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Critique de BazaR


BazaR
09 février 2017
Comme l'an dernier, je m'offre une des nouveautés issues des esprits brillants de jeunes francophones que nous proposent les Indés de l'Imaginaire. Cette année je me suis décidé pour « Les Papillons Géomètres » de Christine Luce.

D'abord un grand bravo aux Moutons Électriques pour l'objet que je trouve superbe : format carré déjà employé pour Dévoreur de Stefan Platteau, et même génial illustrateur Melchior Ascaride qui fait ici dans le surréaliste. Je l'ai trouvé irrésistible et d'ailleurs je n'ai pas résisté.

Concernant le roman lui-même, si je m'attendais à un poil mieux – et uniquement parce que la comm dithyrambique des Indés a tendance à trop survendre leurs nouveautés – j'ai apprécié sa lecture car il tape juste sur des points sur lesquels mes cordes du plaisir viennent allègrement résonner.

Sur un décor londonien de l'ère Victorienne finissante et de Belle Époque débutante, des personnages enquêtent sur la disparition d'un fantôme. Certains enquêteurs sont humains, d'autres appartiennent à l'outre-monde, tous sortent de l'ordinaire relativement aux canons de leurs milieux de « vie » réciproques. Mary-Gaëtane la medium et sa compagne « sensible » Maisy aux allures de Mary Poppins quelque peu féministes, l'Enquêteur de l'outre-monde et ses mentors allumés, l'Ancienne et l'Arpenteur, voire le timide imprimeur Eustace, détonnent sur les pages trop petites pour eux. Au-delà de la disparition, c'est bien la recherche quasi-scientifique du pourquoi de la structure de cet univers à multi-niveaux qui fascine tout ce petit monde (sauf le pauvre Eustace bien dépassé).

Les investigations sur la disparition de notre fantôme, si elles offrent au roman un final éclaboussant, sont plus un prétexte en réalité (ne vous attendez pas à une implacable logique à la Sherlock Holmes même si le raisonnement tient une place) ; un prétexte pour suivre les personnages dans la découverte de leurs mondes respectifs, pour essayer d'en dévoiler ne serait-ce qu'une infime partie. Prétexte également à mettre en avant la forme du récit. le roman est en effet surjoué. le style est emphatique voire parfois ampoulé, mais accompagné d'un soupçon permanent d'humour « à l'anglaiiise » qui pousse à attraper les phrases avec un second degré bienveillant. J'ai bu au biberon la plupart des dialogues que n'aurait pas renié un Tarantino (qui surjoue aussi beaucoup ses films). J'ai souvent apprécié le style (lire en phonétique staïle ») descriptif et cependant son aspect emprunté me lassait quand il se prolongeait trop longtemps. L'ensemble présente une allure de théâtre à laquelle on adhère ou pas. Moi j'adore.

J'espère que Christine Luce poursuivra dans l'écriture en général et dans cet univers en particulier qui ne demande qu'à se dévoiler davantage. Je l'y encourage. Je pense cependant qu'il y a matière à amélioration : augmenter la consistance de l'énigme principale et lui adjoindre surprises et rebondissements, ajouter des « méchants » aussi charismatiques que les papillons de cet opus…
… et faire de Londres victorienne un véritable acteur du récit. Cela m'a manqué.
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