant un rôle de justicière. Enfin, le ton est souvent ironique, voire comique, on ne peut s'empêcher de rire de ses sorties, ou de ce que ses actes paraissent vus de l'extérieur. Sophie Loubière tisse une toile dans laquelle le lecteur est pris avec délice, et dont il ne sort, tout empoissé, qu'à la toute fin du roman, ravi de s'être laissé prendre.
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