Citations sur Vérité BB (28)
Brigitte rappelle qu’elle a toujours été mue par une “volonté de rupture”. Rompre avec la famille, les idées préconçues, la routine, la morale des “Assis”, pour reprendre le terme rimbaldien, le conformisme, la pensée unique.
Très tôt, Brigitte se méfie des adultes. Elle les trouve menteurs. Elle les regarde avec une sorte de peur. La petite fille se protège, commence à construire un monde imaginaire, rempart contre les importuns.
Chez elle, tout passe par le regard. La joie, la peine, la tristesse. Tout. Elle a gardé un visage enfantin. C’est curieux parce qu’elle est très intelligente et très naïve en même temps. Elle réagit encore comme une enfant, spontanément. Elle déteste le mensonge. Elle ne ment pas. C’est pour ça qu’elle dérange. »
Elle aime charnellement la terre. Cette terre qu’on épuise. Elle a toujours été à l’écoute de sa part animale. Elle n’a jamais rompu les liens avec la nature. L’enfant des villes n’a pas bonne mine.
La danse la rend féminine, et lui forge un caractère de mec.
On en connaît certes de plus traumatisantes. Mais les fêlures existent et le miroir renvoie à la jeune fille une image dégradée. Cela donne une personnalité complexée, un moi entravé par une éducation sévère, voire violente, jugée inique. Les forces instinctives restent cependant intactes, prêtes à jaillir et à tout emporter. Le « hennissement de plaisir » dont parlait Schopenhauer va se faire entendre.
On imagine mal le futur sex-symbol avec des tenues si peu… sexy. La mère vit les fenêtres fermées. L’hiver pour faire des économies ; l’été pour empêcher les cambrioleurs d’entrer.
La vie avait été vache, il fallait vivre coûte que coûte. Le corps réclamait sa part de jouissance, malgré les douleurs tenaces. C’était la guerre. Il fallait faire son devoir, cacher les résistants, aider les Juifs persécutés. Pétain, c’était la honte de la France. Quant à de Gaulle, il était loin. La Résistance, c’était au quotidien.
Il y a mieux pour prendre confiance en soi. Complexée, Brigitte continue de s’enfermer dans un monde qu’elle consolide pour échapper aux humiliations. Elle a la mine renfrognée, elle boude.
Danser lui offre la possibilité d’échapper à l’univers parental, tout en lui permettant d’échapper à elle-même. Donc elle rentre du cours de danse, fatiguée et heureuse. Son père trône dans la salle à manger, elle prend peur, commence à pleurer, elle croit avoir fait une bêtise, encore des coups de cravache.