Renaud S Lyautey n'est pas le premier diplomate à choisir la plume pour faire vivre autrement ce que sa carrière lui permet d'entrevoir des pays dans lesquels il est en fonction.
«
La baignoire de Staline » est son deuxième roman, et dès la première page, Tbilissi encore endormie, apparait au lecteur, sous l'oeil du commissaire Shengelia, attentif aux traces du passé soviétique marquant encore la ville. René Turpin, diplomate français, avatar de Lyautey, ne tarde pas à entrer dans le récit, manifestant très vite son attachement profond à la ville.
Les deux hommes vont se retrouver dans une enquête tortueuse après la découverte de la mort suspecte d'un jeune français, à l'hôtel Marriott. L'intrigue policière, soumise à de nombreux rebondissements, permet à l'auteur de mettre en relief tout ce qui l'a séduit dans ce pays où il a passé plusieurs années, il invite ainsi le lecteur à une plongée au coeur de l'histoire et de la civilisation géorgienne. Dans les pages de Lyautey, la douceur toute méridionale de la Géorgie trouve son expression la plus achevée dans la richesse gastronomique du pays, la complicité de Turpin avec son voisin de palier va mettre à profit leurs rendez-vous bihebdomadaires pour évoquer vins et spécialités locales, aux noms gourmands. Au-delà de ces évocations dionysiaques, l'auteur est attentif à planter le décor historique du pays. Il nous emmène sur les traces de Staline, à travers des vestiges qui pourraient paraître dérisoires, mais qui,au-delà du symbole, jouent un rôle actif dans le récit.
Il nous montre aussi comment la Géorgie contemporaine subit encore la pression russe à travers les régions indépendantes situées sur ses marges que sont l'Abkhazie et l'Ossétie. C'est bien de cette influence délétère qu'il est question dans le livre, et les relents du stalinisme prennent les traits d'un espion célèbre, sorti de l'ombre pour les besoins de l'intrigue, autour des mystères de
Kim Philby, l'intrigue trouvera son épilogue.
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil, cadre Noir de m'avoir permis cette découverte, je ne connaissais pas l'auteur, j'ai pris plaisir à la lecture de la « baignoire de Staline » dont j'ai apprécié la qualité évocatrice du contexte historique, en écho à la situation crée par l'invasion de l'Ukraine.
J'ai lu depuis «
Les saisons inversées » le premier roman de l'auteur, j'avoue l'avoir préféré au second, rendez-vous dans la prochaine critique !