L'élevage d'oiseaux reste une réalité vive des pays miniers, comme une fraternité entre les humbles. Tout comme les jardins ouvrier, qui ouvrent eux aussi une zone de respiration (matérielle, psychique, sociale) dans un rebranchement momentané, latéral, mais sûr, à la vie vivante, au temps qu'il fait et aux saisons. (C'est aussi dans le Nord minier qu'ils sont apparus, grâce à l'abbé Jules-Auguste Lemire. Fils de paysan, prêtre démocrate et figure du Nord industriel, Jules-Auguste le juste était convaincu que le devoir du gouvernement était d'assurer à toute famille la possession d'un lopin de terre cultivable, et c'est avec cette conviction qu'il a fondé le mouvement des jardins ouvriers en 1896). Les jardins ouvriers où l'on reprend haleine et trouve du repos; ces lieux du répit, du calme; ces promesses de dimanches et cette affirmation de ce qui peut venir de liberté, de santé, de bonheur, dans le soin (volé aux formes et au temps du travail) pris à un morceau de terre que l'on aime.
(pp.34-35)
On en rêve plus que jamais, on s'en parle, parce qu'une atmosphère assez irrespirable est en train de devenir notre milieu ordinaire. Tout le monde le sait, le sent : on manque d'oxygène, de santé, de paix, on manque de liens vrais, de justice et de joies.
p. 10- 11.