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Citations sur Archives des enfants perdus (28)

I stand....trying to pick a box to open—a box in which I will find a book to also open and read. I need to think about my sound project, and reading others’ words, inhabiting their minds for a while, has always been an entry point to my own thoughts.
(J’essaie de prendre un colis d’où pêcher un livre pour lire. J’ai besoin de penser à mon projet du son, et lire les mots des autres, séjourner dans leur tête un moment, a toujours été un point d’entrée à mes propres pensées.)
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I have never asked a bookseller for a book recommendation. Disclosing desires and expectations to a stranger whose only connection to me is, in abstract, the book, seems too much like Catholic confession, if only a more intellectualized version of it.
( Je n’ai jamais demandé à un libraire de me recommander un livre. Divulguer des désires et espérances à un étranger dont le seul lien avec moi dans l’abstrait est le livre, me semble trop similaire à une confession chez les catholiques, mais disons dans une version plus intellectuelle).
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“I came to Comala because I had been told that my father, a man named Pedro Páramo, lived there,” a mistranslation of the first line of Pedro Páramo—I think Juan Rulfo really writes “because they told me” and not “because I had been told”—that passive voice and that extra layer of pastness blurring the novel’s calculated austerity and temporal ambiguity.
“Je suis venu à Comala car j’avais appris que mon père, un homme du nom de Pedro Paramo habitait ici “une traduction erronée des premières lignes de Pedro Paramo,
- Je pense que en faites il écrit “ parce qu’on m’a dit” et non “j’avais appris que”- cette voix passive et cette couche extra de passé brouille l’austérité et l’ambiguïté temporelle du roman.
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... peut-être est-il de toute façon préférable de maintenir les histoires d'enfants aussi éloignées que possible des médias, car plus un sujet potentiellement controversé reçoit d'attention de la part des médias, plus il est susceptible d'être politisé, et, de nos jours, une question politisée n'est plus un sujet qui appelle un débat sérieux dans l'arène publique, mais plutôt un jeton de marchandage que les partis utilisent futilement pour mettre en avant leurs propres thèmes de prédilection.
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So what does it mean, Ma, to document stuff?
Perhaps I should say that documenting is when you add thing plus light, light minus thing, photograph after photograph; or when you add sound, plus silence, minus sound, minus silence. What you have, in the end, are all the moments that didn’t form part of the actual experience. A sequence of interruptions, holes, missing parts, cut out from the moment in which the experience took place. Because experience, plus a document of the experience, is experience minus one.

Qu’est-ce-que documenter signifie maman ?
Peut-être devrais-je dire que documenter est quand on ajoute chose plus lumière, lumière moins chose, une photo après l’autre; ou on ajoute son,plus silence, moins son,moins silence. À la fin ce qu’on obtient sont tous les moments qui ne font pas partis de l’expérience actuelle documentée. Une séquence d’interruptions, trous , parties manquantes, coupées du moment même auquel l’expérience eut lieu. Car l’expérience, plus un document de l’expérience, c’est expérience moins un.
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When my husband and I were just beginning to work on the city soundscape project, four years ago, we interviewed a man named Stephen Haff. On the ground floor of a building in Brooklyn, this man had opened up a one-room schoolhouse called Still Waters in a Storm. His students, immigrants or children of immigrants, mostly of Hispanic origin, were between five and seventeen years old, and he taught them Latin, taught them classical music, taught them how to scan poems and understand rhythm and meter. He’d helped them, even his youngest ones, learn parts of Paradise Lost by heart and understand it, and was at that time guiding a group of fifteen children in a collective translation, from Spanish into English, of Don Quixote. In their version, though, Don Quixote was not an old Spanish man but a group of children who had migrated from Latin America to the United States. It takes courage, and a little bit of lunacy, to do things like that. But especially, I thought then and still think now, it takes clarity of mind and humility of heart to understand that children can indeed read Paradise Lost, and learn Latin, and translate Cervantes.
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(Quand mon mari et moi avions commencé à travailler sur le projet de « paysage sonore » ,il y a quatre ans, nous avions interviewé un homme du nom de Stephen Haff. Cet homme avait ouvert au rez-de-chaussée d’un bâtiment à Brooklyn,une école d’une piece, appelée « Eaux calmes dans la tempête « . Ses élèves, des émigrés ou enfants d’émigrés ,la plupart d’origine hispanique, avaient entre 5 et 17 ans, et il leur apprenait le latin, la musique classique, comment scanner des poèmes et comprendre rythme et mesure. Il aidait même les plus jeunes à apprendre par cœur des extraits de Lost Paradise ( poème de John Milton )et le comprendre,et en même temps guidait un groupe de 15 enfants dans la traduction collective de Don Quichotte de l’espagnol en anglais, bien que dans leur version Don Quichotte n’était pas un vieil homme espagnol, mais un groupe d’enfants qui avaient émigré d’Amérique latine aux Etats-Unis. Il faut du courage et un peu de folie pour entreprendre ce genre de choses. Mais je pensais alors et pense encore maintenant
qu’il faut une clarté d’esprit et une humilité de cœur pour comprendre qu’effectivement les enfants peuvent lire Paradise Lost, apprendre le latin et traduire Cervantes.)
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Le malheur croît lentement. Il s'attarde en vous, en silence subrepticement. Vous l'entretenez, l'alimentez, lui livrez chaque jour des bouts de vous-même - c'est le chien tenu à l'écart au fond du jardin, qui vous mordra la main si vous le laissez faire. Le malheur prend son temps, mais finit par vous engloutir complètement. Et puis le bonheur - ce mot - n'arrive que quelquefois et toujours comme un brusque changement de météo.
( p 136)
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....the failure of most marriages can be explained as a change from a regular transitive verb (to fuck the other person) to a phrasal transitive verb (to fuck the other person up).......Her body, in fact, looks like one of Noguchi’s later abstractions: a rock that is also a liquid. Now she’s beaten, disjointed, entirely fucked up after reenacting the savage daily ritual of a marriage gone sour.
.... l’échec de la plupart des mariages peut être exprimé par le changement d’un verbe de sa forme transitive ( baiser quelqu’un) à sa forme transitive phrasé ( l’objet de la baise, le conjoint, est entre le verbe et la particule , détruire l’autre personne).....Son corps* semble comme une des sculptures abstraites de Noguchi: une roche qui est aussi liquide. Maintenant elle est battue, disjointe , totalement détruite, après avoir subie le rituel quotidien sauvage d’un mariage qui a mal tourné.

*Le corps de la célèbre danseuse contemporaine ( déjà décédée ) Martha Graham qui danse sur ce thème du mariage qui a mal tourné.
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Mon mari est dans l'étang, de l'eau jusqu'aux genoux, le sac Porta-Brace à l'épaule droite, la perche brandie en l'air. L'homme dans le bateau le remarque et lui demande s'il mesure des radiations. Mon mari lui sourit poliment et dit qu'il ne fait qu'enregistrer le son du lac. En guise de réponse, l'homme grogne et se racle la gorge. Je me rends compte alors que lui et sa femme ne sont pas venus seuls. Ce sont les parents de trois enfants qui jouent à proximité des nôtres : deux filles qui gloussent de manière incontrôlable et un garçon bien potelé avec un nez presque invisible et un gilet de sauvetage trop grand. De temps en temps, le garçon crie : "Brocoli, brocoli !" je pense tout d'abord que Brocoli doit être le nom du labrador ; mais en écoutant plus attentivement, je comprends que le garçon fait référence au légume et non à l'animal de la famille ; la mère répond sur un ton apaisant, de derrière son magazine :" Oui, mon amour, on te donnera des brocolis quand on sera à la maison."
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Tous ces enfants fuyaient des conditions de vie indescriptibles, la maltraitance et les violences systématiques, ils fuyaient des pays où les gangs avaient fondé des états parallèles, usurpé le pouvoir et imposé leurs propres lois. Ces enfants étaient venus chercher une protection aux États-Unis, retrouver une mère, un père ou d'autres membres de la famille ayant émigré avant eux et susceptibles de les accueillir. Ils ne couraient pas après le rêve américain, contrairement à ce qui se dit habituellement. Ils cherchaient juste un moyen d'échapper à leur cauchemar quotidien.
( p 32)
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