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Critique de Zoeprendlaplume


Premier texte que je lis de Lovecraft : je démarre ainsi mon année lovecraftienne !

La cité sans nom constitue donc pour moi mes premiers pas dans l'oeuvre et l'esthétique de l'auteur. Auteur que j'ai longtemps repoussé, tant la littérature de l'horreur me fait peur. Etant une vraie éponge, mes lectures reviennent me visiter la nuit. du coup, j'ai lu cette nouvelle en début d'après-midi. Comme ça, ça a le temps de décanter avant cette nuit !


Bref, nous suivons ici un individu lambda, en soif d'aventures, sur les pas de la cité sans nom, perdue dans le désert. Très rapidement, le cadre est posé : cette cité est entourée de non-dits, de murmures effrayés, personne n'a jamais osé fouler cette cité en ruines.

Moi qui aime tant avoir des personnages consistants, je dois dire ici... que je ne suis pas servie ! Lovecraft ne prend aucune peine à détailler son personnage. Sans doute que cela ne lui sert à rien. Peut-être pour nous permettre de nous glisser davantage dans sa peau ?
Peut-être. Mais j'ai eu aussi l'impression que ce personnage fantôme collait bien avec l'ambiance, et son absence de traits permettait justement à celle-ci de paraître exacerbée.
En effet, tous les éléments ici "vivent" : le vent siffle, la brume descend, le soleil décroît, la tempête surgit... C'est le décor et le cadre qui apportent la consistance que le personnage n'a pas.

Et cela nous met effectivement dans l'ambiance, avec une poétique de l'horreur parfaitement maîtrisée. Des images parlantes (je pense à la cité, aussi saillante que des os de cadavres), des comparaisons faisant référence à tout un imaginaire d'horreur... Et voilà en quelques mots un cadre posé. Pas besoin de délayer, c'est précis, sec, effroyablement efficace.

J'ai adoré aussi la manière dont on oscille entre bruit incessant et silence de mort. Sans arrêt, on balance entre le sifflement du vent, le silence des ruines, le sable qui se meut en colonnes tourbillonnantes et l'immobilité du désert... Parmi tout ceci, des échos et des vois s'élèvent, dans l'esprit du personnage.
Et voilà encore comment l'auteur parvient à nous faire perdre le fil de la réalité. Ajoutons à cela la perte de repères : plongée dans la profondeur, perte de vue, perte de la notion du temps...

Ce basculement vers quoi, la folie ? ou l'acceptation de l'horreur ? ou les deux ? se fait de manière très insidieuse; longtemps le personnage raisonne tout ce qu'il voit, cherchant une explication rationnelle. Et puis bam, de manière fulgurante, la vérité arrive. C'est brutal, et l'auteur ne cherche même pas à l'expliquer, à la développer, elle est, point. Et le personnage, comme le lecteur, n'ont qu'à s'en débrouiller avec.

Nouvelle très courte, mais que j'ai trouvée finalement très dense, et aussi très soft, en fait. Je me doute que ça ne sera pas toujours comme ça. En attendant, première immersion réussie. A suivre !

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