Les refuges

De manière inconsciente, nous élaborons des artéfacts qui concourent à annihiler les épreuves traumatisantes qui marquent notre existence. Ainsi, la drogue, l'imaginaire, l'alcool ou les croyances mystiques sont des refuges ou chaque individu peut se replier. En partant de ce postulat, ce thriller psychologique surprenant, nous plonge dans une ambiance de plus en plus oppressante au coeur d'une intrigue tortueuse, dérangeante et profondément sombre. Mêlant entre deux époques différents protagonistes dont un enquêteur hanté par un terrible passé et une journaliste désabusée à une sordide histoire de disparitions, le récit multiplie les faux semblants et d'incroyables rebondissements. Un puzzle littéraire en huis clos, sur fond de conte et d'un poème de Goethe, habilement construit qui explore la psyché d'une manière terriblement efficace. L'ensemble est rythmé, l'intrigue bien travaillée, immersive et complexe avec une touche de mystère dans un style soigné mais sans véritable émotion. Jérôme Loubry est parfaitement documenté sur le sujet mais au final se laisse aller à être trop scolaire dans son propos. Les personnages sont bien élaborés pourtant en dépit de leur complexité, ils manquent quelque peu d'épaisseur et parfois de crédibilité dans leur discours. L'idée générale est excellente, bien développée, Les Refuges est un roman plaisant, instructif et globalement captivant mais, le récit souffre à la longue d'un excès d'intrigues improbables avec un concept poussé à l'extrême dans sa conclusion inattendue.