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Critique de Bigmammy


Quatre ans après les chansons de Bilitis, Pierre Louÿs publie en 1898 ce roman à l'écriture âpre, fluide et acérée. Plus d'un siècle plus tard, on lit cette histoire terriblement actuelle avec autant d'intérêt. Il s'agit de la trajectoire d'une femme fatale, qui inspira un grand nombre de cinéastes : Jacques de Baroncelli en 1928, Joseph von Sternberg – avec Marlène Dietrich – en 1935, Julien Duvivier avec Brigitte Bardot en 1959, Luis Bunuel en 1977 avec Carole Bouquet et Fernando Rey.
André Stevenol est un beau jeune homme qui vient chercher l'aventure à Séville, pendant la Feria. Il croise le regard brûlant de Conchita Perez, qui lui donne aussitôt rendez-vous. Elle aussi est en chasse …. Entre-temps, il rend visite à un riche espagnol de ses amis, célèbre coureur de jupons, qui le met en garde contre cette femme qui, plusieurs années durant, l'a fait atrocement souffrir. Don Mateo Diaz lui conte ses malheurs. Cependant, l'appel du désir – ou du danger – sera le plus fort.
Aujourd'hui, pour ceux qui ont lu les livres de Marie-France Hirigoyen, le cas est clair : il s'agit d'une classique situation d'emprise, la prédatrice présentant les caractéristiques d'une personnalité perverse narcissique. Elle provoque ses amoureux jusqu'à la violence physique et les tient en son pouvoir maléfique jusqu'à leur ruine morale et financière. Entre ses mains, ils deviennent des pantins, comme dans le tableau de Goya où l'on voit quatre jeunes filles faire sauter en l'air, dans un drap noué aux quatre coins, une marionnette à taille humaine.
Après s'être glissé dans la peau d'une amoureuse douce et lascive, Pierre Louÿs passe ainsi de l'autre côté du miroir, dans la tête d'une tourmenteuse consciente de son pouvoir, bien décidée à sortir, par tous les moyens, de sa condition. Un objectif très à la mode dans cette période de bouleversements économiques et sociaux du tournant du siècle, qui vit les plus modestes filles devenir de richissimes courtisanes.
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