Citations sur Le Prince (174)
Concluons donc que lorsque la Fortune change , et que les hommes ne changent pas , ils sont heureux si elle et eux ont des concordances , malheureux s'ils ne s'accordent point .
Je pense , cependant , qu'il vaut mieux être bouillant que circonspect , parce que la Fortune est femme , et qu'il est nécessaire de la battre et de la maltraiter , pour la tenir sous sa dépendance : elle se laisse plus facilement vaincre par ceux-là que par ceux qui la traitent avec froideur .
Comme les femmes , elles aiment les jeunes gens , parce qu'ils sont moins respectueux , plus violents , et qu'ils la maîtrisent avec plus d'audace .
Sur quoi il faut remarquer que les hommes doivent être ou caressés ou écrasés : ils se vengent des injures légères ; ils ne le peuvent quand elles sont très-grandes ; d’où il suit que, quand il s’agit d’offenser un homme, il faut le faire de telle manière qu’on ne puisse redouter sa vengeance.
Des Ministres d'un Prince.
Il n'est pas de peu d'importance qu'un Prince sache bien choisir ses ministres car, selon sa prudence, ils seront bons ou mauvais. Et l'on peut juger de la cervelle d'un seigneur rien qu'à voir les gens dont il s'entoure. Quand ils sont compétents et fidèles, on peut croire à sa sagesse, puisqu'il a su les reconnaître compétents et les maintenir fidèles ; mais s'ils sont les contraire, on peut douter de ce qu'il vaut lui-même, puisque la première erreur qu'il commet réside dans ce choix.
Et pour dire la vérité , il n'est point de moyen bien assuré pour conserver un Etat libre qu'on aura conquis , que de le détruire ; car si vous ne le faites , il vous détruira vous-même , parce qu'il a toujours ce nom de liberté pour refuge [...]
L'on peut dire , en politique , ce que les médecins disent de la phtisie , que c'est un mal , dans les commencements , bien aisé à guérir et malaisé à connaître ; mais que si on lui laisse prendre racine sans s'appliquer à la traiter , elle devient dans la suite très aisée à connaître et très malaisée à guérir .
Le prince qui en rend un autre puissant travaille à sa propre ruine; car cette puissance est produite ou par l'adresse ou par la force: or l'une et l'autre de ces deux causes rendent quiconque les emploie suspect à celui pour qui elles sont employées.
Ils ne goûtèrent jamais ces paroles que l’on entend sans cesse sortir de la bouche des sages de nos jours : jouis du bénéfice du temps ; ils préfèrent celui de la valeur et de la prudence ; car le temps chasse également toute chose devant lui, et il apporte à sa suite le bien comme le mal, le mal comme le bien.
"...il y a une première source de changement dans une difficulté naturelle inhérente a toute les principautés nouvelles : c'est que les hommes aiment a changer de maître dans l'espoir d’améliorer leur sort;que cette espérance leur met les armes a la main contre le gouvernement actuel , mais qu'ensuite l’expérience leur fait voir qu ils se sont trompés et qu ils n'ont fait qu'empirer leur situation: conséquence inévitable d'une autre nécessité naturelle ou se trouve ordinairement le nouveau prince d'accabler ses sujets , et par l'entretient de ses armées , et par une infinité d'autres charges qu’entraînent a leur suite les nouvelles conquêtes .- le Prince - chapitre 3 - Nicolas Machiavel
Et jamais un prince n'a manqué d'excuses légitimes pour colorer son manque de parole; on pourrait en alléguer d'infinis exemples du temps présent, montrant combien de paix, de promesses ont été faites en vain et réduites à néant par l(infidélité des princes et que celui qui a mieux su faire le renard s'en est toujours le mieux trouvé.Mais il faut savoir bien colorer cette nature être grand simulateur et dissimulateur ; et les hommes sont si simples et obéissants si bien aux nécessités présentes , que celui qui trompe trouvera toujours quelqu'un qui se laissera tromper
Chacun voit donc ce que vous paraissez être, mais très peu de personnes aperçoivent ce que vous êtes.