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Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on va parler d'un recueil, le cauchemar d'Innsmouth et autres nouvelles, de ce cher Howard Phillips Lovecraft.

Or donc, un jeune homme féru d'architecture voyage en Nouvelle-Angleterre et décide de faire un crochet par Innsmouth, une ville ruinée.

-Et ?

-Bah il n'aurait pas dû.

-Waaaah, on peut dire que tu sais ménager tes effets…

-Oui, hein ?

Alors, la première chose qui m'a surprise, c'est la première page. Quelle baffe !

-La première page ?

-Oui ! La première page t'explique ce qui s'est produit après le voyage du narrateur à Innsmouth. J'en ai frémi jusqu'au tréfonds de mes moelles. J'avais complètement oublié ce passage, occulté par l'épouvante qui occupe le centre de l'intrigue, et par la conclusion.

-Et… pourquoi tant d'émotion ?

-Pour une raison simple intitulée Providence, l'intégrale, d'Alan Moore. Cette première page y est dessinée. Il y est même fait plusieurs fois allusion dans la BD, mais je pensais naïvement qu'il s'agissait de… mmmh… l'effet de l'histoire avec un H. Et c'est le cas, l'allusion est évidente, mais il ne s'agit pas seulement d'un chapitre sinistre du milieu du XXe siècle, il s'agit également du texte original.

-Tu veux dire que Lovecraft avait prévu ce qui arriverait ?

-Non, pas du tout. Je dis qu'il a imaginé un fait plausible et qu'Alan Moore non seulement l'a repris, mais lui a donné une autre résonnance aussi. En fait, Moore a considérablement enrichi des textes qui déjà recelaient une grande profondeur.

-Haha, « profondeur… »

-Je regrette de ne pas être plus précise, mais je tiens à ne spoiler personne. Relire Lovecraft après Providence vous donne un autre regard sur ces deux oeuvres.

-Moi, j'aime pas la description des trajets qu'il prend, je ne trouve pas ces passages-là visualisables, et la carte demeure parfaitement illisible ! Et je trouve la fin artificielle, quand même.

-Moi pas. Qu'est-ce qui fait de nous des humains à part entière ? Comment ne pas céder à la tentation de devenir plus fort, plus puissant ?

-Les histoires ne sont pas toutes égales, hein… L'indicible est confus et trop bavard, trop dans la démonstration rhétorique. Ca fait pas peur. Et puis, certaines ficelles sont trop grosses !

-A quoi penses-tu ?

-A l'étudiant en maths dans La maison de la sorcière. « Oh, je ne me sens pas bien, il faut que je consulte… » et il ne le fait jamais alors qu'il ne va pas bien, c'est une évidence !

-Pas si évident que ça quand tu es dans ta peau. Il peut très bien penser qu'après tout ce n'est pas si grave et qu'il est trop occupé pour faire autre chose. T'as envoyé ces mails qui traînent depuis un mois, toi ?

-Non, je suis trop occupée, mais ce n'est pas pareil, madame, je ne risque pas l'enfer, Moua.

-On verra ce qu'en pensent les chefs la semaine prochaine... Bref, j'ai également beaucoup apprécié le monstre sur le seuil. Voilà de la bonne horreur, mais pas trop crade, bien épouvantable ! J'aime beaucoup l'oscillation entre les faits et leur interprétation erronée par le narrateur qui comprendra tard, très tard, les malheurs de son ami. Et là encore, Moore a ajouté des aspects… mmmhhh… que Lovecraft n'a pas exploités, faute de malséance. Une fois que j'ai relu ce conte, je me suis posé des questions sur le couple…

-Mouais. Moi, je regrette un peu les motifs qui se répètent trop souvent. Dans les nouvelles, rien ne permet d'affronter les monstres, et n'importe quelle vieille baraque abandonnée devient le palais de l'impiété et de la hideur… c'est lassant, cet univers qui regorge de créatures malfaisantes et inconnues.

-Moi, j'aime bien, justement ! Ce que l'on connaît se change en inconnu et les histoires de Lovecraft explorent les choix que nous faisons face aux mystères et aux puissances que nous ne maîtrisons pas, et nous prenons les mauvaises décisions, comme fuir ses parents, emménager au mauvais endroit, jouer au oui-ja ou regarder une vidéo maudite…

Sans mauvaises décisions, sans cécité sur nous-mêmes, point de bonnes et effrayantes histoires. »
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