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Critique de Lofiyo


La libido a ses raisons que la morale ignore.

En effet, ce livre (certes érotique donc tirant son autonomie de lui-même) n'est pas à mettre aux mains des moralistes.

Niveau écriture: Irréprochable, alors là, si le diable a bien donné un don à l'homme, c'est d'entretenir sa curiosité grâce à la qualité des représentations (par l'écriture ou la peinture et surtout par le cinéma)
Niveau contenu: Je crois avoir commencé un début de calvitie à force de m'arracher les cheveux en lisant les abominations.

Sans rire, je veux bien concevoir que braver les interdits ou s'adonner à des expériences sexuelles dépassant les limites de l'entendement ou l'imagination soit une cause de l'excitation. Mais ce livre est au masochisme, ce que "La philosophie dans le boudoir" ou "Les 120 journées de Sodome" sont au sadisme. Comme pour Sade, si l'on fait abstraction (ce qui est déjà bien difficile) des images qu'il nous envoi de ces fantasmes, on découvre avec force et sans détours les profondeurs et les méandres maudits du désirs, et avec ce livre celui surtout de la femme, plus marqué que celui masculin à coup sûr.

Toutefois, même si l'on en est à lire une "histoire vraie" à propos d'une mère qui a vendu ses filles et les a éduquées à se prostituer, cette affirmation d'une prostitution maso-scato-foutre-incesto-sodomite enveloppée bien entendu par l'affirmation du "consentement" des jeunes filles et leur mère a de quoi repousser même les plus libertins. Que la prostituée soit disposée à satisfaire les caprices sexuels masculins, certes, mais de là à en laisser apparaître que ces jeunes filles et cette femme sont dénuées de toute dignité et valeur vis-à-vis de leur corps, jusqu'au point d'être et devenir l'objet des plus noirs désirs, je trouve cela abominable - ces paroles viennent de la bouche d'un homme au fait, pas totalement féministe, mais qui serait bien encouragé à lire de telles histoires.

Sade aura mis en avant la domination violente de l'objet féminin, et Louÿs aura quant à lui montrer la soumission masochiste de la femme au point où elle ne s'accorde même plus aucune valeur humaine.

Que le plaisir vienne de la nature, bien entendu, mais (et je me montre pleinement en tant que moraliste là-dessus - même si je ne le suis pas d'habitude) ce n'est pas parce que la nature le veut, qu'il faut bien la suivre.

Difficile bien sûr de ne pas bander, de ne pas mouiller, mais l'excitation ne légitime pas de telles actes, et ne doit pas servir comme argent comptant, car parler d'érotisme ou de luxure est bien trop vague, on peut y mettre et représenter tout et rien.

Conclusion, si vous êtes adeptes des histoires haut-le-coeur, et des intensités sado-masochistes, vous avez trouvé votre trésor; mais si l'érotisme ne rime pas pour vous (comme pour moi) avec de telles expériences, fuyez cet ouvrage.

Génie dans la forme, abomination dans le contenu.
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