La Terre est la planète de l'eau. Sans eau il n'y aurait pas eu de vie, et la vie dépend toujours dans une mesure considérable de cette impartiale générosité. C'est l'élément de référence ultime. Tout écart par rapport au point d'équilibre vital sur notre planète pourrait se traduire par une modification de la structure et de la composition de l'eau, considérée comme référence absolue. Les propriétés d'acidité et d'alcalinité, de potentiels d'oxydation et de réduction sont estimées par rapport à la neutralité de l'eau. L'espèce humaine utilise le niveau marin moyen comme point de base par rapport auquel sont mesurées les dépressions de terrain.
Un système homéostatique pardonne beaucoup d’écarts par rapport à son état d’équilibre, mais seulement tant qu’il demeure à l’intérieur de ses capacités de régulation ; trop près de ses limites, il risque, face à une perturbation de grande ampleur, de sauter à un nouvel état stable fort différent du précédent, ou même de se désagréger. La pollution, les changements des modes d’exploitation du sol ou la modification de l’écologie des plateaux continentaux pourraient ainsi déclencher des désastres à l’échelle planétaire. La régulation du climat terrestre se trouve peut-être très proche de l’une de ses limites. (page 176)
Les régions vraiment critiques qu'il conviendrait de surveiller avec soin sont plus probablement les tropiques et les mers proches des rivages continentaux. C'est dans ces régions, qui ne font l'objet de presque aucune surveillance, que des entreprises nocives risquent d'être pratiquées jusqu'à un point de non-retour avant que les dangers soient reconnus.