Ce ne sont pas toujours de bons sentiments qui unissent les gens.
Tu comprends, n'est-ce pas? Car si tu as pour mission de protéger ton enfant, de la réconforter quand elle souffre, la mienne consiste à être à son côté.
Une phrase, une seule,et notre famille est détruite.
Tandis que je les écoute parler, c'est comme un dessin à colorier qui se remplit peu à peu, une couleur à la fois. Mais je refuse de regarder leur horrible portrait de mon amie.
Je savais que si je le voyais, j'aurais trop envie de vivre.
Je sais que ce n'est pas son apparence qui le bouleverse. C'est la souffrance qu'elle a enduré.
Je regrette tellement ce que j'ai dit à propos d'Ivo tout à l'heure. Nous nous aimons, je le sais. Pas de cet amour juvénile, intense,idéal comme jadis. Quelque chose de plus fort, de plus durable. Notre amour a vieilli avec nous. Moins beau, certes, mais plus musclé, plus robuste. L'amour conjugal, construit pour durer.
Un des blessés va-t-il mourir? Y aura-t-il un coeur disponible pour Jenny? Comment l'amour peut-il me rendre aussi monstrueuse? Inhumaine.
Je pense que pour survivre à l'amour que tu portes à Jenny, à cette terrible compassion, tu as besoin de la colère. Pour contrebalancer.
Le soulagement est la corde où s'enfilent tes mots.