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Marie Avenel (Traducteur)Michel Meyer (Préfacier, etc.)Patrizia Gasparini (Traducteur)
EAN : 9782253085775
220 pages
Le Livre de Poche (14/02/2007)
3.78/5   16 notes
Résumé :
"Un amant qui se désole, un maître peu rusé, un moine mal morigéné, un parasite, enfant gâté de la malice, voilà pour aujourd'hui votre passe-temps" : c'est ainsi que Machiavel décrit les protagonistes de La Mandragore dans le prologue. Car la pièce est l'histoire d'une tromperie jouée à un maître florentin qui se croit très malin et qui, sans s'en rendre compte, se laisse entraîner dans une histoire extravagante afin que sa femme tombe enceinte... Le rythme de la p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Machiavel est surtout considéré comme un penseur du politique, mais son oeuvre comprend des écrits appartenant à d'autres genres, la poésie, et aussi des pièces de théâtre, qui ont été des oeuvres importantes dans l'évolution du théâtre à la Renaissance.

La Renaissance italienne retrouve les auteurs dramatiques antiques : les éditions de Plaute et Térence se multiplient à partir des années 1450, des représentations des pièces antiques sont données. En parallèle se développe une création de comédies humanistes, d'abord plus destinées à la lecture qu'à la représentation. A la fin du XVe siècle et au début du XVI, des adaptations des pièces classiques sont jouées, ainsi que des pièces originales ; un public de plus en plus sensible aux qualités dramatiques de spectacles apparaît.

Les premières comédies importantes du début du XVIe siècle sont celles de l'Arioste, de Bibibiena, de l'Arétin. Les comédies de Machiavel en font aussi partie. Les tragédies vont apparaître dans un deuxième temps, la première d'entre elles étant La Sofonisba de Gian Giorgio Trissino publiée en 1524. Il s'agit de pièces écrites par des lettrés, en destination d'un public cultivé de courtisans et de bourgeois.

Ces pièces italiennes vont connaître un retentissement au-delà des frontières de l'Italie, elles seront diffusées, jouées, traduites, puis imitées par des auteurs d'autres pays, en particulier en France par les auteurs de la Pléiade à partir du milieu du XVIe siècle.

La Mandragore est la première pièce écrite par Machiavel, en 1518. C'est la période qui suit le retour des Médicis à Florence, Machiavel a été mis à l'écart des affaires publiques, dans une inactivité qui lui pèse, dans une sorte d'exil à Sant'Adrea.

Dans le prologue de la pièce, il écrit :
« et si ce sujet vous semblait trop frivole et peu digne d'un homme qui veut paraître sage et grave, excusez-le, dans la pensée qu'il s'étudie à rendre plus doux, par ces vaines imaginations, ses jours de douleur ; car il ne sait pas où tourner ses regards ; on lui interdit de montrer dans d'autres travaux un autre talent, et il n'est point de récompense pour ses peines perdues »

Un jeune homme, Callimaco, récemment de retour de Paris, s'est pris d'un violent désir pour Lucrezia, la femme d'un riche docteur (semble-t-il un juriste), Messire Nicia. Mais sa belle est vertueuse et ne donne pas vraiment d'occasion de la courtiser. Callimaco se fait conseiller un stratagème par Ligurio, une sorte de parasite vivant d'expédients. Lucrezia et Messire Nicia n'ayant pas et voulant des enfants, Ligurio va lui vanter les compétences médicales de Callimaco, prétendument acquises à Paris. Une potion va être prescrite, contenant la Mandragore du titre. Mais c'est une potion dangereuse : le premier homme qui aura des relations avec Lucrezia mourra. Il faudra donc trouver un pauvre hère qui trépassera peu de temps après la nuit passée auprès de la jeune femme, Callimaco compte se déguiser pour tenir le rôle, bernant le mari idiot. Quelques résistances venant de Lucrezia, Callimaco et Ligurio, moyennant finances, circonviennent son confesseur qui finit par vaincre les dernières oppositions.

Une intrigue assez immorale, qui évoque pour moi les récits du Décaméron, avec les histoires d'amour extra-conjugal, le moine corruptible etc. Une Renaissance haute en couleur, par certains aspects pas si éloignée de la farce médiévale. Même si les moeurs vont devenir plus policées (et le mariage l'objectif final), nous avons un schéma typique de comédie, que le théâtre français va prendre comme modèle : un jeune homme à la conquête de sa belle, aidé par un auxiliaire (qui va surtout être un valet) ridiculisant un personnage plus âgé qui veut l'empêcher d'arriver à ses fins. La jeune femme ne jouant pratiquement aucun rôle dans l'affaire, étant plus un objet passif, et n'apparaissant que peu dans la pièce.

La pièce évoque quelques aspects d'actualité : Callimaco s'est réfugié en France pour fuir les guerres et agitations de son pays, comme un certain nombre de ses compatriotes à l'époque, par exemple. Il y a également une grande liberté dans les sujets évoqués, il est par exemple à un moment donné, question de provoquer un avortement. L'ironie, y compris en ce qui concerne les religieux et la religion, est très présente.

La pièce est une étape importante dans l'évolution du théâtre en Europe, et reste agréable à lire.
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Lu en italien: Une oeuvre que je voulais lire depuis quelques temps, et je ne regrette pas ce choix! L'ironie de Machiavel sur les différents types de personnages (l'amoureux, le prêtre, le valet, etc.) m'a fait sourire plus d'une fois et, bien que pas toujours facile à comprendre (quand l'italien n'est pas sa langue natale), le style est très agréable à lire. Cette comédie, avec une histoire assez simple et "classique", fait rire, mais aussi réfléchir: sur les personnages ou sur le bien et le mal, etc.
J'aimerais voir cette pièce sur scène, en italien ou en français.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il est beaucoup de choses qui de loin paraissent terribles, insupportables, sans exemple, et lorsque ensuite vous les examinez de près, vous les trouvez praticables, faciles et nullement étranges.
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Fait-il jour, fait-il nuit ? Rêvé-je ou suis-je éveillé ? Suis-je saoûl, encore que je n'aie rien bu aujourd'hui, pour me prêter à toutes ces sornettes ?
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Je ris et mon rire ne passe pas dedans
Je brûle et ma brûlure n'apparaît pas au dehors
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Vidéo de Nicolas Machiavel
Émission “Une vie une oeuvre” dirigée par Martin Quenehen. “Nicolas Machiavel, storico, comico e tragico” : première diffusion sur France Culture le 10 avril 2008 (rediffusée le 31 janvier 2015). L'auteur du “Prince” n'est pas le cynique que dépeint sa légende noire. Il fut plutôt un homme libre et un fervent républicain, au sourire en biais... Peinture : Cristofano Dell'altissimo, “Portrait de Nicholas Machiavel”. Par Simone Douek. Réalisation : Dominique Costa. Attachée de production : Claire Poinsignon. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque centrale de Radio France. 1ère diffusion : 10/04/2008. “Historien, comique et tragique” : c'est ainsi que se désigne lui-même Machiavel, en signant une lettre adressée à son ami Guichardin à propos des événements de 1525, et des temps troublés où Charles Quint assure sa mainmise sur la péninsule italienne. Historien, il n'a cessé de l'être, depuis les années où, nommé secrétaire à la chancellerie florentine, il effectue des missions diplomatiques à l'extérieur : il scrute alors la vie politique de Florence et des pays où il se rend, il l'analyse, il l'écrit, éclairé par la lecture des Anciens. Et ce, jusqu'à la fin de sa vie, puisque toute son œuvre est générée par ses activités politiques qui suscitent chez lui discours, commentaires, réflexions, pour aboutir à ce dernier grand texte, commandé par Jules de Médicis devenu le pape Clément VII, que sont les Histoires florentines où il traite de l'histoire toute contemporaine de Florence. Comique, celui qui écrit aussi des pièces de théâtre dont la plus connue, “La Mandragore”, retrouve, à travers le rire et les personnages créés, des échos de la politique et de la vie publique dont il ne peut jamais vraiment s'éloigner. Tragique, comme sa description de la réalité des hommes, comme le destin et les qualités qu'il prête au Prince, qui “ne peut fuir le renom d'être cruel”. Et ce froid réalisme politique a engendré le mot “machiavélique”, quand il faudrait plutôt expliquer ce que “machiavélien” veut dire. Avec : Corrado Vivanti, auteur de “Machiavel ou les temps de la politique” (éd. Desjonquères) Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini, traducteurs du “De principatibus, Le Prince” (éd. PUF) Françoise Decroisette, professeur de littérature italienne, spécialiste du théâtre italien, traductrice Myriam Revault d'Allonnes, professeur des universités à l'EPHE, auteur de “Doit-on moraliser la politique ?” (éd. Bayard)
Thème(s) : Arts & Spectacles| Politique| Renaissance| Nicolas Machiavel
Source : France Culture
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