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Critique de SophieLesBasBleus


"On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" clamait Rimbaud. James Lavery a justement ces 17 ans qui devraient lui ouvrir le domaine de l'insouciance et de la joie. Mais où est l'insouciance, dans l'Irlande du Nord en guerre, face à une mère alcoolique et à son amant lourdaud ? Où est la joie quand la mort de Conn Lavery, son père, ne cesse de hanter chaque instant ? Peut-être justement au creux de cette familiarisation avec la mort, que James recherche dans ses rêves éveillés ? Dans la solitude haïssable de l'adolescence, il quête les traces de Conn Lavery par-delà le temps, pour le faire exister encore un peu, pour qu'il l'aide à franchir la frontière entre enfance et âge adulte. "Collectionneur de morts", James s'invente des scénarii dans lesquels il remodèle la réalité à la mesure de son désir d'égaler ce père, mort pour l'Irlande, un héros, forcément un héros. le récit de ces fictions conclut chaque chapitre comme la séquence d'un film destiné à mieux digérer la réalité. L'intrigue dramatique est ténue : quel est le secret de la mort de son père ? Un secret si lourd qu'il fait obstacle au futur et à la vie.
"La déchirure de l'eau" est un roman de frontières qui se superposent pour n'en plus faire qu'une, à l'image de celle - bien réelle - qui passe tout près de la maison familiale entre Irlande protestante et Irlande catholique. Ces lignes de démarcation entre deux parties d'un même pays, entre vie et mort, entre réalité et fiction, sont autant de déchirures qui reflètent celles d'un être en devenir, celles du passage à l'âge adulte, à l'âge des choix.
Il me semble être restée sur la rive de ce roman d'apprentissage, simple spectatrice des rébellions de James. Malgré des passages très justes et authentiquement émouvants, le rythme lancinant donné par la construction narrative a engendré une certaine lassitude. Chaque chapitre alterne systématiquement la prise en charge du récit par un narrateur extérieur et les plongées, à la première personne, dans les séquences imaginaires de James. Il s'ensuit un manque de nervosité, que l'écriture (la traduction ?) ne parvient pas à dépasser. J'attendais davantage de tensions et de vibrations du traitement d'une telle thématique. Mais je suis demeurée étrangement indifférente aux personnages comme à l'intrigue. Une déception, donc, mais qui ne doit nullement présager de ce qu'éprouveront d'autres lecteurs !
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