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Critique de Yaena


Yaena
31 décembre 2023
En dehors de ce qu'ils ont vécu pendant la guerre, on parle rarement de qui étaient les victimes juives, déportées, traquées, que les nazis ont tenté de faire définitivement disparaître. Cette BD nous offre une vision intéressante car elle commence bien avant tout ça, parce qu'on ne peut résumer une vie à une religion ou à une culture. Comme beaucoup d'autres l'histoire d'Isidore et Simone commence par un changement de pays, émigrer en France par choix, devenir français pas envie mais rien de tout cela n'a été facile. Ce fut même un véritable parcours du combattant avant d'obtenir le papier tant rêver : celui qui fait de Simon un français comme les autres. Alors se voir résumer à sa religion et se voir retirer sa nationalité et son statut de fonctionnaire mérité et durement acquis en un claquement de doigts, bien avant la torture, la famine, les camps, c'est le premier coup de poignard porté à ces hommes et ces femmes ; la première trahison, celle du gouvernement français. Vichy ou pas, peu importe.

Pour Isidore et Simone cela sonne comme un arrêt de mort, leur gouvernement ne les protègent plus ils sont seuls. Enfin peut être pas, parce que d'autres aussi s'indignent, contre l'envahisseur Allemand, parce que malgré tout ils se sentent français plus que jamais, contre les rafles, contre ces convois dont on ignore la destination. Alors il décident de mettre leurs petites filles en sécurité et de se battre. Car on l'oublie parfois mais de nombreux maquisard étaient juifs. On ne peut les résumer à des victimes des camps et des ghettos, comme ils sont souvent présentés, ils furent aussi combattants. Un pan de l'histoire trop peu souvent mis en avant.

Mais cette BD c'est d'abord et avant tout l'histoire d'une famille, la mettre en page dans des bulles, dans des dessins, c'est lui redonner vie, c'est encore résister. Résister pour redonner une existence à ces inconnus, héros ou victimes, souvent les deux. Résister pour que l'histoire garde une trace de ces vies que d'autres ont voulu nier. Résister pour que les noms des bourreaux ne soient pas les seuls que l'Histoire retienne. Tout le monde connaît le visage d'Hitler, Goebbels, Goering, … il est grand temps de faire une place à celui des victimes, de porter à la vue de tous les vies de ceux dont on a tenter de nier l'existence même.

Parce que la menace plane encore et toujours, sous la forme d'un discours négationniste, d'une thèse douteuse, d'une remise en cause, dans l'ombre d'un Eric Zemmour, dans le questionnement apparemment anodin, d'un Macron sur Pétain… comme nous le rappellent tristement Simon LOUVET et Remedium en fin d'ouvrage.

Un ouvrage qui reprend les documents originaux qui ont permis à Simon LOUVET de remonter le fil de l'histoire familiale et de nous offrir la biographie de chacun. Témoignages d'un travail de recherche sérieux et ardu.
Des dessins sobres en noir et blanc, teintés de gris, des visages expressifs mais simples dont la ressemblance avec les photo en fin d'ouvrage m'ont pris à la gorge.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Ouest France pour l'envoi de ce livre, mais aussi pour le gentil mot qui l'accompagnait. Et surtout un grand bravo pour cet ouvrage intelligent et sensible.
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