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Citations sur Les trois gendarmes de Pinaki (14)

Pinaki ? disent les géographes, c'est un atoll dans les Tuamotou ! C'est l'île, maigrelette, ténue, la millième partie d'une fine poussière ! Les ignorants ! Pinaki, ce sont trois hommes à demi morts ! L'un est bourru, mais généreux, Prost est le niais de l'aventure, l'innocent, le gentil.
Vachelet était le perfide. Il maigrissait, certes, mais il gardait l'espoir de redevenir gros grâce au corned-beef qu'il avait dérobé.
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On allait crever de faim et de soif sur cet atoll ! Crever de trop d'air et de trop de lumière, et de toute cette eau qui enserrait Pinaki ! Crever, emprisonnés d'espace !
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Durand six mois, le temps de leur congés, ils racontèrent en buvant du pineau, de ce pineau dont l'ambre est si doré et si coulant que nos trois gendarmes tiraient de plus en plus de salves sur un nombre accru d'Américain.
Puis, un jour, arriva l'ordre de rallier Marseille. On les fêta une dernière fois. Une dernière fois, ils évoquèrent les atolls de lumière, où gisent enfouis des trésors si merveilleux que, seuls, peuvent les garder des gendarmes d'élite. Et chacun embrassa son monde.
- Adieu, Jugulaire !
- Au revoir ! Au revoir !
Vachelet et Prost s'endormirent dans leur compartiment. Sellier, lui, se mit à fumer tout en veillant. La pensée de retrouver ses chères îles le grisait. Il fredonnait :
Reine des calmes lagunes plus douce que le fruit du letchi,
O les filles de la mer,
O ma méa !
O ma ruahiné !

Tabanac (Gironde).
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Il n'y avait pas une goutte d'eau douce dans cet eldorado ! Sellier s'était vu dans l'obligation de faire un tableau de service. On était arrivé un lundi. Le lendemain, Prost, le premier, était inscrit. Ce fut ensuite le tour de Vachelet.
- Quelle corvée !
Quand ils redescendaient des cocotiers, les jambes en cerceau, l'entre-cuisse râpé, M.le gouverneur en prenait pour son grade et la troisième République avec ! Pour des châteaux d'eau, ces cocotiers étaient de fameux château d'eau ! Quotidiennement, le trio avait besoin de dix noix de coco !
- Débrouillez-vous ! répétait Sellier. A coups de caillou...Soufflez dessus ! Mais décrochez-moi de quoi se mouiller le gosier !
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Il fallait vivre. Le lagon regorgeait de poisson. Empoisonné ou non, on en goûterait. S'il se trouvait, dans ces eaux, des poissons vénéneux, on en retirait aussi de comestibles. Les indigènes en mangeaient bien. Ils les voyaient par milliers, par millions. C'étaient des pièces magnifiques, de vrais bijoux d'orfèvrerie, des inventions de lapidaires.
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Sellier rêvait. Ce devait être un cauchemar qui l'agitait. Par intervalles, ses grands bras étaient pris de tremblements bizarres. C'est qu'il était déjà arrivé à Pinaki, le brigadier ! Il verbalisait comme à Jonzac ! Nom de gueux ! Il incendiait l'Américain ! " Et, si vous n'êtes pas content, je vous fous au bloc, vous m'entendez ?"
Telle est la conscience de ces gendarmes qu'ils transportent partout leurs tics et leur vocabulaire.
" Et vous pouvez être certain que mon rapport sera carabiné ! Ah ! vous emmerdez le brigadier !..."
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Tuana n'était-il pas un des premiers plongeurs de Polynésie ? Il descendait jusqu'à vingt-cinq et même trente mètres. Ce qui signifiait un séjour de deux minutes, deux minutes et demie dans l'eau profonde. Dans ses bons jours, il ramenait à la surface cent cinquante à cent quatre vingts kilos de nacre. Et jamais nul requin ne l'avait attaqué.
- Je te la paierai dix mille piastres, Tuana !
- Moi, quinze mille !
Pour un peu, ces trafiquants se seraient querellés. Comme si un pêcheur de nacre, fût-il le plus intrépide des Tuamotou, était sûr de remonter dans son sac métallique la "Margaritifera Margaritifera" miraculeuse ! S'il trouvait seulement quelques "Pipi", bleuses, roses, couleur de miel ! De ces perles que nul fabricant ne peut imiter et que les Japonais, pourtant savants en la matière, ne réussissent pas à cultiver.
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Bientôt, au lieu de deux, ils ne furent qu'une ombre plus épaisse au pied du mât. On peut bien, à la fin d'un si mauvais voyage, rechercher une femme et la prendre sur le pont d'un tout petit bateau, face aux étoiles qui regardent. Raïté était pourtant une pastèque énorme, malodorante et maladroite, mais des bras de gendarme, surtout ceux de Sellier, avaient fait, depuis vingt années d'îles, le tour de plus opulentes vahinés.
- Quel cochon tu es ! fit Raïté, quand le brigadier eut remis son ceinturon en place.
- Merci, Raïté !
Il l'embrassa et s'endormit d'un sommeil d'ange.
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On voyait qu'il avait voyagé, Léopold ! A coup sûr, ce n'était pas un gendarme ordinaire. Il disait de son métier : " C'est une sinécure !" Et : "Je suis à tu et à toi avec le gouverneur ! Je cultive même son jardin !" Il parlait avec abondance des Chinois, des paquebots, des femmes. Ces dernières étaient les plus belles du monde !
- Si je vous disais aussi que j'ai vingt-trois mille francs d'économies !
- Tieu, l'Enfant de la Mère !
Les Vachelet, les Prost en restaient muets d'envie, de jalousie. Eux aussi pourraient se débrouiller à la gendarmerie de Papeete ! Puisque c'était ce nom de patelin qui revenait sans cesse dans la bouche de Léopold ! On roupillait toute la journée à Papeete ! On bouffait bien ! On buvait du punch à l'ananas ! A Papeete, on vendait les bananes pour rien ! Ici, à Jonzac, elles coûtaient dix francs la pièce ! Léopold gagnait vingt mille trois cents francs par mois à Papeete ! Il voyageait gratis sur les bateaux de luxe et, quand il revenait dans son pays, les habitants lui tiraient de grands coups de chapeaux comme à un maire ou à un sous-préfet !
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Oui, on s'en prenait au gouverneur des établissements français de l'Océanie pour son incurie, son laisser-aller, son non-patriotisme ! Quelle était cette agence de presse qui avait, la première, agité le grelot ? D'autres embouchaient des trompettes. Pendant que d'autres encore, sans scrupules, aboyaient. Sous le nez même de ce gouverneur, on raflait les trésors des Tuamotou ! Que faisait ce fonctionnaire à Papeete ? Il se prélassait sans doute au milieu des forêts de flamboyants et de frangipaniers, éventé par de plantureuses vahinés. La France - ce pays tant vanté, tant aimé ! - par la faute d'un de ses grands commis, était tournée en ridicule ! Le ton de ces feuilles politiques était tel que le ministre intimait à son subordonné l'ordre d'agir sur-le-champ.
"Sur-le-champ !...M. le ministre se figurait probablement que les Tuamotou étaient distantes de Tahiti comme Paris l'est de Rueil ou de la Malmaison ! Et qu'un coup de téléphone suffisait ! Par bonheur, de temps en temps, éclatait une guerre qui enseignait la géographie aux Français !
Tout de suite, cela voulait dire dans huit jours ou dans quinze...Peut-être dans un mois ! Tout dépendait des vents et des cyclones, des Chinois, patrons des goélettes.
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